Karla Tucker, elle, ne méditera plus sur sa vie et ses crimes. D’autres êtres humains se sont crus autorisés à la juger indigne de vivre la fin de ses jours au Texas, un bel Etat américain bien propre sur lui, un exemple... Prenez son gouverneur Bush Jr, qui a tenu la vie de Karla, droguée, fille de prostituée, entre ses mains manucurées. Un futur président des Etats-Unis, peut-être ? A en juger par son rictus sadique lorsqu’on l’interrogeait sur sa possibilité de gracier la condamnée, il aurait d’autres perversions à faire valoir pour notre bon plaisir médiatique que celles du Président actuel... Enfin, il ne faut pas trop s'inquiéter pour Karla puisque, d'après le journal Le Soir, sa mort aura servi: à sauver les 500 autres condamnés à mort au Texas qui ne sont que des pauvres types même pas blancs, pour la plupart.
En Belgique, on prépare la manifestation du 15 février pour la poursuite de la recherche de la vérité. Blague à part, petit à petit et mine de rien, certaines personnes que l’on croyait intouchables sont méchament remises en question, comme M. Spitaels, qui fait jouer ses protections politiques pour être sûr que plus personne ne croie à son innocence. Une perversion masochiste, peut-être, d’un homme présenté pourtant comme un grand stratège politique. Mais enfin, à l’époque où il était un président respecté du parti socialiste, on présentait bien André Flahaut, qui dirigeait alors l’institut Vandervelde, comme un intellectuel. Le type qui, ministre responsable du désamiantage du Berlaymont, nous a tous rassurés sur l’inocuité du chantier en nous confiant, patelin, qu’il travaillait tout près et n’en était pas incommodé!
Quant aux affaires judiciaires, on ne les analyse plus selon des modes de preuve rationnels, mais plutôt selon la croyance dans les réseaux de pédophiles. Le témoin "Y carr" qui nous a contactés en exclusivité nous assure qu’il y a sûrement des pédophiles dans tous les milieux, et peut-être jouissent-ils de la protection de ceux qui ne croient pas à de telles perversions ? Grâce aux efforts de la hiérarchie pour dissimuler l’état de notre système judiciaire, celui-ci a pu continuer à se délabrer jusqu’au niveau que l’on a pu consater, par exemple, dans le cas de la disparition de Loubna Benaïssa à Bruxelles. Vu de l'extérieur, le retour de ce dossier à la justice bruxelloise qui l'avait classé verticalement paraît malheureux.
Il conviendrait peut-être de s’interroger sur l’utilité de la notion de secret de l’instruction. Soi-disant, il servirait l’enquête et la recherche de la vérité. En pratique, il faut bien constater qu’il s’agit plutôt d’un privilège visant à empêcher, pour leur bien sans-doute (défini d’en haut), que les citoyens ne s’aperçoivent à quel point leur justice fonctionne mal. Le secret permet toutes les manipulations, y compris de faire croire que tel dossier incrimine telle personne. D’autres formules ne sont-elles pas envisageables, qui accroitraient le contrôle démocratique sur ce service?
Mais pour avoir un pouvoir judiciaire performant il faudrait une volonté politique et donc un Etat dans lequel les citoyens s’investissent. Ce n’est peut-être pas tellement évident au moment où l’on remet en marche les vieux carroussels linguistiques. La Belgique survivra-t-elle au troisième millénaire (1999, c’est l’année prochaine...) ?
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