?> La remontée prochaine des taux d’intérêts bouleversera notre niveau de vie
La remontée prochaine des taux d’intérêts bouleversera notre niveau de vie

Banc Public n° 196 , Janvier 2011 , Frank FURET



Pour Michel Santi, le contexte global de taux d’intérêts ridiculement bas en vigueur depuis trente ans a encouragé le consommateur à emprunter. Ces taux à bon marché ont agi à la manière d’un écran de fumée en masquant au citoyen moyen une réalité faite de revenus stagnants et de renchérissement du coût de la vie contrebalancés par un accès illimité à du crédit facile, qui donnait l’illusion d’un pouvoir d’achat stable et d’un luxe virtuel. Aux Etats-Unis, le taux d’épargne a dégringolé de 12% en 1975 à 1,2% en 2006 pendant que les endettements des ménages, eux, flambaient de 68% de leurs revenus en 1977 à 128% de leurs revenus en 2007. Ces taux d’intérêts excessivement bas ont donc intégralement financé l’essor des trente dernières années. Nous leur devons également la bulle des valeurs technologiques (2000) et la bulle immobilière (2007) dont nous sommes toujours en train de payer  le prix...

 


«En cédant aux sirènes de la corporation financière», poursuit Santi, «en admettant cette politique monétaire hyper laxiste, les Etats  eux aussi, ont cédé à la facilité. Comment en effet auraient-ils pu financer autrement leurs déficits budgétaires astronomiques, leurs sauvetages bancaires et – accessoirement – leurs appétits guerriers?»
Revers de la médaille, ces sommes d’argent colossales créées à partir du néant depuis trois décennies n’ont pas seulement servi à consommer à vide; tout cet argent volatilisé ou immobilisé masque en réalité une déficience criante d’investissements durables et destinés au bien public. C’est ainsi qu’une étude récente du McKinsey Global Institute chiffre ce besoin d’investissement dans nos pays Occidentaux à 20.000 milliards de dollars ces trente dernières années.

Les Etats-Unis se retrouvent en tête de ces nations développées souffrant cruellement d’investissements inadéquats, car leurs industries et autres secteurs du primaire et du secondaire tombent en complète décrépitude pendant que des Etats comme la Floride disposent d’une maison sur deux inhabitée… La Société des ingénieurs civils US vient de déplorer l’état des infrastructures du pays en estimant à 2.200 milliards de dollars les besoins pour les remettre à niveau. Une étude du gouvernement fédéral est par ailleurs parvenue à la conclusion que la capacité routière américaine avait augmenté de seulement 8% en 20 ans, alors que l’usage des réseaux routiers avait doublé sur la même période. Dans une ville comme Londres, 40% des conduites d’eau ont plus d’un siècle et 10% datent encore du début du 19e siècle.

«Les besoins internationaux en infrastructures – y compris dans les pays émergents – sont pharaoniques. Et le monde devra très prochainement faire face à une augmentation hyperbolique des besoins en investissements et en infrastructures» poursuit Santi, «et ce à un rythme équivalent à celui de la reconstruction entamée après la seconde guerre mondiale». Notre monde douillet de confort facile est sur le point de disparaître car le loyer de l’argent va subir une surenchère constante tant de la part de ceux qui seront demandeurs de ces investissements que de la part de nos Etats endettés jusqu’au cou. La baisse de notre niveau de vie sera en outre amplifiée par l’austérité mise en place par des Etats aux abois… Il faudra donc apprendre à faire plus avec moins de moyens.

 

Frank FURET

     
 

Biblio, sources...

 

«La remontée prochaine des taux d’intérêts bouleversera notre niveau de vie», Michel Santi, AgoraVox, janvier 2011

«Mondialisation, sortir des

 
     

     
   
   


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