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Corruption passive ?
Banc Public n° 176 , Janvier 2009 , Frank FURET
Au moment où la question du «retour à l’Etat» est presque partout posée, comment ne pas se demander quels intérêts il sert ? En janvier 2008, l’ancien premier ministre britannique Tony Blair a été recruté par la banque américaine J.P. Morgan Chase comme conseiller à temps partiel. Un temps partiel assez correctement rémunéré: 1 million de livres sterling par an (1,06 million d’euros). J.P. Morgan aurait-elle été si généreuse avec Mr Blair si, lorsqu’il résidait au 10 Downing Street, il avait pris des mesures honnies par les banques, en vue, par exemple, de prévenir un effondrement financier?
Gerhard Schröder est, lui, devenu en mars 2006, moyennant 250.000 euros par an, conseiller d’une entreprise de pipe-lines, filiale de Gazprom, qu’il avait lui-même promue du temps où il était chancelier d’Allemagne. On peut aussi devenir patron d’une très grande entreprise. Conseiller économique influent de M. Barack Obama, Robert Rubin est passé de la présidence de Goldman Sachs au ministère des finances, puis du ministère des finances à la direction de Citigroup. Ministre français de l’économie, des finances et de l’industrie de 2005 à 2007, Thierry Breton s’est toujours démené pour que la fiscalité sur les hauts revenus devienne plus ‘’attractive’’. A présent président de la société de services informatiques Atos, après un an passé au service de la banque Rothschild, il va recevoir «un salaire annuel fixe de 1,2 million d’euros, une part variable pouvant aller à 120 % du fixe à objectifs atteints, qu’il a souhaité en fait plafonner à 100 %.. » Chez nous, la liste des ministres, secrétaires d’état, sénateurs, parlemenÂtaires et autres attachés de cabinet passés par la haute finance et l’industrie belge est longue: on rappellera que Gaston Eyskens fut président de la Kredietbank et réviseur de la Banque diamantaire anversoise, Jean-Pierre DuÂvieusart avocat conseil de la banque de Bruxelles, Wilfried Martens, actuel administrateur de Begemann, fut membre du conseil de surveillance de Philips, Jean-Luc Dehaene président du conseil d’administration de Lernout & Hauspie, administrateur de Corona-Lotus (biscuits), de Domo, Umicore, Telindus, Seghers Better Technology Group, Interbrew et Dexia. Didier Reynders a été président de la SEFB Bank, administrateur de Carmeuse coordination center, de la CIWLT-compagnie internationale des wagons-lits, d’Uhoda International et d’Invest Services.
Frank FURET |
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