?> L'indépendance floue de Reporters Sans Frontières
L'indépendance floue de Reporters Sans Frontières

Banc Public n° 162 , Septembre 2007 , Frank FURET





Reporters sans frontières (RSF) est une (ONG) internationale, se donnant pour objectif la défense de la liberté de la presse. Fondée en 1985 par le Français Robert Ménard, toujours secrétaire général actuel,  journaliste à Radio France, qui s’inspire alors de l'association Médecins sans frontières. RSF a pour objectifs principaux de dénoncer les atteintes à la liberté de la presse ,   d’aider les journalistes, leurs collaborateurs et leurs familles persécutés à cause de leur activité professionnelle, d’aider à poursuivre en justice, les persécuteurs,  de rassembler des pétitions nominatives de soutien à ses actions, et de promouvoir son action auprès de la communauté publique internationale. RSF publie chaque année un rapport – très médiatisé -sur l'état de la liberté de la presse dans le monde, évaluant le degré de privation de la liberté de la presse, la sélection partiale, la non-protection, les maltraitances , les persécutions et les assassinats de journalistes.  RSF relève aussi  les conditions de liberté d'accès aux informations par les résidents de ce pays, dénonçant ses entraves par falsification,  censure,  brouillage,  blocage technique etc…


Financement


Concernant son financement, sur son site RSF relate 57% de ressources propres  constituées de  la vente d’albums de photographies et de calendriers de fin d’année, et le revenu de la publicité insérée dans les trois albums ainsi que les opérations ponctuelles, telles que les ventes aux enchères au profit de Reporters sans frontières. La part des subventions publiques (Premier Ministre, Ministère des Affaires étrangères, Organisation internationale de la Francophonie, ) représentait 9% des recettes de RSF en 2006. L’ONG a déjà reçu plus de 50 % de son financement d'institutions publiques comme la Commission européenne mais elle a graduellement réduit ce soutien à moins de 10 % au fil des ans pour « protéger son indépendance »,.Les cotisations représentent 9% également. Le  mécénat, c’est-à-dire le soutien d’institutions privées, françaises ou étrangères, Sanofi Aventis,  Benetton,  CFAO, le Groupe Zeta, la Fondation Soros, Center for a Free Cuba, National Endowment for Democracy, Fondation de France, notamment, représentaient 24 % de son budget en 2006 .

Couac…

Et c’est ici que le bât blesse :  de nombreuses associations critiquent le financement de RSF par certains fonds américains et de grands groupes de presse privés. Les liens avec l’Open Society Institute de Georges Soros et avec Saatchi & Saatchi, propriété du 3 ème géant publicitaire mondial,  Publicis, qui s'occupe gratuitement de ses campagnes de communication sont aussi pointés du doigt.. Par le biais de sa filiale états-unienne Starcom Media West, Publicis est l'agence publicitaire chargée de la nouvelle image de l'Armée des Etats-Unis en Europe et dans le monde. Parmi les contributeurs de RSF, figurent aussi des  groupes comme la Fondation Internationale pour la Liberté et la Fondation pour l'Analyse et les Etudes Sociales, présidée par José Maria Aznar, ainsi que des organisations comme la Fondation Nationale Cubaine Américaine, Hewlett Packard, la Fondation de France, la Fondation Hachette, la Fondation Real Network, les Editions Atlas, la Société Espagnole de Radiodiffusion (SER), l'Open Society Institute ou encore Serge Dassault, François Pinault et Jean-Luc Lagardère, notoires fabricants d'armes.
RSF est aussi financé par  le Center for Free Cuba, une organisation créée pour renverser la révolution cubaine, présidée par le patron des Rhums Bacardi, dirigée par l’ancien terroriste Frank Calzon, liée à l’extrême droite Cubaine réfugiée à Miami, et articulée à une officine de la CIA, la Freedom House. Le contrat signé avec le Center for a Free Cuba a été négocié en 2001 avec Otto Reich, devenu secrétaire d’État adjoint pour l’hémisphère occidental, qui  fut l’organisateur du coup d’État manqué en 2002 contre  Hugo Chavez, pourtant démocratiquement élu au Venezuela.
RSF est aussi financé par le Département d'État des États-Unis par l'entremise du National Endowment for Democracy (NED), organisation que  le New York Times lui-même, qualifie d’officine écran de la CIA, et dont GW Bush a doublé le budget en 2004. La NED  est en effet un organisme créé par Ronald Reagan afin de poursuivre les actions secrètes de la CIA en finançant et en encadrant des syndicats, des associations et des partis politique d’états cibles afin de renverser des régimes et placer de nouveaux hommes au pouvoir « dans l’intérêt de l’Amérique . Son action a souvent été évoquée lors des renversements de régime survenus au cours des dernières années dans l'ex-empire soviétique. Le sénateur républicain William Frist et l'ex-général Wesley Clark, figurent parmi ses administrateurs.
7 % seulement du budget général de RSF étant affecté à sa mission de protection des journalistes, de nombreuses associations altermondialistes estiment que Reporters sans frontières instrumentalise le beau principe de la liberté de la presse alors que sa véritable activité  est de conduire des campagnes politiques contre des cibles déterminées.


