La première, c'est faire tampon financièrement pour maintenir hors de l'eau la partie la plus fragile de la population qui vote (ceux du dessous peuvent mourir dans les rues tant qu'ils sont suffisamment discrets, sans quoi on les chasse des villes, comme à New York). Maintenir des allocations, des services sociaux, des services publics sans trop faire payer les entreprises qui pourraient déménager ou disparaître dans le système compétitif international.
Et donc les États dépensent plus de ressources qu'ils n'en perçoivent. Ils doivent emprunter pour combler ce déficit et se retrouvent, comme tout citoyen endetté, dans les mains de leurs banquiers qui fixent les règles, et les taux usuraires.
La seconde, c'est de faire jouer la matraque contre ceux qui pourraient se révolter, surtout dans les quartiers où l'on vote peu. On utilise alors un système de culpabilisation pour justifier une violence légitime. On joue du discours sur l'insécurité, on désigne des coupables, les boucs émissaires.
La troisième, c'est de diviser ceux qui pourraient comprendre qu'ils partagent les mêmes intérêts (par exemple, en France, exclure de la révision du système de retraites les agents RATP qui sont en position de bloquer la capitale pendant les grèves, ou, en Espagne, utiliser l'état d'urgence contre les aiguilleurs du ciel en grève en laissant la presse dénoncer ces privilégiés qui prennent en otage et qui risquent donc maintenant la prison). On peut aussi à cette fin utiliser une catégorie visible comme les Roms qui vont concentrer un instant tous les regards et servir d'exutoire en détournant l'attention pendant quelques semaines.
Pour Patrick Jean, il va arriver un moment où ces trois leviers ne suffiront plus. Les États non seulement ne pourront plus emprunter, mais auront même des difficultés à rembourser leurs dettes. Restera l'outil sécuritaire et la possibilité de diviser la population, mais tout cela risque bien de provoquer violence et répression accrues.