C’est bien pour cette raison que l’action des institutions européennes est aussi désordonnée et incohérente, comme on a pu le voir à Chypre. Les institutions européennes  cherchent simplement à sauver leur peau et sont prêtes à tout pour le faire. D’où l’incroyable proposition de taxer à 6,75% tous les dépôts des petits épargnants, ce qui remettait en cause la garantie des dépôts de moins de 100 000 euros. D’où la création ad nauseam de 1000 milliards d’euros pour refinancer les banques, en contravention complète avec le mandat de prudence monétaire des statuts de la BCE. D’où le discret plan d’aide à l’Irlande…
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Alors, bien sûr, tous les gouvernements au monde font cela et cherchent à être réélus. Mais, il y a une grande différence entre eux et les eurocrates : la responsabilité démocratique. Les politiques répondent de leurs actes devant les électeurs et subissent la pression de l’opinion. Les eurocrates indépendants et irresponsables n’ont pas à se soucier de l' opinion de la même manière, particulièrement la BCE, enfermée dans sa tour d’ivoire. D’où un problème de responsabilité quand sont utilisés d'immenses moyens pour se sauver eux-mêmes, quitte à torturer leur population.
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Les solutions à la crise consistent invariablement en un renforcement des pouvoirs centraux européens. Pourtant, plus le processus d’intégration avance, plus la situation se détériore, estime Pinsolle : quel que soit le sujet, les eurocrates proposent toujours d’augmenter leur pouvoir; l’eurocratie est ici juge et partie.