$startRow_categb = $pageNum_categb * $maxRows_categb; ?> Les banquiers sont sympas…
Les banquiers sont sympas…

Banc Public n° 209 , Avril 2012 , Frank FURET




Dans son dernier livre, Antoine Peillon, grand reporter au journal La Croix,  montre comment la banque suisse UBS organise depuis la France un système massif d’évasion et de fraude fiscale vers les paradis fiscaux. Peillon estime à 590 milliards d’euros l’ensemble des avoirs français dissimulés dans les paradis fiscaux, dont 220 milliards appartenant aux Français les plus riches (le reste étant le fait des entreprises). Environ la moitié de ce total (108 milliards) serait dissimulée en Suisse, la dernière décennie voyant fuir environ 2,5 milliards d’avoirs par an.


 

Depuis 2000, UBS France aurait soustrait en moyenne 85 millions d’euros au fisc français chaque année, ce qui montre son importance, mais souligne également combien d’autres établissements bancaires, y compris français, participent à ce genre d’activités.

Ces donnés incitent Peillon à estimer à 30 milliards d’euros le manque à gagner de recettes fiscales dû à la fraude internationale, soit un peu plus de 10 % du total des recettes. De son côté, la Commission européenne estime l’importance de la fraude fiscale de l’ordre de 2-2,5 % du PIB des pays européens, soit pour la France de l’ordre de 40 à 50 milliards d’euros au total dont 15-20 milliards de fraude internationale.

Environ 120 chargés d’affaires suisses seraient présents clandestinement en France pour démarcher les grosses fortunes françaises, ce qui est rigoureusement interdit par la loi, mais réalisé, d’après Antoine Peillon, en toute connaissance de cause par la maison mère d’UBS en Suisse. Chaque commercial est muni d’un document, le manuel du Private Banking, « véritable guide en évasion fiscale ». Ces commerciaux un peu particuliers   utilisent les mêmes techniques que celle constatées aux USA par la justice américaine: UBS organise des évènements mondains auxquels ils invitent clients et prospects parmi les milieux du spectacle, du sport et des affaires ;  on y trouve notamment les noms de footballeurs connus, d’un  haut responsable du football international, d’un navigateur, d’un auteur réalisateur de cinéma et de Liliane Bettencourt (qui a aussi utilisé les services de BNP Paribas - la banque d’un  monde qui change…– afin de combler ses désirs d’évasion).

Antoine Peillon est sûr de ses sources: des cadres éc½urés d’UBS en France, en Suisse et les services secrets français. Les preuves dont ils disposent ont visiblement été transmises à plusieurs autorités de régulation, dont l’autorité de contrôle prudentiel en charge de la surveillance du comportement des banques. Le parquet a été saisi mais ne bouge pas, assurant une forme de protection aux gros fraudeurs. C’est pour lever cette impunité que le journaliste a décidé d’écrire ce livre.

Frank FURET

     
 

Biblio, sources...


Ces 600 milliards qui manquent à la France. Enquête au coeur de l’évasion fiscale, Antoine Peillon, Seuil, 2012.

 
     

     
   
   


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