Europe,enseignement et recherche: Vers une main mise du secteur privé?

Banc Public n° 106 , Janvier 2002 , Frank FURET



Il ne sert à rien, déclarait en 1997 Ian Angell, prophète néo-libéral très médiatisé des 90ies, de vouloir donner les mêmes chances à chacun; les technologies actuelles redéfinissent entièrement les marchés. Il y a 6 milliards d'humains sur Terre, dont 5 milliards ne pourront jamais être utilisés; il ne sert à rien de vouloir les aider. Pour gagner, il ''faut prendre les décisions intelligentes'' (il faut éliminer les coûts parasites); sinon''l'erreur''(ne pas éliminer les coûts parasites, continuer à aider, former, informer et éduquer les plus défavorisés) renverra notre société dans l'obscurité et entraînera son extinction''; les entreprises de demain seront globales, elles n'ont plus aucune volonté de supporter les aspirations nationales de leur pays d'origine. La croissance est créee par l'élite et non par les travailleurs actifs dans la production ou les services de base. Dans une économie globale intégrée, seuls les pays capables de générer des travailleurs intelligents seront riches; les états doivent comprendre qu'ils deviennent des entreprises commerciales et doivent donc s'organiser comme tels, concluait la star.

 

La comptabilité étant en passe de s'autoproclamer science la plus noble de l'univers et de concrétiser mondialement cette excellente opinion qu'elle a d'elle-même en chapeautant toutes les autres, il n'est sans doute pas inutile de se poser des questions quant aux vues de l'Europe en matière d'enseignement et de recherche, vues consistant principalement à en rapprocher le secteur privé et ses valeurs. Les plus proches collaborateurs de Pascal Lamy, commissaire Européen, estiment que la santé, la culture et l'éducation sont mûres pour la libéralisation ; un rapport d'experts commandé par le CISE, un organisme privé, affirmant que dès 2010, le marché gouvernera tout et que l'éducation sera bien obligée de suivre.

Oseille

Les enjeux liés à l'éducation sont aujourd'hui plus importants que jamais (1), une grande majorité des emplois exigeant des compétences formelles qui passent par une formation spécifique; c'est pourquoi on a observé une montée continue des dépenses globales d'éducation tant de la part des pouvoirs publics que des entreprises et des personnes, importance croissante qui s'est traduite par une place grandissante du secteur privé: côté demande, le caractère toujours plus stratégique de l'éducation fait que les entreprises et les individus les plus aisés étaient prêts à payer pour acheter de l 'éducation et de la formation ; côté offre, le secteur privé s'est vu ouvrir un marché potentiellement colossal, comme le remarque Glenn Jones, fondateur de Knowledge TV, Jones International University et Global alliance for Education, empire multimedia de l'éducation : selon lui, l'éducation est le plus vaste marché de la planète, celui qui croît le plus vite et celui où les acteurs ne répondent pas à la demande. Par le nombre d'emplois qu'il procure et les importants sommes d'argent qu'il mobilise, le secteur de l'enseignement est comparable à celui de l'automobile. Les parents étant prêts à dépenser énormément pour éviter le chômage à leurs enfants , on peut se faire une idée du pactole qu'il y aurait là à ramasser. une enquête révèle que les parents d'élèves dépensent annuellement de 12600frcs(-de 6ans) à 434000frcs (+de 18ans) par an. Educinvest, réseau de 250 écoles privées appartenant à la Générale des Eaux a fait un chiffre d'affaires de 5, 1milliards de frcs en 1995. Si les industriels parviennent à privatiser l'enseignement ils constitueront ce que Claude Allègre appelle LE marché du 21eme siècle: les propriétaires des lignes de communication et les commerçants en didacticiels pédagogiques salivent à l'avance.
Les enjeux sont ici multiples estime Philippe Fremeaux (1) : l'apparition d'une offre mondiale de formation conduit à marginaliser les systèmes publics d'éducation nationaux et de faire pression en faveur d'une définition internationale des diplômes. Il faut donc commencer à réaffirmer le caractère de bien public de l'éducation et donc de la nécessité d'une offre publique capable de répondre à la demande sociale. Ce qui n'irait pas de soi compte tenu du poids déjà atteint par le secteur marchand, l'enjeu n'étant selon Fremeaux par ailleurs pas d'en interdire le développement mais plutôt de défendre le niveau du financement du système public qui assure à la population un niveau d"accès et de qualité suffisant ". En subsidiant l'achat de didacticiels produits par privé par les deniers publics, par exemple: vu les dogmes économiques actuels, il est en effet inimaginable d'envisager la production de CD rom et sites internet didactiques de qualité par le secteur public: il les vendrait à un prix honnête, c'est à dire vraiment modique (ou pire, il les DONNERAIT), ce qui serait une offense au catéchisme du secteur privé, notre bienfaiteur et notre phare, blasphème qui aurait tôt fait de faire hurler la propagande à la mauvaise gestion.

