?> Au Diable, les smartphones ?
Au Diable, les smartphones ?

Banc Public n° 253 , Janvier 2017 , Catherine Van Nypelseer



Jean-Claude Larchet, théologien orthodoxe et philosophe français, vient de publier un essai intitulé «Malades des nouveaux médias»(1). Il sâ??agit dâ??un plaidoyer à charge, très critique, prenant le contrepied de la tendance dominante valorisant à outrance les nouvelles technologies et leur utilisation dans la vie quotidienne. Le point de vue choisi est celui des maladies â?? personnelles ou sociales â?? que provoquent lâ??utilisation des nouveaux appareils, de la télévision au smartphone en passant par les ordinateurs ou les jeux vidéo.


 

 

 

 

Pour cet auteur, lâ??utilisation des nouveaux médias modifie en profondeur le fonctionnement intellectuel et donc fait évoluer la structure cérébrale et, par conséquent, la nature même de lâ??être humain.

 

Les premiers chapitres de lâ??ouvrage sont consacrés à lâ??analyse des effets négatifs des nouveaux médias sur les personnes et les sociétés, tandis que le dernier traite des moyens de limiter ces perturbations par une utilisation raisonnée.

 

Définitions

 

De quoi parle-t-on dans cet ouvrage ? Un médium est un moyen, un intermédiaire. «Le pluriel, médias, sert depuis longtemps à désigner les grands moyens de transmission de lâ??information : la presse écrite, la radio, la télévision. Lâ??expression â??â??nouveaux médiasâ??â?? désigne quant à elle les moyens de communication les plus récents, utilisant les techniques numériques développées grâce à lâ??informatique» (p.11).

 

Il sâ??agit «des ordinateurs connectés et de leurs dérivés simplifiés (tablettesâ?¦) ainsi que des smartphones qui conjuguent les avantages de ces derniers avec ceux des téléphones portables, des appareils photo et des baladeurs (â?¦). Comme tous ces moyens impliquent un écran, on utilise parfois lâ??expression â??â??les écransâ??â?? pour les désigner globalement, ce qui permet dâ??y inclure aussi la télévision», qui sâ??en approche par certains côtés.

 

Excès

 

Lâ??ouvrage fort sérieux de Jean-Claude Larchet nous a néanmoins fait éclater de rire lorsquâ??il aborde les perturbations causées par les nouveaux médias dans la vie religieuse et monastique : «Il nâ??est pas rare de voir les fidèles, les moines, voire les célébrants eux-mêmes consulter leurs smartphones au cours des offices, lâ??urgence potentielle et le devoir dâ??être au service du prochain constituant par avance de bonnes excuses». «Chez certains ermites devenus dépendants, le temps des offices se trouve souvent gravement amputé.» (p.291)

 

Un autre argument interpellant à lâ??appui de sa critique est le fait que les dirigeants des grandes entreprises développant et promouvant les nouveaux médias écartent ou limitent sévèrement les nouveaux appareils de leur propre vie familiale:

 

«Sans doute parce quâ??ils sont les plus conscients des effets négatifs des nouveaux médias, ce sont leurs concepteurs qui sont les plus empressés à en protéger leurs enfants.» (p.283)

 

A ce propos, il mentionne lâ??existence dâ??une école qui «a la particularité rare dâ??être une école non connectée» située «au cÅ?ur de la Silicon Valley» (la Waldorf school of the Peninsula, à Los Altos en Californie) : «Les trois quarts de ses élèves ont des parents qui travaillent pour les grandes entreprises :umériques installées dans la région : Google, Apple, Yahoo, Hewlet-Packardâ?¦ ». Selon lui, «Ces employés occupés à développer le numérique et à le promouvoir dans toutes les couches de la population apprécient particulièrement le fait que cette école préserve totalement leur progéniture des ordinateurs, tablettes et smartphones jusquâ??à la classe de quatrième.» (p.284)

 

Ces enfants sont également ainsi protégés à la maison, comme lâ??a révélé un retentissant

article du New York Times, traduit dans le Courrier international du 7 janvier 2015, dans lequel on avait appris que les enfants de Steve Jobs nâ??avaient pas le droit de se servir de lâ??iPad que sa firme Apple venait de lancer sur le marché: au détour dâ??une interview, le journaliste Nick Bilton avait suggéré à la superstar des nouvelles technologies que ses enfants devaient adorer le nouvel appareil ; il avait été stupéfait de sa réponse: «Ils ne sâ??en sont pas servi. Nous limitons lâ??utilisation de la technologie par les enfants à la maison».

