Cette baisse a eu un impact très important, voire trop important, sur les conditions de financements des entreprises qui se sont rapidement durcies. Deuxièmement, les agences de notation ont précipité de la même façon le déclin des produits structurés; ces produits ont connu une descente aux enfers en très peu de temps, passant en avril-juillet 2008 à des notes AAA à des actifs pourris (junk bonds) en décembre 2008. Pour les entreprises comme pour les produits financiers, "les notations des agences ont davantage participé à un phénoÂmène d'accélération de la crise qu'à un phénomène d'alerte de celle-ci".
Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer ce rôle de pompier pyromane: le manque de concurrence du marché des agences (seulement trois acteurs de référence au niveau mondial); la faible transparence des agences sur leurs méthodes de notation, qui empêche les investisseurs de se poser les bonnes questions et d'apprécier eux-mêmes le risque; les possibles conflits d'intérêts entre les activités de notation et celles de conseil aux entreprises de ces mêmes agences de notation…
L'indépendance des agences par rapport aux acteurs qu'elles notent pose problème. En effet, l'affaire Enron, la crise asiatique de 1997 et la crise des subprimes ont montré que les agences de notations étaient loin d'être efficientes, surtout lorsqu'elles ont plébiscitent des produits d'entreprises qui les paient pour les noter. Mais pour certains, la compétence et l'indépendance des agences sont un fait indiscutable: aucun des procès mettant en cause leur intégrité n'a jamais abouti à une condamnation et, si certaines erreurs paraissent aujourd'hui patentes, «l'imperfection des agences serait un mal nécessaire». Pour d'autres, il est urgent que les politiques prennent en compte les risques et qu'ils changent enfin les «règles du jeu» pour rendre les agences de notation plus fiables et moins nocives.
Toujours est-il que ces agences continuent de faire la pluie et le beau temps sur les marchés financiers internationaux, alors qu'elles ont une politique de deux poids deux mesures. Elles se sont mises à donner des leçons aux gouvernements et les gouvernements européens, même les plus socialistes, se mettent à «réformer» les acquis sociaux les plus élémentaires (santé, éducation, pensions, etc.). La situation des finances publiques grecques n'est certes pas reluisante mais elle est loin d'atteindre les sommets de la dette des Etats-Unis qui, eux, bénéficient d'une belle notation AAA bien que l'endettement du pays atteigne les 160% du PIB…