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EDITO
Banc Public n° 70 , Mai 1998 , Catherine VAN NYPELSEER
M. Dutroux a bien choisi son moment pour s’évader. En pleine séance de la Chambre, et à la veille du sommet européen décidant du lancement de la monnaie européenne, qui réunissait le surlendemain tous les chefs d’Etat européens à Bruxelles, sous la haute protection... des forces de police belges !
L’atteinte de l’image de la Belgique à l’étranger, ça c’est quelque chose d’important qui justifie des mesures “fortes”, puisque cette image intervient dans les relations commerciales et donc dans l’économie de notre pays. Sans compter que le spectacle d’une capitale en pleine émeute aurait pu - “on ne sait jamais”, comme on dit à Bruxelles - dissuader les chefs d’Etats européens de permettre à la Belgique d’accéder à l’EURO en dépit du fait qu’elle ne satisfasse pas aux critères du traité de Maastricht, soit le seul but et le seul succès de la coalition au pouvoir, un an (maximum) avant les élections.
Mais QUI est responsable de l’évasion de l’ennemi public numéro un ? Devinez. Si!!! Pour notre frais émoulu ministre de la Justice1, relayant bêlement le procureur général de Liège (Madame Thily), c’est... le juge Connerotte ! Vous pensiez qu’il était dessaisi du dossier depuis l’arrêt spaghetti? C’est vrai, mais QUI a fait arrêter Dutroux et donc déclenché toute cette affaire ? Vous verrez qu’il terminera sa carrière comme huissier à la sous-commission des nominations partisanes pour la Justice, histoire d’apprendre les bonnes manières ! Ah mais ! C’est ter-mi-né!
Un autre gag assez génial à propos de cette évasion : avant le garde-forestier wallon, un habitant de Neufchateau d’origine marocaine avait poursuivi Dutroux dans les rues de la petite ville et l’aurait vraisemblablement stoppé s’il avait su que son arme n’était pas chargée. Ensuite, cet homme courageux se retrouva nez à nez avec le propriétaire de la Mégane que notre ennemi public n°1 venait de “carjacker”. Eh bien, celui-ci croyait s’être fait voler son véhicule par un autre “maghrébin” ! Il faudra songer à faire retirer des statistiques concernant le nombre de délits commis par des “immigrés” les crimes de Dutroux et quelques autres peut-être. A propos de la gendarmerie, elle n’est pas composée que de mauvais types comme ceux de la “hiérarchie intermédiaire” qui ont donné l’ordre à deux hommes seulement de surveiller Dutroux, alors que l’on a toutes les raisons de penser - bien que son procès n’ait pas encore eu lieu - qu’il s’agit d’un criminel dangereux, pas inintelligent, qui n’a plus grand-chose à perdre, et de plus doté de certaines capacités de manipulation psychologique.
Non, il y a aussi parmi les gendarmes des types qui, après avoir arrêté un “ras de marrée humain” de...33 illégaux tentant de passer en Grande-Bretagne (“La côte belge submergée par un afflux d’illégaux” , Le Soir du 6/5/98) s’inquiètent de ce que “on nous ordonne de mettre ces illégaux à la rue. Sans argent, sans nourriture, sans rien. Ne peut-on pas au moins prévoir un accueil social pendant vingt-quatre heures ? Généralement, ils n’ont plus rien eu à manger depuis plusieurs jours.” En effet, il s’agit peut-être même de non-assistance à personne en danger. Le procès Papon - entre autres- a rappelé qu’obéir aux ordres ne vous met pas nécessairement à l’abri d’ennuis, même très longtemps après. D’autre part, on doit hélas constater que la libre circulation tant vantée quand elle s’opposait au rideau de fer communiste ne vaut pas pour les pauvres.
Quant à ceux qui regrettent que l'arme subtilisée au gendarme par Dutroux n'était pas chargée, ils estiment peut- être qu'il n'y a pas encore assez de morts dans cette affaire? C’est tout à l’honneur de la gendarmerie d’avoir résisté à la tentation d’abattre celui qui lui cause tant d’ennuis. En France ou aux Etats-Unis, on n’en parlait sans-doute plus (et du procès non plus, par conséquent) ! C’est peut-être un résultat bénéfique des formations à la résistance à la provocation que suivent les gendarmes en vue de supporter les supporters de football ?
Catherine VAN NYPELSEER |
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Biblio, sources...
(1) “Tony Van Parys a épinglé les fautes d’appréciation des juges d’instruction (Connerotte, Langlois et Gérard), qui ont permis à Dutroux de consulter son dossier à Neufchateau. Il a même ajouté qu’il voulait changer le code judiciaire afin que de telles fautes puissent donner lieu à des procédures disciplinaires” (Le Soir du 6/5/98)
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