i).La Libye y impose son exclusivité dans l’éducation. ii) La Tunisie a entrepris une arabisation progressive de son enseignement à partir des années 70. Le ministre Mzali imposa l’arabe pour l’enseignement de la philosophie, géographie, mathématique. Le processus devait parachever l’ensemble des matières, pour agir sur les prochaines générations. iii). L’arabisation est plus brutale en Algérie. Les héritages historiques de l’école d’Alger, des prémisses de la pédagogie à Tunis au 19ème siècle, des expériences de la Sadkya, de Khaznadar, la priorité d’investissement dans l’éducation bourguibienne sont négligés, à la faveur d’une éducation officielle.. iv). Le Maroc ne disposait pas du même héritage des institutions éducatives. La défaillance publique favorisa le développement d’un secteur pédagogique privé, où coexistent les enseignements arabophone et francophone. Le français était un choix, accessible à la grande bourgeoisie. Les masses se soumettaient aux conditions de l’enseignement public, parfois coranique, parfois défaillant. L’accès à l’éducation devenait très inégalitaire. Le Ministre Laraki imposa un programme d’arabisation du système d’éducation, fortement critiqué; les conditions d’apprentissage et le niveau de l’éducation ayant fortement régressé. La volonté citoyenne divergeait de l’ambition nationale. Une nouvelle approche décomplexée permit au Maroc de se réapproprier la langue française, pour s’ouvrir aux influences de l’Europe et de la francophonie en Afrique, tout en devenant un pays attractif. v). Les pays arabe du Golfe utilisent naturellement l’arabe. Le déficit de formateurs est comblé par la coopération de professeurs étrangers. Malgré une volonté d’ouverture sur l’anglais, le niveau d’éducation laisse sceptique. La masse des étudiants n’accède pas à une qualité de qualification et de formations professionnelles intermédiaires. Une infime minorité entreprend des études universitaires aux USA. Les ambitions de nation divergent de celles de l’individu, marquant un déséquilibre sociétal. L’aristocratie dominante est coupée de ses bases, et la formation nationale contribue faiblement à l’épanouissement des peuples. vi). Le Liban fait exception. Les instituts d’études, de formation et de recherches sont présents à de nombreux niveaux, pour plusieurs domaines. Le pays des cèdres a une authentique maîtrise de la langue arabe, doublée d’excellentes compétences pour l’anglais et le français. Néanmoins, l’inégalité est réelle. v). Israël (l’ancienne Palestine) a adopté l’hébreu, bien que le pays ne se soit pas doté de Constitution. L’hébreu est une langue religieuse dont la renaissance est portée par volonté idéologique. La langue est outil de sélection, pour intégrer une communauté à la nation et tenir les postes de pouvoir. Néanmoins, la pratique sociale est exceptionnellement multilingue où l’on parle autant l’anglais, l’arabe, le russe, ou le français en raison de la diversité des migrations. Israël a grandement bénéficié d’une excellence de formation des migrants. Les centres d’études et de recherche, hautement performants, sont soutenus par les demandes d’État, qui ont fait de ce pays un grand innovateur de technologies et de méthodes.
5.2 CRITIQUES CONSTITUTIONNELLES (article 1er)
La Constitution tunisienne a défendu une identité nationale autour de la langue et de la religion.
i) L’identité se réfère à une langue officielle, aux dépens du parler quotidien ! Le dialecte des tunisiens est nié, appelé à s’effacer au dépend de lui-même, pour se fondre dans une langue nationale définie par l’État! Tout en se déclarant souverain, l’identité nationale a renoncé à l’être tunisien, pour se conformer à un autre modèle culturel, prétendu authentique, imposé à tous, qui nécessitera l’action soutenue de l’arabisation. Le dédain de soi et la référence à un autrui s’apparenteraient-ils à un symptôme historique ? Les fiers berbères (Amazigh) ont souvent combattu au service de l’idéologie d’un conquérant, pour le servir au mieux, et accepter la venue du Mahdi (fatimides), référer au sunnisme légitime (Omeyades – abbassides), conquérir l’Espagne (au nom de l’Islam), intégrer le Malékisme avec violence (dynasties berbères), se soumettre à la Porte sublime (ottomans) ou adopter le panarabisme (Ligue arabe)! L’incapacité de privilégier une réflexion autour des intérêts de son périmètre est irritante parce qu’elle choisit “pour nous tous” ce que nous devrions être, des « arabes » et des « musulmans »! Pourtant, les malheureux “ârab” sont si mal entendus dans le dialecte DARJI, associés à tous les pêchés humains, d’un sentiment certainement mêlé à l’histoire des conquérants. ii) Il n’est jamais dit l’intention de recaler la langue française. Pourtant, l’intention constitutionnelle y’est implicite. Le français, acquis dès la prime enfance dans les pays d’Afrique du Nord, est une richesse, qui a contribué à structurer la connaissance, les institutions, les méthodes. En tant que langue dominante d’une puissante culture, le français pouvait continuer à améliorer nos compétences, nos influences et notre visibilité. Or, la définition stricte autour de l’arabe recale la langue française à un projet d’épuisement dans le