â— En Belgique, 20.535 rapports d’effets indésirables des vaccins contre le Covid avaient été notifiés à l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) en juin 2021 ; sur 6.328.158 personnes ayant reçu au moins une dose d’un vaccin, 63% de ces notifications concernaient des effets bénins : douleur au point d’injection, malaise, parfois fièvre. 30% étaient des effets plus graves amenant une incapacité de travail temporaire, et 7% étaient plus sérieux. La majorité des effets indésirables connus disparaissaient le plus souvent après quelques jours.
â— 4 parmi les 170 décès considérés incriminaient directement les vaccins, dont 2 probablement liés au vaccin d’AstraZeneca, désormais appelé Vaxzervria.
â— Dès le moment où l’on administre énormément de vaccins par semaine, il y a statistiquement beaucoup de chances que ces pathologies se déclarent par hasard dans les jours qui suivent le vaccin, sans qu’il y ait le moindre lien de cause à effet : si l’on donnait du sucre à 1 million de personnes en leur demandant de signaler tout problème de santé qu’elles auraient dans la semaine qui suit, on aurait aussi un grand nombre de signalements.
â— On parle ici de risques très faibles, d’un ordre de grandeur de 1 pour 100.000 personnes vaccinées, mais que l’on était incapable de mesurer lors des premiers essais cliniques qui concernaient des groupes beaucoup plus réduits.
L’ivermectine
Plusieurs personnes argumentent que l’ivermectine aurait permis d’endiguer l’épidémie en Inde… Mais ce n’est pas le cas. Un essai clinique mené en Egypte se vantait de la grande efficacité de ce médicament pour prévenir les décès liés au coronavirus, mais cette étude s’est révélée un peu problématique au niveau de la méthodologie et n’a jamais été publiée dans les revues scientifiques.
La Tchéquie et la Slovaquie ont autorisé temporairement l’utilisation de l’ivermectine contre le covid-19, mais l’Agence européenne des médicaments estime que l’utilisation de l’ivermectine pour la prévention ou le traitement du covid-19 ne peut actuellement être recommandée en dehors d'essais cliniques contrôlés.
Aux Etats-Unis, où elle est en vente libre, l'espoir placé dans cet antiparasitaire destiné aux animaux a viré au cauchemar pour certains patients, hospitalisés après l'avoir utilisé en automédication.
Le géant pharmaceutique Merck, qui fabrique l'ivermectine, a lui-même contesté la théorie d'un effet bénéfique sur le coronavirus, expliquant qu'elle n'a "aucune base scientifique".
L’ hydroxychloroquine et Didier Raoult
Pour Didier Raoult, l’intuition ou le « bon sens » médical seraient suffisants pour décider de l’efficacité et de la sécurité d’un traitement et ce discours a servi la promotion, par Didier Raoult et son équipe de l’IHU de Marseille, du traitement du covid-19 par un antipaludéen connu de longue date, l’hydroxychloroquine (HCQ). Largement ouvert au public, dans des conditions peu respectueuses des règles de déontologie médicale, le traitement a fait l’objet d’un emballement médiatique et politique alors même que son efficacité sur le covid-19 ne reposait que sur une étude clinique contestable.
Pour Emmanuel André, Raoult a, depuis le début de la pandémie, inondé les réseaux sociaux d’informations non vérifiées et fait preuve d’un scepticisme opportuniste bien plus que scientifique par rapport aux vaccins.
La molécule est utilisée aux États-Unis ou en Belgique — dans des cas très précis — , elle ne l'est pas en Allemagne ni en Angleterre du fait de l'absence de preuves de son efficacité ; en Suède, elle a été réservée aux essais cliniques puis abandonnée. La prétendue utilisation massive (et les prétendus succès associés) de cette thérapie à l'étranger est une fausse information, tant pour la Chine que pour les États-Unis.
Les "errements" du professeur Montagnier
En avril 2020, Luc Montagnier émet l'hypothèse que le coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère à l'origine de la pandémie de covid-19, est « sorti d’un laboratoire chinois avec de l’ADN de VIH ».Cette thèse est réfutée par la communauté scientifique : les séquences « sont de tout petits éléments que l’on retrouve dans d’autres virus de la même famille ».
Depuis la fin des années 2000, cet ancien lauréat du prix Nobel de médecine multiplie les prises de position sans rapport avec les connaissances en biologie et en médecine ou parfois dépourvues de tout fondement scientifique.
Il a également avancé que les vaccins contre la grippe tueraient les malades du Covid-19, ce qui est également faux. Le professeur Montagnier s’est aussi associé à Henri Joyeux, radié de l’ordre des médecins en France, dans sa croisade anti-vaccins.
Pour Eric Muraille, le constat est sans appel : "Il n’a plus aucune crédibilité dans les milieux scientifiques .Tout ce qu’il dit n’est pas faux. Mais il y a un mélange de faits scientifiques et d’affirmations totalement erronées".
Une centaine d'académiciens des sciences et de médecine co-signent une tribune à la suite de cet événement, qui considèrent que Montagnier « utilise son prix Nobel pour diffuser, hors du champ de ses compétences, des messages dangereux pour la santé, au mépris de l’éthique qui doit présider à la science et à la médecine ». Selon la Revue médicale suisse, le professeur — «séduit par l'irrationnel » — est « renié par l'Institut Pasteur, dont il est toujours professeur émérite, et dénoncé par l’Académie nationale de médecine, dont il est toujours membre sans jamais plus y mettre les pieds ».
