?> DEHORS LES GUEUX !
DEHORS LES GUEUX !

Banc Public n° 312 , Mars 2025 , Michel Legrand



En Région bruxelloise, le report de deux ans des prescriptions de la ZBE (zone de basses émissions, en France ZFE, zone de faibles émissions) a calmé le jeu puisque les 40.000 véhicules qui étaient visés peuvent continuer à y accéder sans amende jusqu’au 31 décembre 2026 (voir ci-contre).


 Ce n’est pourtant que partie remise puisque le problème ressurgira fin 2026 pour les EURO 5 diesel et EURO 2 essence restants et surtout fin 2027 pour les EURO 6 , soit les véhicules immatriculés entre 2015 et 2020, frappés à leur tour par l’interdiction et qui n’ont pas bénéficié d’une période de prolongation. 

 

Bref, le volume de véhicules bruxellois concernés fin 27 dépassera surement les 100.000 unités. 

Entretemps, la contestation contre les ZFE s’étend. Ainsi en Allemagne, plusieurs dizaines de zones ont été supprimées. En France, des zones avaient bien été établies mais dans une indifférence presque générale puisque les verbalisations ne suivaient pas !

Cela risque de changer sous peu puisque le maire écologiste de Lyon souhaite faire respecter la règlementation et envisage de vebaliser les gueux, ceux qui se rendent dans la capitale des Gaules avec un véhicule polluant. Notons que ce véhicule polluant pollue à peine plus que les gros SUV de deux tonnes qui bénéficient en plus d’un bonus écologique ! 

Les nouveaux seuils, qui interdisent les voitures Crit’Air 3 et supérieurs (véhicules essence avant 2006 et diesel avant 2011), sont en vigueur depuis le 1er janvier 2025. La mesure est donc moins sévère que celle qui était prévue à partir du 1er janvier 2025 pour la Région bruxelloise et qui vise en France les Crit’Air 2 (soit les EURO 5).

Quant au président écologiste de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, il réclame des radars lecteurs de plaque, pour une verbalisation automatique. « L’Etat n’assume pas le contrôle de la ZFE », a-t-il déclaré lors de ses vœux à la presse. La préfète de Lyon Fabienne Buccio abonde dans son sens. « Il a raison de s’impatienter.

La mesure devenant concrète, et donc visible, la grogne monte. L’écrivain Alexandre Jardin, depuis rejoint par le chanteur Daniel Guichard, se place en pourfendeur des ZFE. « Une chose est certaine : il n’y a aucune bonté derrière l’exclusion de millions de Français des ZFE – parce qu’ils n’ont pas les moyens de changer de voiture –, aucune compassion, aucun amour de la République fraternelle. Seulement un rapport autoritaire, irrespectueux des gens sans solutions. », lâche l’écrivain sur X.

En appelant les « gueux » à protester, Alexandre Jardin espère éviter la gabegie, tout autant que l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir. « Plus je regarde la politique américaine, plus je m’étonne de la faible remise en question des Démocrates US. Ils perdent le peuple et pensent mordicus… que le problème, c’est le camp d’en face. Quand on a deux fois comme successeur Donald Trump, n’a-t-on pas gravement merdé ? De même, en France, qu’a merdé fondamentalement le « camp du bien » pour doper à ce point le RN ? ».



L’enjeu des ZFE prend un tour politique majeur, que les initiateurs de la mesure semblent n’avoir pas imaginé et d’autant que plus de 11 millions de véhicules sont visés.

Le RN s’est positionné dès 2022 contre les ZFE en appelant à les supprimer et a lancé une pétition. La France insoumise de son côté réclame une suspension dans l’attente d’alternatives de mobilité, notamment en transports en commun.

La messe est loin d’être dite ! En effet, l’essouflement de la vente des voitures électriques couplé à la destruction de l’industrie automobile européenne risque de s’inviter dans le débat, d’autant que le moteur thermique parait renaitre de ses cendres. Plusieurs marques, et non des moindres, font un retour en force sur ce segment.

Si la nécessité d’améliorer la qualité de l’air, surtout dans les villes , fait l’unanimité, en revanche la méthode punitive et répressive pour y arriver semble antisociale mais aussi anti écologique dans la mesure où l’élimination d’un véhicule existant et son remplacement par un véhicule électrique ou autre peut dégager un bilan négatif surtout si le nouveau véhicule atteint ou dépasse les deux tonnes.

Bref, l’attitude des gouvernants dans ce dossier n’est ni raisonnable ni proportionnée. En effet, il semblait préférable de permettre à tout un chacun de garder son véhicule sans prendre une mesure d’interdiction. Au fil du temps, le nombre de véhicules se serait réduit naturellement, d’autant que de nombreux véhicules anciens roulent peu, voire très peu.

Enfin, au lieu d’encourager à tout crin la technologie électrique encore mal maitrisée, il eût mieux valu concevoir des véhicules plus légers et propres consommant trois ou quatre litres ! Actuellement, le bilan énergétique par km parcouru s’est alourdi à la suite de l’utisation de véhicules de plus en plus lourds ! Le gain d’énergie par l’utilisation de nouvelles techonologies a donc été absorbé par le poids.

 

Michel Legrand

     
 

Biblio, sources...

 
     

     
   
   


haut de page

Banc Public - Mensuel indépendant - Politique-Société-environnement - etc...
137 Av. du Pont de Luttre 1190 Bruxelles - Editeur Responsable: Catherine Van Nypelseer

Home Page - Banc Public? - Articles - Dossiers - Maximes - Liens - Contact