temps. Le pouvoir progressiste de la langue a été rejeté, au nom de sa toute puissance, et de son inégalité avec l’arabe. Cette dégradation réduit la compétence de bilinguisme naturel des tunisiens. Elle éclipse l’ambition francophone, encourage la migration d’une élite, ferme sur notre attraction, diminue les apports externes… pour quel but? Celui de flatter un égo de démagogues soucieux de légitimité? iii) L’identité nationale établit la religion de l’État. La définition des constituants se réfère à une Philosophie morale qui impose sa condition de penser à l’intime, et à la fonction publique ! L’aspiration culturelle irait jusqu’à influer sur vos épousailles, avec toutes les difficultés de l’homme pour modifier une “volonté divine”! La Loi judiciaire serait soumise à une interprétation du Livre saint selon une lecture de La Mecque ! Plus la religion est affirmée, plus les contraintes sont sacralisées, plus les oppositions sont justifiées, plus les débats sont spiritualisés, plus les imams sont légitimés. Pourquoi alors se placer dans un tel guêpier qui impose le droit islamique au dépends du droit tunisien, qui déplace la méditation spirituelle au dépends des débats intellectuels, qui établit la conviction religieuse au dépends du doute rationnel ? Cette référence religieuse contraint la neutralité de l’Etat, la Liberté de conscience, la Liberté individuelle et la souveraineté nationale. Par ailleurs, quelle interprétation religieuse s’appliquerait-elle à l’État Tunisien ? Celle des Ibn-Séoud ou des wahabites? De la Mosquée Al-Azhar du Caire ou d’un Imam réputé? Pourquoi donc ne pas référer à l’Islam ibadite des premiers berbères? Les musulmans de l’ère rustémide ne se référaient qu’au seul Coran, lequel n’impose aucune interdiction. Ils ont apporté au 9ème siècle des méthodes de gouvernance très moderne, avec l’impérative objectivité des lois. Pour Abderahman Ibn-Rustum , la vie civile devait être régie par le concret des intérêts de la communauté, pour le commerce, l’agriculture, la justice etc. Il rendait la justice et disait «si le mal ne peut être prohibée, la nuisance (violence, insulte) est sanctionnée » (chroniques d’Ibn Sghir vers l’an 900). La liberté d’interprétation permettrait d’établir une analogie sur la difficulté de prohibition “l’alcool ne pourrait être prohibé mais les conséquences de l’alcoolisme sanctionnées”. Une sévérité d’interprétation pourrait considérer la responsabilité de « circonstance aggravante, et non pas atténuante » en restant dans la cohérence de Liberté du Coran, et considérer la neutralité de l’Etat pour des citoyens libres. iv) La gouvernance basée sur une « langue officielle » et une « religion du pouvoir » ne considère pas l’hétérogénéité culturelle, ni même la dynamique sociale. Le système clos sur lui-même se referme à certaines populations locales, et ne s’ouvre pas à des compétences nouvelles, de « ceux qui voudraient nous aimer » ! La sélection n’est pas établie dans la formation et l’expérience, mais dans la langue et la religion pour une jalouse conservation de la gouvernance. Toute carrière publique passe par des compétences exclusives, qui nécessitent un enseignement arabisé, avec toutes les questions sur la formation, les programmes, références, institutions, méthodes. Les anciennes minorités, qui avaient leur enracinement historique en Tunisie, ont été ignorées. Elles ont fini par migrer vers des pays mieux disposés à intégrer la diversité de leurs origines, que de servir leur nativité. Il aurait paru incommode à un italien de vieille souche tunisienne d’adopter l’arabe littéraire et de changer de religion pour accéder à la fonction publique. Tout comme, de nouvelles promotions ne pourraient intégrer les conditions de ce pouvoir fermé. Un immigré d’Occident aurait moins de droit dans l’accès à la fonction publique, qu’un diplômé de Damas ou de Ryadh. Ces contraintes, strictes et inutiles, ont extirpé des citoyens de leur territoire, et empêchent l’intégration de nouvelles vagues. Ce « nivellement par le haut » justifie le déclin tunisien. A suivre La langue, vecteur d’influence – Déclin du français
Tout en se déclarant souverain, l’identité nationale a renoncé à l’être tunisien, pour se conformer à un autre modèle culturel, prétendu authentique, imposé à tous, qui nécessitera l’action soutenue de l’arabisation. Le dédain de soi et la référence à un autrui s’apparenteraient-ils à un symptôme historique ? Les fiers berbères (Amazigh) ont souvent combattu au service de l’idéologie d’un conquérant, pour le servir au mieux, et accepter la venue du Mahdi (fatimides), référer au sunnisme légitime (Omeyades – abbassides), conquérir l’Espagne (au nom de l’Islam), intégrer le Malékisme avec violence (dynasties berbères), se soumettre à la Porte sublime (ottomans) ou adopter le panarabisme (Ligue arabe)! L’incapacité de privilégier une réflexion autour des intérêts de son périmètre est irritante parce qu’elle choisit “pour nous tous” ce que nous devrions être, des « arabes » et des « musulmans »! Pourtant, les malheureux “ârab” sont si mal entendus dans le dialecte DARJI, associés à tous les pêchés humains, d’un sentiment certainement mêlé à l’histoire des conquérants.