La vitamine C ne protège pas contre le virus
L’affirmation selon laquelle prendre de la vitamine C protège contre le virus est fausse : la vitamine C n’est pas un remède miracle contre le coronavirus. Cette rumeur a été répandue par un médecin américain. Il rapporte qu’une patiente chinoise de 71 ans a été guérie grâce à la prise de vitamine C. Or, aucune expérience publiée ne le prouve.
En effet, les vitamines, de manière générale, ne procurent aucune protection contre les infections. Elles participent en revanche à renforcer notre système immunitaire, comme c’est aussi le cas avec une bonne alimentation.
Des vaccins contre le Covid-19 développés trop rapidement ?
Les vaccins ont été développés rapidement, et c’est vrai aussi que ce sont des vaccins nouveaux, innovants, notamment pour les vaccins à ARN messager. Toutefois, ce qui a été compressé, ce sont les phases administratives de mise en œuvre des essais cliniques, pas les phases d’éthique. Les comités d’éthique ont été consultés tout à fait normalement et ont donné leur avis et leurs réponses normalement. Ce qui a permis l’accélération du recrutement, c’est la pandémie. il n’y a jamais eu autant de possibilités de recruter des patients. En effet, pour recruter 30 000 personnes, et pour voir qu’il y a une différence entre le groupe placebo et le groupe vaccin, il faut qu’il y ait une sacrée épidémie : si le virus ne circule pas, ou peu, cela devient très difficile.
Personnes vaccinées et hospitalisées.
Le vaccin serait donc inefficace, notamment face au variant Delta. Or, il suffit de regarder ce qui se passe en Israël ou au Royaume-Uni, qui subissent une vague liée au variant Delta. Lorsque l'on prend les couplages entre les cas de contamination, les hospitalisations, les soins intensifs et la mortalité, il y a justement une absence, pour le moment, de mortalité associée. Alors que parallèlement, en Russie dont la population est beaucoup moins vaccinée (environ 15 % a reçu la première dose, contre plus de 65 % au Royaume-Uni), on constate une vague de mortalité importante avec près de 800 morts par jour et une vraie vague complètement couplée, comme en Afrique du Sud où l'on voit augmenter le nombre de cas positifs et de décès.
Quoi qu'il en soit, il y a bien sûr des échappements vaccinaux, et quelques personnes vaccinées qui contractent le virus. Il y en a même qui peuvent faire des complications graves et en mourir. Mais il y a toujours une inefficacité vaccinale marginale : elle est très faible pour les vaccins contre le Covid-19, même si un vaccin n'est jamais efficace à 100 %.
Transmission
Le vaccin diminue le risque de transmission, probablement entre 60 et 80 % ; ce n'est pas du 100 %, mais au niveau de la santé publique, diminuer très substantiellement le risque de transmission contribue à diminuer le risque de propagation du virus. Donc, plus les gens seront vaccinés, plus on fera barrière à ce virus, et plus il aura des difficultés à se répandre dans la population. Toutefois, cela ne peut se faire de façon totale : il y a peu de vaccins qui soient complètement stérilisants et qui permettent de ne courir absolument aucun risque de transmettre le virus. Les vaccins contre le Covid-19 peuvent laisser passer une certaine transmission, mais ils nous protègent contre les formes graves, et c'est ce qu'on leur demandait.
Les vaccins à ARN messager modifiant notre code génétique
C'est un argument que l'on entend beaucoup. Quand on a le covid-19, un énorme brin d’ARN (qui fait 30.000 bases et pas simplement le code de la protéine spike), entre dans les cellules, prend le rôle d’ARN messager et produit des protéines à partir de notre machinerie cellulaire.
L’infection par un virus, qu'il s'agisse de la grippe, de la dengue, du chikungunya ou du covid-19, c'est de l’injection d’ARN messager. Et quand c'est dû à un moustique, cela ressemble beaucoup à une vaccination par ARN messager. Il n’y a donc rien de très nouveau, mais surtout il n’y a aucune modification de génome avec ces virus. Aucune raison d’avoir peur qu’un vaccin puisse faire quelque chose qui serait pire que le virus contre lequel on veut se battre. L’ARN messager du vaccin est détruit en quelques heures à tel point qu’il faut faire une deuxième dose. Il n’y a pas de subsistance de l’ARN messager dans les cellules au-delà de quelques heures.
Loi de Brandolini
Sébastien Diéguez, chercheur en neurosciences, pointe l'importance des indécis : si les anti-vaccination sont numériquement moins nombreux que les pro-vaccination, ils influencent davantage les indécis.
Les croyances complotistes servent aussi à alimenter le populisme scientifique et vont au-delà de la simple défiance envers la science. Le film documentaire de 2h40 « Hold-Up »de fin 2020 en est un exemple édifiant. Son discours simplificateur, à caractère conspirationniste, mélangeant le vrai et le faux, a été abondamment relayé par les médias et par les réseaux sociaux, et a ainsi participé à la désinformation des citoyens sur la pandémie de COVID-19. La croyance dans les nouvelles erronées (infox ou « fake news ») sont souvent difficiles à combattre même lorsque l’on en démontre la fausseté.
Tenter de contrer une information absurde par une argumentation rationnelle est un processus très coûteux et, comme l’énonce la « loi de Brandolini », ou principe d’asymétrie de l’argumentation, « la quantité d’énergie nécessaire pour réfuter des foutaises est éminemment supérieure à celle nécessaire pour les produire ».