 

Le journaliste avait ensuite rencontré «un certain nombre de PDG de la Silicon Valley» qui lui avaient «tenu le même discours. Ils limitent strictement le temps dâ??écran de leurs enfants, interdisant souvent les gadgets électroniques les veilles dâ??école et fixant des limites très strictes les week-ends».

Pour le journaliste américain, «ces PDG ont lâ??air de savoir quelque chose que le commun des mortels ignore» parce que «la plupart des parents (â?¦) semblent adopter la stratégie inverse» et «laissent leurs enfants se plonger nuit et jour dans la lueur des tablettes, des smartphones et des ordinateurs» (cit. pp.284-286).

 

Dépendance

 

Un des aspects importants de la critique de Jean-Claude Larchet sur lâ??utilisation des nouveaux médias est donc la dépendance quâ??ils provoquent. Ce que Pascal appelait «divertissement», du latin divertere, lâ??activité que lâ??homme déploie pour se détourner de lui-même, génère chez «lâ??homme moderne» un besoin de «connexion et de communication permanente» qui «prend la forme dâ??une addiction, semblable aux addictions classiques dont le but fondamental est aussi de sâ??évader» (p.105).

 

«La connexion et la communication médiatiques sont devenues (â?¦) une seconde nature, à tel point que pour beaucoup de nos contemporains lâ??existence est devenue inimaginable sans elles. Vivre sans télévision, sans ordinateur, sans tablette ou sans smartphone est devenu pour beaucoup comme vivre sans se nourrir ou sans respirer, et les articles se multiplient dâ??individus connectés qui relatent une période où ils ont vécu sans ces appareils comme sâ??il sâ??agissait dâ??un exploit héroïque.» (p.106)

 

Certains éprouvent le besoin de «consulter frénétiquement» leur boîte mail ou la messagerie de leur smartphone pour sâ??assurer quâ??aucun nouveau SMS nâ??y est arrivé, ou encore contrôlent «en permanence le nombre de [leurs] â??likeâ?? sur Facebook ou de leurs â??followersâ?? sur Twitter pour être rassuré[s] quant à [leur] existence même et [leur] propre valeur aux yeux des autres».

 

Narcissisme

 

Sous lâ??intertitre «La représentation de lâ??image de soi plus importante que la réalité de soi», Jean-Claude Larchet rappelle que «Dans les sociétés traditionnelles, la personne était peu valorisée socialement, soit que la communauté ou la collectivité lâ??efface en prenant le pas sur elle, soit que des valeurs éthiques particulières (comme la modestie, ou lâ??humilité dans le christianisme) lâ??invitent à sâ??effacer. Les personnes valorisées ont pendant des siècles été des héros ou des créateurs (â?¦)».

 

«Les nouveaux médias permettent à chacun non seulement de se photographier, de se filmer ou de sâ??enregistrer soi-même, mais dâ??arranger au moyen de divers logiciels les diverses représentations de soi, et de les poster sur les réseaux sociaux (â?¦). Pour se distinguer des autres, tous les comportements sont bons, notamment les plus marginaux, les plus excentriques, les plus extrêmes, les plus dangereux.» (p.193)

 

Dispersion intellectuelle

 

Un chapitre entier (XII, pp.213-242) est consacré à «La diminution des compétences intellectuelles».

 

Le facteur mentionné en premier à lâ??appui de cette thèse est le «caractère chronophage» des nouveaux médias qui «amputent considérablement (de 28 à 36% selon une étude récente) le temps dû aux apprentissages (leçons et devoirs)» (p. 214).

Vient ensuite la fatigue quâ??ils provoquent, soit par la dépense dâ??énergie quâ??ils requièrent, soit en «réduisant la durée et la qualité du sommeil».

Ils entraînent en outre une «réduction de la capacité dâ??attention et de concentration», «au point que de plus en plus dâ??enfants et dâ??adolescents se montrent incapables de se fixer plus de quelques minutes sur un exposé oral ou un texte écrit».

Jean-Claude Larchet affirme encore quâ??ils sont la cause dâ??une «diminution des compétences linguistiques», et incrimine également une «absence de stimulation à la réflexion» à laquelle ils laissent peu de temps vu le flux continu dâ??interruptions et de tentations auquel leurs utilisateurs sont soumis; il mentionne encore «lâ??isolement» des élèves utilisateurs de nouveaux médias par rapport aux «acteurs principaux de lâ??éducation» que sont les parents et les enseignants.

