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CIRCULATION

Banc Public n° 139 , Avril 2005 , Catherine VAN NYPELSEER



Le champ politique belge manque d'un outil permettant aux citoyens de mettre en oeuvre leurs aspirations à améliorer leur cadre de vie et la gestion de la cité dans le sens d'une correction des graves dysfonctionnements et aberrations constatés. Deux aspects importants qui concernent chacun dans sa vie quotidienne seront abordés ici.


La pollution par les véhicules Diesel

La Région bruxelloise souhaite offrir un cadre de vie attrayant à ses habitants en vue d'en augmenter le nombre - ou d'en freiner ladiminution ; ceux-ci, via notamment l'impôt sur le revenu, représentent une source de financement indispensable pour une grande ville assumant de multiples obligations de capitale.
Comment est-il possible, si l'on tient compte en outre des graves problèmes de pollution constatés, qui ont provoqué au début des vacances de Pâques - fin mars ! - des annonces dans les médias recommandant aux personnes sensibles (enfants, personnes âgées, personnes souffrant de maladies respiratoires) de s'abstenir de tout effort physique important à l'extérieur, que l'on tolère la circulation de véhicules qui dégagent des nuages de fumée noire mapifestement en contravention avec toute législation imaginable.

Que l'on se trouve en voiture à suivre un tel véhicule - il vaut mieux couper au plus vite la ventilation, dont la prise d'air se trouve généralement sur le capot avant - en vélo (où les efforts physiques sont importants en côte),, simple piéton, ou dans un rez-de­chaussée que l'on souhaite pouvoir aérer, on en est directement incommodé; quand on pense aux problèmes de pollution importants auxquels doit faire face la Région bruxelloise, cette tolérance est incompréhensible.
Le plus étonnant, c'est que l'on apprend régulièrement par les médias que les gouvernements envisagent des mesures extrémistes lors des pics de pollution causés par les grandes chaleurs, comme interdire la circulation des véhicules un jour sur deux en alternance selon la plaque minéralogique.
La technologie existe qui permet d'équiper les moteurs Diesel de filtres qui en font des véhicules moins polluants que les véhicules à essence. Seuls les modèles de grosse cylindrée en sont actuellement équipés ; selon les processus industriels habituels, le prix de ces dispositifs va baisser, et ils vont progressivement équiper tous les véhicules neufs.


Ce sera peine perdue si l'on continue à laisser circuler des poubelles roulantes comme cesvieilles camionnettes blanches - à la Dutroux - ou de gros bacs aux amortisseurs enfoncés dont on voit directement, sans qu'aucun examen approfondi ne soit nécessaire, qu'ils ne passeraient pas le contrôle technique.
L'argument qui a été invoqué ilyaquelques années, lorsque le parti Ecolo, alors au gouvernement fédéral, envisageait des mesures d'interdiction des véhicules Diesel trop anciens, à savoir l'impact social négatif d'une telle mesure, est particulièrement choquant, puisqu'il fait fi de la santé et de la qualité de vie de tous les autres usagers de la voie publique ainsi que de l'ensemble des habitants des villes, qui subissent les désagréments liés à leur pollution.

La circulation des camions

Alors que des efforts considérables sont développés par les constructeurs de voitures particulières dans la prévention des blessures que celles-ci risquent d'occasionner lors de collisions avec des piétons - notamment en ce qui concerne les matériaux utilisés pour la carrosserie avant, ainsi que la disposition des éléments sous le capot (moteur, batterie, etc.) de manière à éviter que des pièces dures se trouvent aux endroits d'impact habituel lorsqu'un piéton se fait renverser - personne ne semble se préoccuper de limiter les dangers que représentent les camions.

La fréquentation des autoroutes oblige à côtoyer de véritables monstres routiers : pare-chocs en métal à hauteur de la tête ou du torse des passagers avant, plateformes en métal et bois aux arrêtes rectangulaires brinqueballant joyeusement à hauteur d'épaule des automobilistes, plateaux munis de pics métalliques verticaux, camions tranporteurs de voitures dont les rampes d'accès métalliques rasent le sol...
En cas d'accident, la disproportion entre le poids de ces mastodontes et celui des
voitures particulières est telle que celles-ci peuvent être totalement écrasées, sans que les mécanismes de sécurité (airbags, conception des chassis et des carrosseries) ne soient dans ce cas d'une quelconque utilité.


Les chauffeurs ne se comportent pas tous de façon responsable: déboitements intempestifs, inattention aux usagers faibles que représentent par rapport à eux les automobilistes, circulation en file indienne ne laissant pas les autres usagers s'intercaler via les rampes d'accès, dépassement en côte d'un camion par un autre roulant à une vitesse à peine supérieure et provoquant des bouchons qui surprennent les autres automobilistes, etc.
Le contraste entre l'attention dont bénéficie la sécurité des voitures particulières et les mastodontes hérissés de pièces métalliques parfois surréalistes ou chargés de containers pesant des dizaines de tonnes qui voyageraient facilement par chemin de fer est saisissant. Si l'on veut améliorer la sécurité routière et limiter les désastrueux embouteillages souvent provoqués par des accidents impliquant des poids lourds, il est nécessaire de limiter leur circulation, de mieux la contrôler, et d'élaborer puis d'imposer des normes de carrossage à l'exemple de ce qui sefait pour lesvéhicules particuliers à l'égard des usagers faibles.


Catherine VAN NYPELSEER

     
 

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