Elle proviendrait du "volontarisme courageux" du gouvernement de l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder, qui a réformé le marché du travail dans le sens d’une compression des salaires afin de favoriser les exportations des entreprises du pays. Cette analyse réductrice est simple à comprendre et donc à diffuser, mais c’est aussi une formidable machinerie à produire de l’austérité, du chômage et une longue dépression en Europe.
C'est que, pour vendre, il faut des clients en capacité d’acheter. Si partout en Europe, on coupe dans les salaires des clients grecs, espagnols ou belges du vendeur allemand, le modèle allemand prend du plomb dans l’aile, car s’engage alors une concurrence à la baisse sur les salaires entre les pays "partenaires" d’une même zone économique. Cette guerre de tous contre tous débouche sur le "cercle vicieux de l’austérit" : la baisse des salaires entraîne celle de la consommation et la contraction de l’activité économique, ce qui engendre une diminution des recettes fiscales pour l’État et, donc, un creusement des déficits et de la dette publique. Craignant un défaut de paiement, les banques exigeront alors des taux d’intérêt plus importants pour continuer à prêter à l’État. Privé de moyens, ce dernier devra, en bout de course, de nouveau compresser ses dépenses… Et un nouveau tour "austéritaire" s’engage.
Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI (Fonds monétaire international), a reconnu il y a peu l'inefficacité des politiques d’austérité menées, entre autres, par son organisation en Europe. Une note de la communication de la Commission européenne estimait que "s’il existe une relation entre coûts salariaux unitaires et performances à l’exportation, elle est faible et du second ordre par rapport à la dégradation de la balance commerciale, et donc les coûts salariaux ne peuvent en être la cause". L’offensive généralisée contre les salaires ne règlera ni le problème de la dette publique, ni celui du soi-disant "handicap compétitif" de certains pays européens. Malgré cela, les gouvernements européens continuent à comprimer la part revenant aux salariés dans la richesse créée en Europe. Et, pendant ce temps, le processus de financiarisation de nos économies et le gonflement des revenus du capital, sources de déstabilisation et de crises économiques, continuent.
IKEA, un modèle démontable
Dans leur livre « Ikea, un modèle démontable », les Belges Olivier Baily, Denis Lambert et Jean-Marc Caudron mettent le doigt dans la plaie : le géant de la décoration pourrait-il maintenir ses offres de prix bas dans les pays développés sans les conditions de travail misérable qui sont faites aux travailleurs de ses fabriques installées dans les pays du Sud ?
Derrière ses airs de sainte nitouche et d’entreprise la plus éthique et la plus environnementale, de symbole de la « responsabilité sociale corporative », IKEA occulte quelque peu les problèmes sociaux et économiques de ses travailleurs des pays du Sud.
Le fondement de la philosophie d'IKEA, c'est le prix bas. Les auteurs ont analysé si, avec les prix que IKEA paie à ses fournisseurs, il est possible de payer les travailleurs du Sud pour qu’ils puissent vivre décemment. Et les résultats montrent qu'il n’est pas possible pour les fournisseurs de respecter le code éthique d’IKEA, en tenant compte de leurs propres pratiques de commerce.
IKEA ne garantit pas le respect de son code d'éthique.. Sa structure de direction formée par une toile de fondations et de sociétés est très opaque. Dans les usines qui fournissent IKEA en Inde, au Bangladesh et au Vietnam, les femmes travaillent entre 80 et 90 heures chaque semaine et ne reçoivent pas un salaire qui leur permet de vivre avec dignité. Les conditions de vie sont très difficiles pour elles. Elles ne peuvent par exemple, manger de la viande plus de deux ou trois fois par mois. Elles sont payées le minimum légal : en Inde 37 euros par mois, au Bangladesh 11 euros, au Vietnam 43 euros. il n’y a pas de syndicats et, en cas de désaccord, elles perdent leur emploi.
Pourtant, les salaires ne représentent pas beaucoup du prix final d’un produit. Ils représentent beaucoup moins que la marge de bénéfice, et les auteurs estiment que l’on pourrait améliorer les salaires des travailleurs de ses fournisseurs sans changer le prix final des produits. Parce qu’ils ne paient pas assez (aux fournisseurs) pour qu’ils puissent respecter ce code. Nous ne disons pas qu’il suffirait seulement de payer plus, mais que cela serait une condition nécessaire pour ce respect.
Pour les auteurs, IKEA devrait garantir un salaire qui permettrait à ses travailleurs du Sud de dépasser le seuil de la pauvreté, et donc modifier ses pratiques de profit pour que les entreprises fournisseuses puissent respecter effectivement son code d'éthique, accepter et garantir la liberté d’association syndicale, accepter un contrôle indépendant et publier la liste de ses fournisseurs.
