La dette triplement illégitime ?

Banc Public n° 204 , Novembre 2011 , Frank FURET



Au-delà de son caractère socialement inacceptable, l’austérité, mise en ½uvre par tous les pays européens, est économiquement stupide. Dans une Europe économiquement intégrée, dans laquelle les clients des uns sont les fournisseurs des autres, l’austérité généralisée est porteuse d’une logique récessive qui est déjà en route et qui touchera tous les pays. Une spirale absurde est en train de se mettre en place: pour réduire les déficits, les gouvernements mettent en ½uvre des plans d’austérité drastique, ceux-ci vitrifient l’activité économique, ce qui réduit les recettes fiscales… et accroît les déficits, justifiant ainsi de nouveaux tours de vis qui aggraveront encore la situation.
La crise financière et la récession qui a suivi ont évidemment joué leur rôle dans l’accroissement des déficits (perte de recettes fiscales, dépenses supplémentaires avec les plans de relance et le sauvetage des banques). Le choix des plans d’austérité montre que les gouvernements ont choisi de faire payer la note à la population.

Pourtant, la dette ne date pas de la crise financière. Avant celle-ci, son accroissement a été dû essentiellement aux cadeaux fiscaux faits aux ménages les plus riches et aux entreprises, notamment les plus grandes. En France, en l’absence des cadeaux fiscaux, le déficit budgétaire n’aurait été que de  3,3% en 2009 au lieu de 7,5% - la France connaissant même, dans ce cadre, un léger excédent budgétaire en 2006, 2007 et 2008. Paul Champsaur et Jean-Philippe Cotis, dans le Rapport sur la situation des finances publiques d’avril 2010, estiment «qu’en l’absence de baisses de prélèvements, la dette publique serait environ 20 points de PIB plus faible aujourd’hui qu’elle ne l’est en réalité, générant ainsi une économie annuelle de charges d’intérêts de 0,5 point de PIB».
Une logique imparable s’est donc mise progressivement en place. Les ménages les plus riches bénéficient d’allègements fiscaux conséquents - que ce soit en matière d’impôt sur le revenu ou d’une imposition moindre de leur patrimoine et des revenus de ce dernier. Ils dégagent ainsi des liquidités qu’ils peuvent prêter à l’État qui en a justement besoin à cause de ces allègements fiscaux et qui leur verse une rétribution pour cela. Ils touchent un double "dividende": moins d’impôt et plus de rente. La dette est donc fondamentalement inacceptable car elle représente un transfert financier de la grande masse de la population vers les plus riches. C’est la grande masse des contribuables qui, à travers la fiscalité, paye la charge de la dette et c’est elle qui en subit les conséquences avec la réduction des dépenses publiques. Les États et l’Union européenne se sont ainsi mis volontairement sous l’emprise des marchés financiers.


Frank FURET

     
 

Biblio, sources...

«Sortir du piège de la dette», Pierre Khalfa, co-président de la fondation Copernic, 13 septembre  2011

 
     

     
 
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