Le Portugal, la troïka et la démocratie...

Banc Public n° 242 , Novembre 2015 , Frank FURET



Lors des dernières élections législatives portugaises, les partis de droite, emmenés par le Premier ministre Pedro Passos Coelho, n’ont réuni que 38,5% des suffrages, et ont perdu 28 sièges au Parlement. Une majorité d’électeurs portugais (50,7%) a voté contre les dernières mesures d’austérité. Ces électeurs ont porté leur vote sur la gauche modérée: le Parti socialiste portugais a obtenu 85 sièges, le Bloc de Gauche (gauche radicale) 19, et le Parti communiste portugais 17. Sur les 230 sièges du Parlement portugais, cela en donne 121 aux forces anti-austérité, quand la majorité absolue est de 116.

 

Un accord aurait pu être trouvé entre les partis de droite et le Parti socialiste. Mais cet accord n’était clairement pas possible sans une remise en cause d’une partie du programme d’austérité qui découle de l’accord passé entre la Portugal et les institutions européennes. On pense à la Grèce…

 

Pour la première fois depuis la création de l’Union monétaire européenne, un État membre a donc pris la décision explicite de bloquer l’accession au pouvoir de partis eurosceptiques au nom de l’intérêt national. Anibal Cavaco Silva, le président constitutionnel du Portugal, a refusé la nomination d’un gouvernement de coalition de gauche même si celle-ci a obtenu la majorité absolue au Parlement portugais et le mandat de mettre un terme au régime d’austérité imposé par la troïka. Il a estimé qu’il était trop risqué de laisser le Bloc de Gauche ou les communistes se rapprocher du pouvoir, en insistant sur le fait que les conservateurs doivent se rassembler en tant que minorité afin de satisfaire Bruxelles et apaiser les marchés financiers étrangers. «En 40 ans de démocratie, aucun gouvernement du Portugal ne fut dirigé grâce au soutien de forces anti-européennes, soit des forces qui ont fait campagne pour abroger le traité de Lisbonne, le pacte fiscal, le pacte de croissance et de stabilité ainsi que pour démanteler l’Union monétaire et sortir le Portugal de l’euro, en plus de vouloir dissoudre l’OTAN» a déclaré Cavaco Silva.

 

Les plans d’austérité successifs qui ont été mis en œuvre ont pour but de faire baisser les salaires (en valeur), que l’on parle du salaire direct ou indirect. Mais, pour Jacques Sapir, cette baisse ne peut que bénéficier aux exportations, car elle déprime, dans le même temps, la consommation intérieure. La responsabilité de l’euro dans la situation économique du Portugal est indéniable, mais la responsabilité des autorités européennes dans le chaos économique et politique qui risque de survenir est tout aussi certaine.

 

 

 

 

 


Frank FURET

     
 

Biblio, sources...

"Coup d’Etat à la portugaise : la dictature européiste démasquée", Olivier Demeulenaere, Regards sur l'économie, 26/10/2015

 

"Le coup d’Etat silencieux de Lisbonne", Jacques Sapir, 25/10/2015

 
     

     
 
Europe

Souveraineté et cybersécurité : les enjeux de l´intelligence artificielle
Augmentations de salaires au Royaume-Uni
Les agriculteurs français unis dans leur refus du CETA
Les migrations internes à l'Europe
La Commission européenne prévoit de multiplier par 22 ses financements à l’industrie de l’armement
Bénie soit l’UE
Renationalisations au Royaume-Uni
La fraude fiscale explose en France
Elections présidentielles en France: un produit bien marketé
TTIP
Islande
Les banques US aiment l'Union européenne
Le Portugal, la troïka et la démocratie...
Le TTIP (The Transatlantic Trade and Investment Partnership)
Réunion du groupe Bilderberg
Lobbying et Europe
Fascisme mou et raison délirante?
Fairphone
La poussée de Podemos
Mouvance de l'opinion française...
Europe et monde du travail
LE DROIT DE RESISTANCE A L’OPPRESSION ET LA GRECE
L'optimisme à l'honneur...
TSCG:  un coup d'Etat bureaucratique ?
C’EST DIT
Le grand marché transatlantique
La propagande se modernise
Europe et privatisation de l'eau
Les analyses dérangeantes de Maurice Allais
Par ici la monnaie...
Modèle allemand?
Un peu d'histoire
Conflit d’intérêts ?
Libre-circulation des capitaux en Europe
L'Europe qui protège
Pas de taxe européenne sur les transactions financières
Grand marché transatlantique
La Hongrie défie le FMI
Appel pour un «Greenpeace de la finance» de la part de députés européens
Mauvaise Grèce...
Les marchands d’OGM attaquent
Un traité au dessus de tout soupçon
Constitution Européenne: un chat dans un sac ?
Les origines de l'Europe au Moyen-Âge
Europe et privatisations: frénésies, propagandes, réalités...
Europe,enseignement et recherche: Vers une main mise du secteur privé?
Europe: les interstices du centrosome
 
   


haut de page

Banc Public - Mensuel indépendant - Politique-Société-environnement - etc...
137 Av. du Pont de Luttre 1190 Bruxelles - Editeur Responsable: Catherine Van Nypelseer

Home Page - Banc Public? - Articles - Dossiers - Maximes - Liens - Contact