Pour l’économiste keynésien James Galbraith, croire que l’extraction des produits toxiques qui bloqueraient les circuits de l’intermédiation financière, accompagnée par un plan de relance «classique», va suffire à relancer la «machine», est une hypothèse très optimiste. Imaginer la relance par le crédit une fois «réparé» le système bancaire, n’est qu’une illusion, et l’intervention de l’Etat devrait selon lui changer de dimension.
Galbraith rappelle l’ampleur des efforts déployés par Roosevelt pour enrayer la crise de 1929: la mobilisation sociale l’avait amené à réduire le temps de travail tout en augmentant les salaires, les allocations sociales et les droits des travailleurs, notamment en garantissant le droit de syndicalisation. Avec le New Deal, Roosevelt avait mis en place une réforme fiscale qui augmentait les prélèvements sur le capital; 60% des chômeurs employés par les grands travaux de l’Etat, un milliard d’arbres plantés, 2.500 hôpitaux, 45.000 écoles, 50.000 enseignants, 13.000 parcs et terrains de jeux, 7.800 ponts, plus d’un million de km de réseau routier et un millier d’aéroports construits ou rénovés. Sans oublier l’embauche de 3000 écrivains, musiciens, sculpteurs et peintres.... Roosevelt avait donné du travail aux Américains sur une vaste échelle, ramenant le taux de chômage à des niveaux qui étaient tolérables, même avant guerre, revenant de 25% en 1933 à moins de 10% en 1936. En 1937, lorsque Roosevelt a tenté d’équilibrer le budget, l’économie avait rechuté à nouveau, et en 1938 le New Deal avait été relancé. Cette fois encore, le chômage avait été ramené à environ 10%, dès avant la guerre.