Venezuela


RSF s’est indignée du projet de loi vénézuélien visant à soumettre les médias au droit général, mais elle ne s’est pas préoccupée du rôle du magnat de l’audiovisuel Gustavo Cisneros et de ses chaînes de télévision dans la tentative de coup d’État militaire pour renverser le président démocratiquement élu Hugo Chavez.. Les quatre chaînes de télévision privées ont pourtant activement aidé et soutenu le coup d’état militaire contre le gouvernement. RSF s’est bien gardé de dénoncer le rôle principal joué par les médias privés. Pourtant aucun propriétaire ou responsable de chaîne n’a été poursuivi ou ne s’est vu retirer sa licence d’émettre, et la majorité des médias reste détenue par l'opposition au gouvernement; malgré le coup d'État raté ; cependant, RSF continue de se ranger du côté des médias privés, contre un Chavez "autoritaire. Pour la bande VHF, en 2000, il y avait 19 chaînes de télévision privées et 1 publique. En 2006, le chiffre est passé à 20 chaînes privées contre une seule chaîne publique. Depuis le 28 mai 2007, il y a 19 chaînes privées et deux chaînes publiques, Venezolana de Televisión et TVes qui remplace RCTV sur les ondes hertiziennes. Pour la bande UHF, en 2000, il y avait 28 chaînes privées et deux chaînes publiques. En 2006, il y avait 44 chaînes privées et 6 publiques. Au niveau des radios, pour les ondes AM, en 2000 et 2006, il y avait 36 radios publiques contre 143 radios privées. Pour les ondes FM, il y avait 3 radios publiques contre 365 radios privées en 2000. En 2006, le chiffre est passé à 440 radios privées et 10 radios publiques. .
L’avocate des Droits de l’Homme, Eva Golinger, a d’ailleurs découvert que plus de 20 millions de dollars ont été versés par le NED et USAID (un autre cheval de Troie maquillé en ONG du département action de la CIA.) aux groupes d’opposition et médias privés du Venezuela, dont beaucoup avaient participé au coup d’état. RSF s’en est dès lors pris à l’avocate qui avait révélé au grand jour le nom de tous les journalistes vénézueliens financés par les Etats-Unis par le biais de la USAID, et où « figure notamment le correspondant de Reporters sans frontières », comme le reconnaît le rapport rédigé par Ménard ».
La NED, quand à elle,  a accordé à RSF prés de 40.000 dollars en 2004. Bien que l’organisation ait critiqué Chavez avant le coup d’état de 2002 - bien avant le versement de la subvention - sa demande de subvention auprès d’une agence du gouvernement des Etats-Unis qui tente de renverser le président Venezuelien pose de sérieuses questions sur l’indépendance de RSF, et sur sa volonté de critiquer ses bienfaiteurs.

Cuba

Reporters sans Frontières est accusé par des associations altermondialistes de s'être associé avec l'extrême-droite cubaine de Miami, et de mener une campagne contre Cuba, dans un but politique partisan plus que de défense des libertés. Avec les autorités étasuniennes, des groupes de « dissidents » et des représentants officiels et officieux de l’extrême droite cubaine de Floride, RSF  s’est prononcée de manière surprenante contre la politique d’ouverture envers Cuba.
Robert Ménard fréquente donc bien l’extrême droite Cubaine de Miami et RSF est bien financé par le lobby anticastriste pour mener campagne contre Cuba. En témoigne le contrat signé en 2002 avec le Center for a Free Cuba. La journaliste américaine Diana Barahona, du Northern California Media Guild, a elle aussi accusé Reporters sans frontières d’être financé par la NED/CIA et d’écrire ses rapports sous l’influence de l’administration Bush.

