Les faits reprochés sont graves : des essais cliniques de traitements contre la tuberculose non déclarés et donc illégaux. Des comptes rendus d’hospitalisation et des échanges de courriels ont révélé «que depuis au moins 2017 et jusqu’en mars 2021, l’IHU a prescrit, malgré les refus de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), une combinaison de quatre médicaments, dont l’efficacité dans le traitement de la tuberculose n’a jamais été démontrée, ni même évaluée, et qui pouvait même être toxique».
Plusieurs patients, dont un mineur de 17 ans, ont connu des complications médicales graves. Deux patients ont fini en urgence au bloc opératoire pour des complications rénales qu’on aurait pu éviter. Comme ils sont roumains, ils ne porteront jamais plainte. Ils ne se doutent même pas qu’ils ont été utilisés pour des essais interdits. Selon Médiapart, les différentes institutions concernées sont alertées et mènent leurs propres enquêtes.
Le 6 octobre, L’Express mettait à jour l’absence de déclarations obligatoires «pour au moins trois essais cliniques de l’IHU portant sur des greffes fécales». En juillet, l’hebdomadaire avait déjà dévoilé une enquête sur «des études publiées par l’équipe du célèbre professeur frôlant, voire franchissant, les limites de la loi qui encadre les expérimentations sur des êtres humains».
En mai 2020, Libération avait révélé un problème dans la fameuse étude de Didier Raoult sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine pour les patients atteints de Covid-19. «Présentée comme une simple analyse de données de soin, elle semblait relever d’une “recherche impliquant la personne humaine” (RIPH) nécessitant l’autorisation d’un comité d’éthique indépendant». Le professeur marseillais de 69 ans pourrait être rattrapé par la justice avant son départ à la retraite. Il risque jusqu’à un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende si l’infraction à la législation sur les essais cliniques est avérée.