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Un renard à la garde du poulailler?
Banc Public n° 176 , Janvier 2009 , Frank FURET
Aux USA, les démocrates reprochent au gouvernement Bush la débâcle financière d’octobre. Barack Obama a promis d'établir un programme politique tout autre, qui servira les intérêts du commun des mortels.
Mais le gouvernement Clinton a notoirement contribué au développeÂment de cette politique de cupidité et d'irresponsabilité tant décriée par le nouveau président des USA. Le Financial Services Modernization Act (FSMA ou loi de modernisation des services financiers) de 1999 a incité à abroger le Glass-Steagall Act de 1933. Le Glass-Steagall Act, pilier du «New Deal» du président Roosevelt, avait été instaurée en réponse au climat de corruption, de manipulation financière et de «délit d’initié» qui mena à la faillite de plus de 5.000 banques dans les années qui suivirent le krach de Wall Street en 1929. Dans le cadre du Financial Services Modernization Act de 1999, le contrôle effectif de l’ensemble du secteur des services financiers des États-Unis (incluant les compagnies d’assurance, les fonds de pension, les titres, etc.) a été cédé à une poignée de conglomérats financiers et à leurs associés, les fonds spéculatifs (hedge funds).
Pendant que les médias bêtasses n’en finissent pas de commémorer l’élecÂtion d’un «homme de couleur» à la maison blanche, Obama a choisi Timothy Geithner, ancien fonctionÂnaire des Finances du gouvernement Clinton, comme secrétaire au Trésor: celui-ci est directeur général de la Banque de la Réserve fédérale de New York (FRBNY), la plus puissante institution financière privée d’AmériÂque, qui joue un rôle crucial en coulisses dans la mise au point de la politique financière. Geithner a travaillé pour Kissinger Associates et fut aussi en poste au FMI. Il agit pour le compte de puissants financiers derrière la FRBNY.
Geithner a été sous-secrétaire au Trésor chargé des Affaires internatioÂnales entre 1998 et 2001, adjoint successivement de Robert Rubin (qui a imposé avec le FMI un traitement de choc aggravant les crises survenues en Asie du Sud-Est en 1997-98, puis en Russie et en Amérique latine en 1999) et de Lawrence Summers (qui avait joué à l'époque un rôle clef dans le lobbying au Congrès pour l’abrogation du Glass Steagall Act), qui sont ses mentors: autant de symboles des ravages de l’ultralibéralisme, qui a connu de graves crises durant cette période. Les mesures préconisées par ce trio ont fait payer le coût de la crise aux populations de ces pays. Va-t-il continuer à soutenir les grandes institutions financières privées et les politiques économiques néo-libérales qu’il a toujours défendues avec véhémence, ou va-t-il contribuer à «dompter Wall Street» et à «neutraliser les marchés financiers» comme Barack Obama l’a promis ?
Frank FURET |
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