Toujours est-il que la dépense publique mondiale est passée de 566 milliards de $ à 1406 de 1960 à 1995 dont 80% pour les pays développés et ces chiffres ne sont certainement pas pour rien dans la foi nouvelle animant le secteur privé quant à sa capacité à bien mieux faire que le secteur public en matière de transmission du savoir (2).

Un peu d'histoire

Début des années 80, selon Gerard De Selys, les industriels occidentaux découvrent que les secteurs et services publics sont de grandes sources de profits pour les états ; Margaret Thatcher privatise les téléphones, des vagues de privatisations de compagnies de chemin de fer, des compagnies aériennes, de radios et de télévision, de la distribution d'eau sévissent partout dans les pays industrialisés. En 1989, le lobby de la Table ronde Européenne des Industriels crée en son sein un groupe de réflexion chargé exclusivement de formuler des recommandations en matière de politique éducative; séminaires et colloques, textes et des rapports de l' ERT (European Round table, voir banc Public N°105) concernant l'enseignement commencent à paraître discrètement, ressemblant étrangement aux directives de l'OCDE, du FMI , de l'OMC . Des instructions données, en fait (3), aux " amis " politiques " : les gouvernements démocratiques se chargeront de faire passer les décisions dans l'opinion et les milieux concernés. Cette année-là paraît un rapport ("Education et compétence en Europe") réclamant une refonte rapide des systèmes d'enseignement Européens, qui selon l'ERT sont inadaptés aux besoins de l'industrie. Ce rapport confirme les membres de l'ERT à leur place de gestionnaires de notre société et il fait valoir auprès des gouvernements, la mission de contrôle social dévolue à l'éducation.. Pour l'ERT, l'industrie n 'a qu'une très faible influence sur les programmes enseignés et les enseignants n'ont qu'une compréhension insuffisante de l'environnement économique, des affaires et de la notion de profit : ils ne comprennent pas les besoins de l'industrie.
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En 1997, toute l'Europe semble frappée d'une frénésie des systèmes éducatifs où l'on retrouve les mêmes axes: dérégulation, dualisation, sélection renforcée, employabilité immédiate de la main d'½uvre, collaboration écoles-entreprises, contrôle du pouvoir dans les universités…
Il s'agit d'optimiser la fonction économique de l'école tout en limitant son coût au strict nécessaire, de stopper le processus de massification de l'enseignement et le discours démocratique qui l'a accompagné pour en revenir à une sélection rapide en fonction des besoins du marché de l'emploi; les savoirs trop généraux seront remplacés par des compétences immédiatement exploitables que le patronat dictera lui-même. De l'ERT à l'Union Wallonne des Entreprises, des Livres Blancs Européens, au Vlaaams Economisch Verbond , on retrouve les mêmes volontés: adapter l'enseignement à une économie ''en crise'' et en quête de compétitivité. En 1996 , Laurette Onkelinx publie " l"école autrement , c"est possible " reprenant, en 40 propositions, l'essentiel des revendications de l'ERT.

En France, en mai 1998, Claude Allègre se déclare immédiatement en plein accord avec les propositions du rapport Attali, fortement influencé par les thèses de l'ERT; ce rapport qui n'est pourtant rien d'autre qu'un projet de privatisation complète des universités de plus en plus financées par l'entreprise et les étudiants ; l'état n'aurait plus alors à investir dans l'enseignement supérieur, les droits d'inscription augmentant et le financement par le privé devant se charger du reste; tout ceci devant déboucher à sur la création d'institutions efficaces et économes des deniers publics. Et dans le cadre de l'homogénéisation Européenne , tous les pays doivent s'aligner sur cette nouvelle organisation des cursus.