 

«Dâ??une manière générale», estime-t-il, «les nouveaux médias, parce quâ??ils sont eux-mêmes porteurs de lâ??activité, ont plongé les enfants dans un état de passivité et de léthargie intellectuelle (â?¦) et de consommation de plaisirs audiovisuels faciles, à lâ??opposé de la discipline, du sens de lâ??effort, de la patience, de la persévérance, et des sacrifices quâ??implique tout apprentissage sérieux dans quelque domaine que ce soit». Câ??est de «cette passivité et cette léthargie devant les écrans» que résultent «une impulsivité et une hyperactivité désordonnée et confuse en dehors dâ??eux, câ??est-à-dire dans le cadre familial normal et dans le cadre scolaire» quâ??elles perturbent lourdement (p.215).

 

Relations virtuelles

 

Un chapitre important (VI, pp.103-130) est consacré à la «Destruction des relations interpersonnelles».

 

Après avoir rappelé lâ??affirmation de Marshall Mac Luhan selon laquelle «les médias modernes ont fait du monde un village», qui lui paraît «pertinente dâ??un certain point de vue» puisque ceux-ci permettent de mettre en communication instantanément des personnes situées à (presque) nâ??importe quel endroit de la planète, ainsi que de faire connaître à lâ??ensemble de ses habitants les événements quasiment au moment où ils se produisent, il se livre à une critique détaillée de la qualité des relations ainsi établies.

 

Les nouveaux médias comme Internet, les espaces de discussion, Facebook, Twitter permettent en effet «à des gens éloignés de se rencontrer, de former des groupes comme dans les associations dâ??un village (â?¦) et dâ??échanger comme sâ??ils étaient proches» ,mais les relations ainsi établies ne sont pas équivalentes à celles qui se forment entre des personnes qui se rencontrent physiquement.

 

Pour Jean-Claude Larchet, «il manque à ces rencontres et à ces discussions le poids et la richesse du réel» car «les visages et les corps â?? avec toute la densité et la variété de nuances et dâ??affects quâ??ils apportent à la communication â?? sont le plus souvent absents. Les personnes sont en relation permanente, mais en même temps chacune est rivée à son écran et séparée des autres personnes concrètes, y compris lorsquâ??elles sont à proximité immédiate».

 

Câ??est évidemment exact, mais nous voudrions objecter que les communications permises par les nouveaux médias nâ??empêchent pas la continuation des autres formes de relation. Il nâ??est pas toujours utile ou agréable de se confronter physiquement à une personne comme un fonctionnaire communal ou une préposée dâ??un bureau de poste pour une opération administrative standard pour laquelle ce contact en face à face nâ??apporte rien mis à part lâ??énervement de part et dâ??autre après une longue attenteâ?¦

 

En fait, lâ??auteur de «Malades des nouveaux médias» dénonce une tendance à remplacer tout contact humain réel par des relations virtuelles, qui nâ??est mise en Å?uvre que par une partie des utilisateurs des nouveaux médias, les autres les utilisant en parallèle avec les autres formes de relations humaines.

 

Des cas extrêmes comme des personnes handicapées immobilisées chez elles peuvent établir grâce aux nouvelles technologies des relations bien plus riches culturellement que si elles doivent se limiter aux contacts humains de base avec lâ??infirmier qui vient les laver, leur médecin ou la personne qui vient leur apporter leurs repas.

 

Nouvelles technologies imposées

 

Mais, comme on le verra dans le dernier chapitre intitulé «Thérapies et prophylaxies», ce philosophe et théologien ne préconise pas le rejet des nouvelles technologies, mais plutôt leur utilisation raisonnée et limitée.

 

Ce quâ??il dénonce notamment, câ??est le matraquage publicitaire de groupes puissants économiquement qui poussent à la consommation effrénée de nouveaux appareils rapidement rendus obsolètes, en présentant les â??malheureuxâ?? qui en sont dépourvus comme des infirmes numériques handicapés dans toute leur vie sociale, économique, amoureuse, amicale...