ii) Il n’est jamais dit l’intention de recaler la langue française. Pourtant, l’intention constitutionnelle y’est implicite. Le français, acquis dès la prime enfance dans les pays d’Afrique du Nord, est une richesse, qui a contribué à structurer la connaissance, les institutions, les méthodes. En tant que langue dominante d’une puissante culture, le français pouvait continuer à améliorer nos compétences, nos influences et notre visibilité. Or, la définition stricte autour de l’arabe recale la langue française à un projet d’épuisement dans le temps. Le pouvoir progressiste de la langue a été rejeté, au nom de sa toute puissance, et de son inégalité avec l’arabe. Cette dégradation réduit la compétence de bilinguisme naturel des tunisiens. Elle éclipse l’ambition francophone, encourage la migration d’une élite, ferme sur notre attraction, diminue les apports externes… pour quel but? Celui de flatter un égo de démagogues soucieux de légitimité?
iii) L’identité nationale établit la religion de l’État. La définition des constituants se réfère à une Philosophie morale qui impose sa condition de penser à l’intime, et à la fonction publique ! L’aspiration culturelle irait jusqu’à influer sur vos épousailles, avec toutes les difficultés de l’homme pour modifier une “volonté divine”! La Loi judiciaire serait soumise à une interprétation du Livre saint selon une lecture de La Mecque ! Plus la religion est affirmée, plus les contraintes sont sacralisées, plus les oppositions sont justifiées, plus les débats sont spiritualisés, plus les imams sont légitimés. Pourquoi alors se placer dans un tel guêpier qui impose le droit islamique au dépends du droit tunisien, qui déplace la méditation spirituelle au dépends des débats intellectuels, qui établit la conviction religieuse au dépends du doute rationnel ? Cette référence religieuse contraint la neutralité de l’Etat, la Liberté de conscience, la Liberté individuelle et la souveraineté nationale. Par ailleurs, quelle interprétation religieuse s’appliquerait-elle à l’État Tunisien ? Celle des Ibn-Séoud ou des wahabites? De la Mosquée Al-Azhar du Caire ou d’un Imam réputé? Pourquoi donc ne pas référer à l’Islam ibadite des premiers berbères? Les musulmans de l’ère rustémide ne se référaient qu’au seul Coran, lequel n’impose aucune interdiction. Ils ont apporté au 9ème siècle des méthodes de gouvernance très moderne, avec l’impérative objectivité des lois. Pour Abderahman Ibn-Rustum , la vie civile devait être régie par le concret des intérêts de la communauté, pour le commerce, l’agriculture, la justice etc. Il rendait la justice et disait «si le mal ne peut être prohibée, la nuisance (violence, insulte) est sanctionnée » (chroniques d’Ibn Sghir vers l’an 900). La liberté d’interprétation permettrait d’établir une analogie sur la difficulté de prohibition “l’alcool ne pourrait être prohibé mais les conséquences de l’alcoolisme sanctionnées”. Une sévérité d’interprétation pourrait considérer la responsabilité de « circonstance aggravante, et non pas atténuante » en restant dans la cohérence de Liberté du Coran, et considérer la neutralité de l’Etat pour des citoyens libres.
iv) La gouvernance basée sur une « langue officielle » et une « religion du pouvoir » ne considère pas l’hétérogénéité culturelle, ni même la dynamique sociale. Le système clos sur lui-même se referme à certaines populations locales, et ne s’ouvre pas à des compétences nouvelles, de « ceux qui voudraient nous aimer » ! La sélection n’est pas établie dans la formation et l’expérience, mais dans la langue et la religion pour une jalouse conservation de la gouvernance. Toute carrière publique passe par des compétences exclusives, qui nécessitent un enseignement arabisé, avec toutes les questions sur la formation, les programmes, références, institutions, méthodes. Les anciennes minorités, qui avaient leur enracinement historique en Tunisie, ont été ignorées. Elles ont fini par migrer vers des pays mieux disposés à intégrer la diversité de leurs origines, que de servir leur nativité. Il aurait paru incommode à un italien de vieille souche tunisienne d’adopter l’arabe littéraire et de changer de religion pour accéder à la fonction publique. Tout comme, de nouvelles promotions ne pourraient intégrer les conditions de ce pouvoir fermé. Un immigré d’Occident aurait moins de droit dans l’accès à la fonction publique, qu’un diplômé de Damas ou de Ryadh. Ces contraintes, strictes et inutiles, ont extirpé des citoyens de leur territoire, et empêchent l’intégration de nouvelles vagues. Ce « nivellement par le haut » justifie le déclin tunisien.
A suivre La langue, vecteur d’influence – Déclin du français
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