$startRow_categb = $pageNum_categb * $maxRows_categb; ?> AMÉRIQUE LATINE Conflit frontalier et bruit de bottes
AMÉRIQUE LATINE Conflit frontalier et bruit de bottes

Banc Public n° 301 , Janvier 2024 ,



C’est au nord-est de l’Amérique du Sud que le feu couve, plus précisément entre le Vénézuéla et le Guyana


 

 

 

Si tout le monde connait le Vénézuéla, en revanche la connaissance du Guyana, seul pays anglophone de l’Amérique du Sud continentale, est souvent peu précise. En fait, il s’agit de l’ancienne colonie de la Guyane anglaise (1) qui partage sa frontière ouest avec le Vénézuéla.

 

D’une superficie de 215.000 km2 et comptant une population de 800.000 habitants, il ne fait guère le poids avec les 28 millions d’habitants du Vénézuéla.

 

 

 

Les deux voisins ont un conflit séculaire portant sur l’appartenance d’une province du Guyana, l’Essequibo, situé à l’ouest du fleuve du même nom, qui compte 120.000 habitants pour une superficie faisant plus de 60% de son territoire (160.000 km2 ).

 

Le Vénézuéla prétend que cette province lui appartient et se réfère, pour justifier sa position, aux limites de la colonisation espagnole qui s’arrêtait en 1777 au fleuve en question.

 

Les Guyaniens estiment quant à eux que c’est le territoire, dont ils ont hérité des Anglais lors de leur accession à l’indépendance en 1966 et qui va au-delà du fleuve, qui leur appartient.

 

A la fin du XIXe siècle, pour résoudre le conflit latent, le Vénézuéla et le Royaume-Uni, puissance coloniale administrant la Guyane anglaise, s’adressèrent à une commission d’arbitrage (composée de deux Américains (2), deux Anglais et un président russe) qui décida que le territoire à l’ouest de l’Essequibo devait revenir au Royaume-Uni. La Guyane anglaise devenue Guyana hérita donc du territoire contesté en 1966.

 

Depuis lors, le conflit ne s’est guère apaisé puisque le Vénézuéla, essentiellement pour des raisons procédurales, ne reconnait pas la sentence arbitrale. Quant au Guyana,  il a intégré le territoire contesté dans sa constitution.

 

Toute cette affaire a été ravivée récemment par le Vénézuéla qui a organisé un référendum sur l’appartenance de la province contestée dont l’issue ne pouvait faire de doute, puisque 90% des Vénézueliens se sont prononcés sur l’appartenance de l’Essequibo au Vénézuéla. Les habitants du Guyana et de la province contestée n’ont pas été consultés.

 

Ce référendum n’est pas venu par hasard et parait lié directement à la politique intérieure du Vénézuéla et à son président qui doit faire face à une contestation interne de plus en plus importante, d’autant que les élections ont lieu l’année prochaine.

 

Pour le président MADURO, la réactivation de la revendication de l’Essequibo lui permet d’allumer un contrefeu et de faire appel au sentiment nationaliste vénézuélien.

 

Par ailleurs, récemment, on a découvert que la façade maritime de la province était très riche en hydrocarbures, ce qui ne manque pas de renforcer la convoitise du voisin.

 

Les deux protagonistes ne sont pas seuls, puisque le Vénézuéla est soutenu par la Russie – qui est très lointaine cependant et qui ne pourra l’aider si la situation militaire dégénérait- tandis que le Guyana est soutenu par les Etats-Unis qui ont déjà dépêché quelques avions et organisé des manœuvres communes prévues de longue date, parait-il.

 

Enfin, le Brésil, l’état dominant d’Amérique du Sud, a froncé les sourcils et s’oppose à toute agression ou guerre en Amérique du Sud et l’a fait savoir aux deux adversaires.

 

Bref, sauf coup de force toujours possible du Vénézuéla, et sous la pression du Brésil et des Etats-Unis, les adversaires devraient négocier en particulier sur le droit d’exploitation de champ pétrolifère de Stabroek, dans la zone maritime du Guyana et de sa province contestée.

 

Le 15 décembre, les deux protagonistes se sont rencontrés à Saint-Vincent- et- les- Grenadines, ont réaffirmé leurs postions et ont exclu tout recours à la force.

 

 

 

Dernière minute

 

Au moment de boucler cette édition, la situation s’était aggravée. En effet, le Royaume-Uni venait d’afficher son soutien au Guyana, son allié et membre du Commonwealth, en en- voyant un navire de guerre sur zone, en fait un patrouilleur faiblement armé, au grand dam du Vénézuéla qui a crié à l’agression et a massé plusieurs milliers de militaires à la frontière. Cela étant, les deux pays n’ont guère les moyens de passer à la phase supérieure du conflit armé d’autant que le Vénézuéla est en négociation avec Washington pour l’allègement des sanctions pétrolières. 

     
 

Biblio, sources...

 

1. A l’est du Guyana, on trouve l’ancienne Guyane hollandaise, dénommée Surinam, qui jouxte elle-même la Guyane française, département français d’outre-mer.

 

2. Le Vénézuéla avait confié la défense de ses intérêts aux états-Unis qui, à l’époque, défendaient les états d’Amérique contre les puissances colonisatrices.

 
     

     
   
   


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