 

Les Etats sont pour lui les deuxièmes sources de â??numérisationâ?? de la société , car ils rendent les nouveaux médias «indispensables pour certaines opérations administratives», en introduisent «lâ??usage dans les pratiques scolaires dès le plus jeune âge», et «considèrent comme un devoir moral de réduire la â??â??fracture numériqueâ??â??(â?¦), câ??est-à-dire la division et lâ??inégalité supposée entre deux catégories de citoyens : celle, considérée comme supérieure qui a accès aux médias et celle considérée comme inférieure qui nâ??y a pas accès».(p.13)

 

Modification de la vie humaine

 

Pour Jean-Claude Larchet, «Aucune autre technique nâ??a engagé notre activité journalière sur dâ??aussi longues durées, nâ??a autant sollicité notre attention et notre intervention de manière aussi constante, nâ??a autant transformé nos conditions et notre mode de travail, nâ??a autant envahi notre vie privée, familiale et personnelle, nâ??a autant pénétré à lâ??intérieur de notre vie psychique» (p.7).

 

Il cite Nicolas Carr, pour qui «le Net pourrait bien être la technologie la plus puissante modifiant lâ??esprit qui soit jamais parvenue à être utilisée partout. A tout le moins, câ??est la plus puissante qui soit apparue depuis le livre» (p.31).

 

Il fait en outre remarquer que «lâ??impact des médias ne se limite pas à la vie psychique ou intellectuelle des individus, mais affecte les modes de vie et de pensée de la société tout entière».

 

Formules de politesse

 

A plusieurs reprises dans son ouvrage, notamment dans le chapitre consacré à «La destruction des relations interpersonnelles», Jean-Claude Larchet revient sur lâ??appauvrissement des relations humaines que représente selon lui la suppression des formules de politesse dans les courriers électroniques (emails ou courriels) et les SMS par rapport aux lettres traditionnelles.

 

Si lâ??on peut être dâ??accord avec lui sur le regrettable caractère quasiment comminatoire de certains messages textuels électroniques, comme ceux que des chefs hiérarchiques débordés se permettent dâ??envoyer à leurs subordonnés pour des tâches qui leur paraissent urgentes, on se réjouit au contraire de la limitation généralisée des formules de politesse à leur plus simple expression standardisée.

 

En effet, toutes les nuances et les subtilités dans le choix des formules de politesse épistolaires faisaient souvent hésiter et perdre beaucoup de temps lors de lâ??envoi dâ??une missive importante, par peur de commettre un impair. Les contacts écrits moins formels et plus directs, les relations moins imprégnées de subtilités de castes revalorisent à notre avis la transmission dâ??information par les personnes qui agissent, au détriment des courtisans parasitaires.

 

Hésychia

 

Comme nous lâ??avons mentionné dans lâ??introduction, lâ??auteur du livre présenté dans cet article est également un théologien de la religion orthodoxe, le christianisme oriental. En cette qualité, il présente lâ??intéressante notion dâ??hésychia : il sâ??agit dâ??un «mode de vie qui implique solitude, silence extérieur et calme intérieur», trois éléments indispensables à la vie spirituelle et à la prière. Câ??est aussi «un état de stabilité intérieure qui est à la fois un prérequis de la prière et un effet de celle-ci».

 

Pour lui, les nouveaux médias sont des destructeurs de lâ??hésychia, à cause de leurs «sollicitations permanentes» «qui se manifestent par des signaux visuels ou sonores divers» «et lâ??habitude quâ??ont la plupart des hommes connectés dâ??y répondre immédiatement» (pp.263-264).

 

Pour Jean-Claude Larchet, «leur utilisation résulte souvent dâ??une inquiétude quâ??ils accroissent en retour, ou dâ??une insatisfaction que leur utilisateur cherche à combler dans une quête incessante de nouveauté. Ils entraînent toutes les facultés de lâ??âme dans un flux constant, rapide, désordonné et décousu ».

 

Pathologies psychiques

 

Le chapitre XI de lâ??ouvrage, intitulé «Pathologies psychiques» (pp.185-211), récapitule la pensée de lâ??auteur sur le sujet qui donne son titre à lâ??ouvrage. En voici les éléments principaux.

 

Pour lui, lâ??usage actuel des nouveaux médias relève pour une part de la psychopathologie, soit névrotique, «obsessions, angoisse, comportements compulsifs, problèmes relationnelsâ?¦ », soit psychotique, «vie dans un monde virtuel parallèle au monde réel, (â?¦), autismeâ?¦Â» (p.185)

 

A lâ??appui de cette thèse, il mentionne en premier «lâ??usage obsessionnel et compulsif (câ??est-à-dire à la fois fréquent, répété, impulsif et irrépressible) de certains médias, en particulier le smartphone et lâ??ordinateur (â?¦)».

