Début 2012, Cristina Kirchner, présidente de l'Argentine,  a critiqué la frilosité d’YPF en matière d’investissements, qui, selon elle, oblige l’Argentine à importer du pétrole alors que le pays dispose d’importantes réserves prouvées dans son sous-sol :  la production pétrolière d’YPF était en baisse depuis 1999 (date de sa privatisation), la faute à une absence de stratégie à long terme, selon le gouvernement, qui a décidé début mars de mettre en place un cadre législatif permettant de prendre le contrôle d’YPF aux dépens de Repsol.
Concrètement, le projet de nationalisation prévoit le rachat des actions YPF détenues par Repsol. Bien que Repsol soit majoritaire (à hauteur de 57.43%), il n’est pas l’actionnaire unique. La famille Eskenazi, proche de Cristina Kirchner  et de feu Nestor Kirchner, propriétaire du groupe Petersen, est actionnaire à hauteur de 25.46%, mais elle n’est pas sujette à la procédure d’expropriation.  51% des titres reviennent à l’État argentin et 49% seront distribuées aux provinces argentines productrices d’hydrocarbures. En vertu de la Constitution argentine, ces dernières sont propriétaires des ressources naturelles présentes sur leur territoire.
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La découverte du gisement d’hydrocarbures de 30.000 km² dit de la Vaca Muerta, en novembre 2011, par YPF dans l’ouest du pays, est probablement un facteur décisif ayant conduit le gouvernement argentin à nationaliser YPF. Les réserves prouvées s’élèvent en effet à 23 milliards de barils et permettraient au pays de devenir autosuffisant en pétrole.
Pour Richard Drayton, journaliste économique au Guardian,  la fureur exprimée par le Financial Times et le Wall Street Journal semble, elle, surtout  provoquée par l'interruption d'une chaîne de  titrisation ancrée dans le monde réel via le pétrole argentin dans le monde financier, d'une part, par le biais de banques d'investissements à Londres et à New York (détenteurs de swaps et d'autres passifs liés aux dérivés Repsol/YPF), d'autre part.
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Les multinationales espagnoles ont, en Argentine, donné la priorité au rapatriement des dividendes sur l'investissement: haut rendement, actifs à haut risque, dérivés complexes. Repsol, comme toutes les compagnies pétrolières, a une double vie : d'une part, elle fait de l'argent en produisant, en transportant, en raffinant et commercialisant des produits pétroliers ou gaziers, d'autre part, elle spécule sur le pétrole  par le biais des dérivés. Les banques d'investissement sont également divisées dans leurs priorités. Parfois, elles investissent, mais plus généralement elles préfèrent s'enrichir en empruntant à faible taux d'intérêt et en prêtant à des endroits où elles obtiennent des rendements plus élevés. Ces rendements élevés signifient presque toujours des risques plus élevés et ces risques sont assurés  par le biais des dérivés  «swaps».
Dans ce monde obscur, un même groupe peut  indirectement  garantir ses propres risques, le commerce de risques devenant plus grand que l'investissement réel. La pyramide rapporte aussi longtemps qu'il y a une vache du monde réel à traire.
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Toujours est-il que le gouvernement espagnol a réagi vivement : le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Margallo, a dénoncé «un geste hostile» et a annoncé que l’Espagne prendrait une série de mesures diplomatiques, commerciales et industrielles pour y répondre. Alberto Ruiz-Gallardon, ministre de la Justice, a signalé que l’Espagne allait retirer à l’Argentine son traitement préférentiel en matière d’investissement. Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a quant à lui déclaré que l’expropriation d’YPF mettait fin au climat d’amitié entre les deux pays.
L’affaire a également suscité  beaucoup de réactions sur la scène internationale. En Europe tout d’abord, où les institutions communautaires et les pays membres de l’UE ont condamné la décision de l’exécutif argentin. Des mesures de rétorsion telles qu’un relèvement des droits de douanes sur les produits argentins ne sont pas exclues. De même l’UE envisage de déposer une plainte devant l’OMC au nom de l’Espagne, puisqu’elle dispose de la compétence exclusive en matière commerciale.