En remplaçant les systèmes d'enseignement public dirigés et gérés par l'état central par des réseaux d'établissements autonomes en situation de forte concurrence mutuelle, on augmente la capacité d'adaptation de l'enseignement aux attentes des marchés on soumet d'avantage ces écoles à la pression de ces marchés, relayés par des parents désireux de maximiser les chances de leurs enfants dans la compétition à l'emploi. Le rapport 1998 de l'OCDE sur les politiques éducatives concluait avec clarté : la mondialisation économique politique et culturelle rend obsolète l'institution implantée localement et ancrée dans une culture déterminée qu'on appelle école et en même temps qu'elle, l'enseignant. (4)

La similitude des politiques éducatives menées dans l'ensemble du monde occidental globalisé ne laisse planer aucun doute quant à l'existence de puissants déterminants communs , impulsant ces politiques: ce qui est en cours c'est le passage de l'ère de la massification à celle de la marchandisation de l'enseignement, nouvelle adéquation entre école et économie se réalisant tant sur le plan des contenus enseignés que des méthodes (pratiques pédagogiques et de gestion) et des structures. (5)

Privatisation et mondialisation

Si la privatisation de l'enseignement n'est pas encore une réalité généralisée la part du secteur privé est en hausse constante dans le financement des universités. Plusieurs raisons permettent d'expliquer cet état de choses, estime François Schreuer, ex-président de la FEF (6) : les carences du financement public, réelles mais souvent invoquées excessivement par les universités pour justifier leurs compromissions avec le secteur privé/ ces collaborations avec le secteur privé sont à double tranchant : elles permettent de développer de nouveaux secteurs d'enseignement et de recherche mais posent de lourdes questions quand à l'indépendance académique et à la dimension scientifique des contenus enseignés, rendant les institutions otages du secteur privé.
A plus long terme l'implantation d'importantes firmes privées dans des secteurs stratégiques de l'université présage des suites plus inquiétantes, continue Schreuer; l'accord général sur le commerce et les services (AGCS) risque en effet de transformer l'éducation en une marchandise commerciale soumise aux règles de la concurrence.

Réactions

Nico Hirtt (7), syndicaliste de l'enseignement, estime que si l'objectif de dérégulation est bien d'accroître la flexibilité d'ensemble du système éducatif, elle aura un effet pervers: celui de former des ghettos d'élite et des ghettos populaires et qu'il est difficile de croire que cette évolution globale ne soit pas recherchée par l'auteur du texte; le projet tenant compte des " aspirations des parents et élèves " le projet d'établissements sera élaboré en tenant compte des caractéristiques culturelles et sociales; l'autonomie pédagogique sous prétexte de libérer les initiatives permet au système déjà inégal d'avancer plus loin encore sur la voie de la dualisation

Privé =Qualité ?

Plus inquiétant est l'appauvrissement des cursus: les programmes américains de gestion vendus aux universités Indiennes et totalement inadaptées aux besoins du pays, par exemple. Un atelier " Savoirs " tenu aux rencontres internationales de Saint-Denis en juin 1999 relevait aussi comme conséquences à la marchandisation des savoirs, une conception réductrice de la pensée scientifique à connotation positiviste et déterministe, un modèle pseudo-scientifique avilissant la connaissance et trivialisant le savoir, un modèle culturel favorisant l'exclusion de secteurs croissants de la population et effaçant les diversités culturelles, une éthique de l'argent et des " gagneurs " générant des formes multiples de violence, une pseudo-rationnalité technologique dégradant l'environnement et détruisant les éco-systèmes un modèle infra-culturel véhiculé par certains moyens de communication de masse et caractérisé par le superficiel le fragmentaire, l'éphémère, la résurgence des discriminations sexistes etc, cette modélisation visant à créer le consensus autour d'une pseudo-égalité appauvrissant la pensée, empêchant aussi selon l'atelier interactivité, créativité et poétique.

Echos des USA

Puisque nous voulons ressembler Américains , qui sont si forts et si bons, sachons qu'Aux Etats-Unis, les partisans de ces alliances entre universités et entreprises font grand cas des avantages du nouveau système : le financement par les entreprises favoriserait à l'heure du désengagement du secteur public la construction de laboratoires modernes et le financement des recherches les plus avancées, le partenariat permettrait aux découvertes scientifiques d'être promptement commercialisées, le public et l'état bénéficieraient de la prospérité induite par les nouvelles technologies sous forme de croissance économique de découvertes utiles à la société, d'augmentation des recettes fiscales ou de retombées philanthropiques (8).

Las, tous ne partagent pas cet avis : la science perd de sa crédibilité, les études biaisées et le secret compromettent la réputation de la science ainsi que son objectif de recherche de la vérité, les professeurs d 'université rémunérés par l'industrie font profession d'experts auprès du Congrès et des organismes de réglementation sans révéler leurs liens avec le monde des affaires, les départements scientifiques tissent dans le plus grand secret des liens avec les entreprises et les revues médicales ne révèlent pas les conflits d'intérêt de leurs auteurs (9).