La parole à la défense

RSF se défend, affirmant être une organisation apolitique uniquement intéressée par la défense de la liberté de la presse. Elle déclare que son rôle n’est pas de s’immiscer dans les affaires internes du Venezuela.
Selon RSF, les soutiens financiers critiqués ne sont que peu représentatifs, ajoutant qu’il reste à montrer que des pressions ont été exercées de la part des groupes privés critiqués qui détiennent les organes de presse membres de RSF, de nature à modifier les relations de ces organes avec RSF.

RSF clame haut et fort que le fait d’être financée par des fondations étasuniennes, elles-mêmes créées et subventionnées par le gouvernement des Etats-Unis, ne l’empêche pas « de dénoncer les exactions de l'armée américaine contre des journalistes en Irak. L'organisation a également publié un rapport détaillé sur le tir d'un char américain contre l'hôtel.  

Concernant Cuba, Robert Ménard a déclaré que c’était  la seule dictature de la planète qui trouve des défenseurs dans les pays démocratiques, indiquant aussi  que les sommes reçues de la NED et de US Aid représentaient moins de 2 % du budget de RSF.

Le secrétaire général a précisé par ailleurs que les sommes venant de la NED sont réservées au soutien de journalistes africains et que, à ce titre, ne peuvent constituer une source potentielle de conflit d'intérêts. Concernant ses entrées dans le milieu des affaires, Ménard estime que cela ne limite pas la capacité de l'organisation de critiquer les grands groupes de presse lorsque la situation l'impose, s’estimant de toute façon beaucoup plus préoccupé par la situation de journalistes qui sont balancés en prison en Érythrée que par l'entrée au capital de Libération du baron de Rotschild ".

Nous n'acceptons jamais d'argent d'organisations qui cherchent à nous dicter ce que nous devons dire ou faire ", souligne Robert Ménard qui rappelle aussi  que la somme versée par la NED représente moins de 2 % du budget global de RSF. «  Recevoir de l’argent ne fait pas de RSF l’obligé idéologique de ses bâilleurs. Si tel était le cas, RSF ne dirait pas un mot sur les Etats-Unis et la dégradation réelle de la liberté de la presse depuis le premier mandat de George W. Bush ». Or, le nombre de communiqués (sur le site de RSF) par pays sur la zone Amériques (17 communiqués sur les Etats-Unis, 17 sur le Mexique, 14 sur la Colombie et 14 sur Cuba) entre le 1er janvier et le 1er septembre 2006, » démolit, une fois pour toutes, selon Ménard, l’accusation d’ « acharnement » contre Cuba.

Frank FURET

     
 

Biblio, sources...

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Critiques de RSF Encyclopédie Wikipédia

Biographie de Robert Ménard Encyclopédie Wikipédia


Washington et Reporters sans frontières contre Cuba
Salim Lamrani, 22 mars 2005

Quand Reporters Sans Frontières couvre la CIA, Thierry Meyssan, Le Grand Soir, 26 avril 2005

Pourquoi Reporters sans frontières s’acharne sur Cuba par Jean-Guy Allard et Marie-Dominique Bertuccioli, Lanctôt éditeur

Reporters Sans Frontières : une ONG de défense de la liberté de la presse au service de l'empire.
José Steinsleger / La République des Lettres, jeudi 15 mars 2007

Reporters sans frontières et ses contradictions
par Salim Lamrani, Reseau Voltaire, 27 Septembre 2006

Cuba, Internet et Reporters sans frontières
Salim Lamrani, Reseau Voltaire, 21 mars 2007

Les mensonges de Reporters sans Frontières
Salim Lamrani, reseau Voltaire, 2 septembre 2005

Reporters sans frontières et RCTV - Désinformation et mensonges
Salim Lamrani, 08.07.2007, RadioChango.com


Les vertueux correspondants de Reporters Sans Frontières au Venezuela, Communiqué des médias communautaires du Venezuela, 18 Janvier 2003

La guerre de désinformation de Reporters sans frontières contre le Venezuela, Salim Lamrani, Reseau Voltaire, 6 février 2007


Reporters sans Frontières couvre la CIA

Thierry Meyssan, Reseau Voltaire, 25 Avril 2005

Reporters Sans Frontieres, les aveux de Robert Ménard
CALVO OSPINA Hernando, VDEDAJ club

Venezuela : médias au-dessus de tout soupçon
Thierry Deronne,

 
     

     
 
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