?> Un diagnostic à revoir ?
Un diagnostic à revoir ?

Banc Public n° 206 , Janvier 2012 , Frank FURET



Pour l'économiste Pierre Larrouturou, les remèdes des gouvernements européens contre la crise ne soignent pas le mal, mais l'aggravent. Les solutions pour sortir de cette crise existent pourtant, mais une "oligarchie" s'oppose, selon lui, à leur mise en place.

Pour Larrouturou, globalement, tout ce que l'on fait depuis quatre ans ne marche pas et aggrave le problème, parce que le diagnostic est faux. Les pays qui se sont engagés dans l'austérité rentrent, ou sont rentrés, en récession depuis lors. Citant l’exemple américain, il explique que pendant 30 ans, avant l’arrivée de Reagan au pouvoir (en 1981), il n’y avait besoin ni de dette privée, ni de dette publique pour nourrir l’économie. Durant cette période, il y a eu un équilibre social: ce qui allait aux actionnaires, ce qui allait aux salariés était à peu près équilibré, constate-t-il. Mais, depuis l’arrivée de Ronald Reagan, depuis le succès des politiques libérales, nos pays ont besoin de dette parce que l’on a consenti trop de baisses d’impôts pour les plus riches et que ce qui va aux salaires est trop bas. Dès lors, ce que l’on ne donne pas par le salaire, on le donne par le crédit, ce qui a créé une immense dette privée. Larrouturou évoque ici la politique de Roosevelt, qui fonctionnait avant le tournant néolibéral. Roosevelt  déclarait en 1936: «Ils avaient commencé à considérer le gouvernement des États-Unis comme un simple appendice à leurs affaires privées. Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé».

Pour Larrouturou, nous sommes dirigés par une petite oligarchie qui ne pense qu'à ses intérêts; on prête aux banques à des taux 500 fois inférieurs à ceux des prêts accordés aux Etats. La Banque centrale européenne a prêté 480 milliards au taux de 1%. Les banques sont aidées à des taux plancher au nom de la crise, quand les Etats doivent payer des intérêts de 4 à 7%, au nom de cette même crise. Ce "deux poids, deux mesures" est inacceptable, dénonce Pierre Larrouturou. Si l’on est capable de prêter de l’argent aux banques à de tels taux, qu’est-ce qui empêche de le faire pour les Etats, pour qu’ils puissent financer les services publics qui bénéficient à toute la population?

Frank FURET

     
 

Biblio, sources...

 

On peut prêter aux Etats européens à du 0,02% sans changer les traités

23 décembre 2011, Pierre Larrouturou , www.larrouturou.net


 
     

     
   
   


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