La course aux " disciplines qui attirent l'argent " a déjà multiplié les conflits d'intérêts entre monde de la recherche et monde des affaires: les départements qui " étudient l"argent ", " attirent l"argent " ou " font de l"argent " sont les grands bénéficiaires de " l'université marchande " ; les autres sont délaissés voire négligés. Au sein de la communauté scientifique médicale, on a débattu des rapports entre recherche et industrie: une enquête du Los Angeles Times révélait que 19 articles sur 40 écrits dans la prestigieuse revue médicale " New England Journal of Medecine " avaient été rédigés par des médecins rémunérés par les fabriquants des médicaments qu'ils étaient chargés d'évaluer, ce qui n'est pas très déontologique ; certains acteurs du débat on souligné la quasi impossibilité de trouver des spécialistes qui n'étaient pas tenus d'une manière ou d'une autre par l'industrie pharmaceutique (8). Faut-il trouver ici la raison pour laquelle 9 seulement parmi les 219 nouveaux médicaments fortement promus par le marketing pharmaceutique durant l'année 2000, présentaient quelque avantage nouveau ?

Robert Reich, qui fut ministre du travail durant le premier mandat de Bill Clinton déplorait " l'ère de la bonne affaire " sur le monde de l'enseignement (10) : selon lui la quête du savoir, la recherche désintéressée et la curiosité intellectuelles se trouvent reléguées au second plan , les présidents d'université, dont le rôle s'apparente désormais à celui de voyageurs de commerce, sont jugés avant tout en fonction de leur capacité à lever des fonds ; les étudiants des écoles les plus prestigieuses considèrent leurs études comme un investissement avec des perspectives de networking et de salaires mirobolants.

Sur les campus, des personnages d'un type nouveau apparaissent :les professeurs entrepreneurs , à qui l'ancrage dans une université offre la promesse d'un enrichissement rapide ; ils consacrent le plus clair de leur temps à leurs entreprises commerciales, l'affiliation universitaire leur procurant la crédibilité scientifique, un point de chute (parachute en Belge) en cas d'échec et surtout la possibilité de privatiser les revenus tout en socialisant les dépenses (services administratifs, doctorants ou chercheurs servant de nègres).

Le modèle de l'université marchande soulève également des questions d'ordre politique, la réflexion sur la chaise publique étant de plus en plus formée (déformée) en fonction des intérêts financiers des experts: des organismes de recherches à but non lucratif servent souvent d'écran nécessaire à des groupes industriels: lors du procès Microsoft, par exemple, des " instituts de recherche " soit disant indépendants, mais en réalité financés par Microsoft produisirent une moisson d"études destinées à influencer tant le public que les juges.

Science - économie - sociét

Organisé à Paris en Juin 2000, le forum " Science-Economie-Société " (11) concluait à une forte évolution de la production de connaissances scientifiques et technologiques et remarquait que si le modèle qui semble être progressivement abandonné est connu (forte place à la recherche publique, légitimée par le contrat social assurant le financement public de la science en échange de la contribution de celle-ci à l'amélioration de la richesse, de la santé et de la sécurité des nations, concept d'open science, mécanismes d'incitation, de coordination et de diffusion de la connaissance, complémentarité entre open science et recherches industrielles…), on sait moins où l'on va avec le modèle ( multiplication des droits privés, privatisation accélérée de nos économies et donc de la recherche) qui veut lui succéder. Chacun sait, estime ce forum, que laisser au marché le soin de financer et donc de sélectionner les programmes de recherche selon, ses propres critères de " science utile "est une stratégie qui risque de créer de graves difficultés à terme : le marché ne peut véritablement ménager des ressources de long terme, il est myope, disent nombre d'économistes, la valeur de bénéfices lointains et incertains étant toujours inférieure aux coûts immédiats des investissements à supporter.
Deuxièmement, le marché risque de laisser de côté les besoins de populations non solvables . Troisièmement le marché ne fera pas les recherches permettant d'évaluer son propre ouvrage ; il ne permettra pas d'assurer un niveau et un choix d'investissement satisfaisant en termes d'équité inter-générations et inter-populations. Enfin, l'organisation de la recherche par le marché repose sur l'institution des droits de propriété intellectuelle, qui ne peut qu'entrer en conflit à un moment ou à un autre avec les principes de l'open science.

