Pour améliorer l'ambiance, ce sous-traitant d'Apple, qui produit 24 millions d'iPhone, a organisé à Shenzen une «fête anti-suicide» durant le mois d'août. 20.000 jeunes (certains sont embauchés dès 16 ans) salariés costumés ont eu l'honneur de scander des slogans et de lever des pancartes prônant l'amour de la vie et de la famille. Dans la «chouette usine», comme la nomme affectueusement Steve Jobs, le grand patron d'Apple, les conditions de travail contrastent un peu avec les images sympas de la sauterie: à Shenzen, plus de 300.000 ouvriers travaillent à la chaîne entassés à 10 par chambrée. On y travaille 12 heures par jour, 6 jours par semaine pour un salaire mensuel de base 105 euros. Les erreurs des employés et des ouvriers sont sanctionnées par des amendes, des violences de vigiles zélés ou l'interdiction de communiquer dans plusieurs services de l'usine.
Le groupe a mis en place un service de conseil téléphonique ouvert 24h/24 et des consultations avec des psychologues, invité des moines bouddhistes à lever le mauvais sort, et ouvert une salle de stress où les employés munis de battes peuvent déverser leur frustration sur des mannequins. Une musique douce devrait bientôt accompagner les chouettes journées passées au chouette atelier… Des filets anti-suicide posés sous les fenêtres des dortoirs n'ont néanmoins pas empêché d'autres voltiges.
Après avoir longtemps nié un quelconque lien entre les morts et les conditions de travail, le patron milliardaire de l'usine de Shenzen Terry Gou vient d'annoncer une augmentation substantielle des salaires.
Gou a aussi annoncé à ses actionnaires que les indemnités aux familles ne seraient plus versées en cas de suicide. C'est que depuis l'été 2009, Foxconn verse 3.500 euros par an à la famille d'un homme de 25 ans qui s'était jeté de sa fenêtre après avoir subi un interrogatoire musclé par les gardes de sécurité du groupe, suite à la perte d'un prototype de l' iPhone 4. Dorénavant, les ouvriers devront signer un papier ôtant toute responsabilité à la société.
