Du côté de la BCE

Banc Public n° 206 , Janvier 2012 , Frank FURET



Le 21 décembre, la Banque centrale européenne (BCE) a accordé à 523 banques un prêt de 500 milliards d’euros pour 3 ans à un taux voisin de 1%. La BCE s'est officiellement justifiée par la nécessité d’aider les banques à faire face à leurs prochaines échéances de remboursement. Sans exiger aucune contrepartie, remarque l'organisation ATTAC. En Grèce ou au Portugal, les contreparties sont pourtant considérables: les gouvernements ont dû mettre en ½uvre de violents plans d’ajustement.
Les banques avaient déjà été secourues sans contrepartie par les États et les banques centrales en 2008–2009, au début de la crise des subprimes. Résultat: une fois que leur situation s’est améliorée, elles ont recommencé à spéculer contre les dettes publiques (Grèce et Irlande en particulier), à distribuer des dividendes à leurs actionnaires, et des primes exorbitantes à leurs dirigeants et traders. Pour ATTAC, le même scénario va se reproduire en 2012: l’argent prêté aux banques va être replacé sur les marchés à des taux élevés dans une logique purement financière, et ne va pas servir à desserrer le crédit et financer le secteur productif. Ce qui serait pourtant nécessaire pour sortir de la récession et recréer des emplois.

Ces cinq cent milliards, la Banque centrale ne les a pas tirés de ses coffres, c’est de l’argent créé à partir de rien. C’est cinq fois ce dont avait besoin la Grèce pour faire face au paiement de la totalité de sa dette  lorsque la crise a éclaté! C’est davantage que la somme dont dispose le fond européen de stabilité. C’est trois fois et demi la somme versée au FMI pour venir aider ensuite l’Europe. Ceux qui prétendent qu’une telle somme «si elle était imprimée sur la planche à billets» provoquerait un cataclysme inflationniste racontent des bobards, estime pour sa part Jean-Luc Mélenchon: on cherche à faire peur avec la «dette monstrueuse» des États, et ainsi de suite. Cette opération aurait pu être conduite pour une somme trois fois moindre au départ de la crise, pour tuer la spéculation en arrosant l’État grec de crédit bon marché.
Ce serait avec un pacte plus ou moins implicite pour que ces banques rachè¬tent le plus possible de titres de dette des États sur le marché. On sollicite¬rait donc comme une faveur de leur part de bien vouloir prêter cher l’argent qui leur aura été prêté très peu cher.
Les décideurs issus des grandes banques, qui dorénavant gouvernent l’Europe, restent le nez collé sur leur objectif de court terme. Il s’agit de réaliser des profits maxima, le plus vite possible, en comptant que le risque final retombe sur les moins malins, les moins prompts, ou les plus asservis.
Tant qu’on croit que la Grèce paiera, et que les autres États paieront eux aussi, c’est une très bonne affaire dans les bilans que ces titres à dix-huit pour cent, même restructurés et étalés dans le temps.
Pour Mélenchon, on peut même suspecter ces banques de garder leur pelote d’emprunts à 1% et pour trois ans que vient de leur servir la banque centrale européenne pour le moment où la note de la France et d’autres sera dégradée, ce qui leur permettra de prêter beaucoup plus cher qu’elles ne peuvent le faire aujourd’hui. Début janvier viendra la mauvaise note. Tout le monde aura oublié d’où sera venu l’argent dont disposeront les banques pour venir "à l’aide" des États!


Frank FURET

     
 

Biblio, sources...

 

Noël à la Banque centrale européenne: des cadeaux pour les banques, la rigueur pour les peuples, 23 décembre 2011,Attac France

 

Le système sent le sapin même à noël,  Jean-Luc Mélanchon, 24 décembre 2011




 
     

     
 
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