L'effet majeur du modèle " science financée par le privé " sera sans doute le renforcement des incitations privées à faire de la recherche de base, ce qui accélère le rythme d'innovation et le dynamisme de la création d'emplois dans le secteur high tech : c'est l'effet positif majeur, selon le forum.
Mais la privatisation générale de la connaissance qui s'exprime par la prolifération de brevets sur les résultats de recherche mais aussi sur la montée des droits d'exclusivité sur les instruments et matériaux de recherches et les bases de données est préoccupante. Les économistes du forum identifient plusieurs situations où il y a excès de droits privatifs : quand il porte sur des connaissances fondamentales pour la société (perte sociale engendrée par l'exclusivité d'une découverte et ses applications socialement utiles qui pourrait en dériver)
Excès de privatisation, aussi quand les brevets portent sur des parcelles de connaissance, ce qui rend plus difficile le développement des produits (impossibilité d'acquérir toutes les licences).
Excès de privatisation enfin, quand les brevets sont très larges et portent sur toutes les applications imaginables, ce qui favorise le monopole d'exploitation très étendus (ex. : les brevets de la société Myriad Genetics concernant la génétique du cancer du sein protègent contre toute reproduction et ultilisation de licence et des produits liés, ainsi que des méthodes de diagnostic, sans limitation de la technique utilisée.
Autre tendance, la détresse des normes d'ouverture et de transmission des savoirs (publications différées ou partielles, secret, brevet, pratique de la licence exclusive): les contrats d'exclusivité bilatéraux entre labos universitaire et firmes mettent à mal l'espace de la recherche publique.

Contenus

Le contenu même de la recherche académique, même si les travaux récents reconnaissent que c'est difficile à mesurer, tend à devenir moins important et moins général car plus orienté vers la solution de problèmes immédiats
Même si les performances du modèle privé sont indiscutables à court terme, même si les industriels eux-mêmes sont conscients de l'intérêt qu'il y a de ne pas casser une recherche académique autonome et ouverte et cherchent à mettre en place les " bonnes pratiques " qui feraient que les universités travaillent avec et non pas pour l'industrie même (on discute par exemple aujourd'hui de l'achat de brevets par les états pour les redéposer dans le domaine public, il reste que les analyses des économistes du modèle Américain révèlent une certaine inquiétude: ce que les auteurs du rapport visent avec leurs commentaires, ce n'est pas l'industrie en soi, c'est plutôt l'ensemble des comportements de la science, académique, de l'industrie et des politiques qui pousse la logique de la rentabilité à son (court) terme; face à ce modèle somme toute récent, c'est sans doute un modèle de concertation entre science, pouvoir et marché qu'il faudra opposer conclut gentiment le Forum, omettant ici de tenir compte de l'état somme toute discret des choses, qui fait que pouvoir et forces dominant le marché, comme aux USA, tendent de plus à se confondre.

Néanmoins, le Forum, optimiste, estime avoir des raisons d'espérer dans la capacité de coopération internationale, entre science et industrie, entre firmes à régler efficacement et durablement les problèmes , et ce par la multiplication des consortias (qui organisent, formalisent et règlent les modalités de partage des instruments de recherche, de circulation des savoirs et de droits de propriétés en créant souvent des droits de propriétés collectifs) d'une part, à la production d'expériences et de règles originales sur la circulation des savoirs et l'attribution des droits de propriété visant à concilier recherche publique et privée et permettant la coexistence dans un même projet, d'industriels rivaux d'autre part.
Le renforcement du principe de coopération pour la production de bien public devrait permettre de reconstruire l'articulation entre privé et public et permettre d'éviter un modèle de marché fondé sur des relations d'exclusivité entre firmes et laboratoires et permettre aussi d'éviter un modèle où la recherche publique ne fait pas assez attention à l'industrie, concluait le comité scientifique du Forum de Paris.

Néo-bienpensances…

On l 'a vu le mois passé, les ordres viennent d'en haut ; Ecolo, le PS, le PSC, la FGTB, le Moc, la SFFLB etc ont bien signé une déclaration commune avec la FEF, mais après tout ça n'engage à rien ; en témoigne l'hypocrisie de la gauche plurielle en France qui produit un discours citoyen anti-privatisation destiné à calmer ses ouailles inquiètes et sa clientèle électorale tout en privatisant selon les techniques du saupoudrage et des déclarations contradictoires, comme l'OMC le conseille par ailleurs, afin d'éviter tout conflit frontal avec le monde traditionnel de l'éducation. A priori la lucidité impose de ne point de se faire d'illusions: être le premier sur la balle est important; l'enseignement public est très loin d'avoir été parfait (et pas seulement pour des questions de financement) ; les forces du marché avaient un projet, les moyens d'en faire la propagande et la capacité à le réaliser; et en cette matière aussi, la gauche installée n' ayant pas vraiment d'objectifs alternatifs…

 


Frank FURET

     
 

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