Nanoparticules et législation
Le marché mondial des nanomatériaux représente environ 20 milliards d’euros. Dix fois plus en considérant l’ensemble des produits basés sur les nanoparticules. Des secteurs aussi variés que le bâtiment, l’automobile, l’emballage, la chimie, l’environnement, l’énergie, la santé, la cosmétologie, l’alimentation… en bénéficient.
Mais le développement industriel des nanotechnologies s’est fait en dehors de tout contrôle de leur toxicité pour la santé et l’environnement. A tel point que l’Agence européenne de l’environnement range les nanotechnologies au rang des futurs scandales sanitaires : dans son étude intitulée « Signaux précoces, leçons tardives », elle déplore que « le développement des nanotechnologies se soit déroulé sans intégrer les questions sanitaires et environnementales ». Les nanoparticules sont pourtant, depuis les années 2000, sous haute surveillance des organisations écologistes internationales. Greenpeace et les Amis de la Terre réclament depuis lors un encadrement des nanoparticules mises sur le marché.
Depuis janvier 2013, la France a choisi d’obliger les industriels à déclarer les nanomatériaux qu’ils fabriquent, qu’ils importent ou qu’ils mettent sur le marché, mais les industriels ne sont pas soumis à déclaration s’ils produisent une substance contenant moins de 50 % de nanoparticules, ou si cette substance s’insère dans une production de moins de 100 grammes… Autrement dit, de nombreux nanomatériaux vont y échapper. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) doit publier les premières informations fournies par les industriels à la fin de l’année.
La mise sur le marché des nanotechnologies reste toujours libre de tout contrôle toxicologique spécifique. Et la situation ne va pas s’éclaircir : selon Éric Gaffet, du Centre national de la Recherche scientifique (CNRS), un même produit peut prendre de multiples nanoformes, dont les propriétés et le niveau de toxicité sont radicalement différents. Le chercheur estime déjà qu’il faudrait cinquante ans pour tester le nombre de nanoparticules commercialisées jusqu’à présent.
Le Danemark, la Belgique et les Pays-Bas prévoient de légiférer sur la base d’une déclaration obligatoire des industriels. L'Italie pourrait opter pour une déclaration basée sur le volontariat. L'Allemagne et la Suède, quant à eux, cherchent plutôt à mobiliser l’Union européenne, face à la menace de l’empilement de réglementations nationales différentes.
Ces initiatives des États membres viennent combler l’absence de législation spécifique sur les nanotechnologies en Europe. Pour la Commission, le cadre réglementaire de gestion des substances chimiques (REACH) reste en effet « le meilleur possible pour la gestion des risques liés aux nanomatériaux ».
Pourtant, REACH -système d’enregistrement, d’évaluation, d’autorisation et de restrictions des substances chimiques- ne prévoit pas de dispositif spécifique aux industries des nanotechnologies et ne s'applique qu'aux productions chimiques de plus d'une tonne par an…Ce qui permet à beaucoup de nanomatériaux d’échapper à tout enregistrement.
Enfin, le projet de réformer à la marge REACH en incluant les nanomatériaux en annexe n’a pas convaincu les ONG. Le Bureau européen de l’environnement estime que « seule l’industrie chimique est satisfaite par le manque d’initiative de la Commission».
La pile du futur ?
Richard Kaner et Maher El-Kady, chercheurs à l'université de Californie à Los Angeles, ont découvert certaines propriétés très prometteuses du graphène, matériau dont la découverte a valu un prix Nobel de physique à Konstantin Novoselov en 2010. La matière préparée par les deux chercheurs fait office de condensateur et permettrait, à leur grande surprise, de confectionner une pile flexible surpuissante et biodégradable.
Le graphène est un cristal de carbone que l’on retrouve notamment sous forme de graphite dans les mines de nos crayons à papier.
Les deux chercheurs ont découvert les propriétés du graphène un peu par hasard. Après avoir déposé de l’oxyde de graphite liquide sur un CD, Richard Kaner et Maher El-Kady, ont solidifié la substance grâce au laser d’un graveur d’ordinateur. Ils s’aperçoivent alors en le testant avec un appareil électronique et une diode électroluminescente (LED) que celle-ci reste allumée plusieurs minutes après avoir chargé le graphène seulement quelques secondes.
A terme, cette découverte devrait permettre de charger un téléphone en 30 secondes, une voiture électrique en l’espace de quelques minutes : c’est le temps ou l’instant qu’il faudra pour recharger les appareils électriques du futur. Non content d’être le meilleur conducteur d’électricité connu à ce jour, le graphène recèle des atouts multiples : il est ultra-puissant, super résistant et flexible. Et cerise sur le gâteau, il est aussi biodégradable. Il est constitué d’atomes de carbone, et il est donc possible d’en faire du compost au côté de déchets végétaux.