 

En deuxième position, il place «lâ??hyperconnectivité», «le fait dâ??être connecté en permanence à un ou plusieurs médias de manière à pouvoir être en contact», qui a «comme fonction essentielle de conjurer lâ??angoisse liée à la solitude (le sentiment dâ??être isolé)» (p.186).

 

Troisièmement, il estime que pour certains adolescents le portable a pris la place du â??doudouâ??, lorsquâ??ils «le gardent la nuit auprès dâ??eux», le tiennent près de leur corps «pour le sentir vibrer», et le consultent dès quâ??ils ont un moment, même «clandestinement pendant les cours» (p.187).

 

Quatrièmement, les nouveaux médias font vivre selon lui leurs utilisateurs dans un monde virtuel et déforment leur vision du monde.

 

Cinquièmement, ils survalorisent la représentation sociale et «lâ??image de soi» par rapport à «la réalité de soi» (p.192).

 

Sixièmement, ils donnent trop de place aux relations dans la conscience que la personne a de sa propre identité et sont «dans une certaine mesure dangereux pour la personnalité, qui à force dâ??être avec autrui nâ??a plus la possibilité dâ??être avec elle-même» (p.195).

 

Septièmement, il incrimine «les effets nocifs de la transparence» et de «lâ??exposition de soi» qui sont «encouragées par les médias â?? en particulier la télévision â?? dont elles augmentent lâ??audience grâce à un public à la fois voyeur et envieux de tenir la place de ceux à qui lâ??exposition impudique de leur vie privée (â?¦) assure un succès sans quâ??il soit besoin de qualités, de mérites ou dâ??efforts particuliers» (p.196).

 

Huitièmement, il regrette «lâ??appauvrissement de la vie intérieure» de lâ??homo connecticus, «devenu incapable dâ??assumer les temps morts, les temps de silence et dâ??inactivité (â?¦) pour se consacrer à la réflexion et à la prière» (p.197).

 

Neuvièmement, il mentionne que, pour certains analystes, «les nouveaux médias ont augmenté les émotions chez leurs utilisateurs, mais en revanche diminué lâ??affection, en particulier leur capacité dâ??empathie et de compassion» (p.199). Les médias «servant à la communication engendrent, par leur caractère abstrait, ou par la moindre présence et la moindre réalité des communicants (réduits à leur image, à leur voix ou à leur écrit), une forte déperdition affective au sein des relations» (p.200).

 

Dixièmement, on lâ??a vu, les nouveaux médias, forment «un terrain propice au narcissisme» (p. 202).

 

Onzièmement, «hyperfatigue, burn-out et dépression» sont favorisées par lâ??«hypercommunication», lâ??«hypersollicitation» et lâ??«hyperactivité» (p.204).

 

Douzièmement, il rappelle les phénomènes dâ??addiction que les nouveaux médias peuvent engendrer.

 

En conclusion de ce chapitre consacré aux pathologies psychiques liées à lâ??utilisation des nouveaux médias, il estime que lâ??espace de liberté («communiquer immédiatement et en permanence avec le monde entier», qui semble «abolir» les limites de lâ??espace et du temps) prétendument offert par ceux-ci nâ??est quâ??illusoire, car leur effet réel est «de restreindre la liberté des personnes à divers niveaux : politique (par la surveillance et la propagande quâ??ils permettent) économique et professionnel (par la surveillance et lâ??exploitation des travailleurs quâ??ils favorisent) social (par lâ??abolition de la frontière entre vie publique et vie privée quâ??ils réalisent)» (p.210).

 

Conclusion

 

Le dernier livre de Jean-Claude Larchet invite salutairement à la réflexion sur le bon usage des nouvelles technologies, et à la critique des excès quâ??elles permettent ou provoquent. Il va à contre-courant du discours dominant selon lequel leur apport serait nécessairement positif pour les êtres humains et leurs sociétés.

 

 

 

 

 

Catherine Van Nypelseer

     
 

Biblio, sources...

(1) "Malades des nouveaux médias"

Par Jean-Claude Larchet

Les éditions du Cerf

Publié en novembre 2016

323p; 24 €

 

 
     

     
 
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