ASSOCIATIONS BELGES
Elles se réclament des parents divorcés, ou de l’intérêt de l’enfant. Bien que composées d’une majorité de pères, les associations belges ne clament pas une revendication de « genre » . Les difficultés familiales concernent aussi certaines mères, les grands-parents, une branche familiale de l’enfant. En région néerlandophone sont le mieux connus le BGMK, SBO, GOUDI, la section flamande des F4J ; en région francophone, sont principalement présentes les associations du MBEP, La Mouette, le CDP, le collectif des pères de Charleroi, la section belge de SOS papa, cap enfance, j‘aime-papa-j‘aime-maman; une association en région germanophone.
Le « Mouvement belge pour l’égalité parentale » créé en 1988 promeut l’idée d’égalité du couple dans le divorce. Le principe paraît élémentaire. Pourtant, la pratique montre une inégalité des parents, lourde de conséquences. Le mouvement milite pour améliorer le dispositif juridique, faire entendre les difficultés du divorce et de ses conséquences. Il contribua à l’adoption de la Loi sur l’autorité parentale conjointe. Dès 1989, il sollicitait dans son cahier revendicatif, la « déjudiciarisation des affaires familiales » , « l’objectivation des pensions alimentaires » , « le tribunal des familles » … Après vingt ans, ces projets commencent à prendre cours de réalisation institutionnelle. Comment justifier ces retards?
TRAUMAT DE L’INCESTE
Les associations ont ½uvré dans un contexte médiatique particulier. Au cours des années 1996-2002, les médias furent très sensibles à l’idée de l’enfance abusée, victime de pédocriminalité. Les assassinats de Lubna, de Julie et Melissa, d’Ann et Eifje, de Stacy et Nathalie… ont profondément traumatisé les opinions publiques. Une « marche blanche » manifesta une féroce protestation contre les enlèvements et l’exploitation sexuelle, conduisant à la création et au renforcement d’institutions de protection de l’enfance : « Child focus » - « délégation aux droits de l’enfant » - « Service de protection et d‘aide çà la jeunesse ». Malgré ce dispositif d’alerte et de protection, les affaires Dutroux - Fourniret - Aït Oud ont continué à peiner les consciences.
Dans ce contexte ultra-médiatisé, les belges furent très alarmés par les peurs de l’inceste, de l’exploitation sexuelle et des réseaux de pédophilie. Il devenait quasi-proscrit de donner de l’affection à son enfant. Les dérives sont observées dans les procédures de divorces devant les tribunaux. Nombreuses mères et conseils déloyaux ont exploité ces peurs. Tandis que la Justice n’a pas toujours su garder sa sérénité. Les accusations/ suspicions devaient conduire à des mesures de protections, visant à évincer les pères de leurs enfants ! Beaucoup ont payé ce prix, les dérives d’un réel traumatisme social. Privés de leurs enfants, malgré leur peine perdue, ces pères tentent de se regrouper en comité pour obtenir une reconnaissance de leur préjudice de fausses accusations.
TRAUMAT DE LA PEUR
Les problématiques familiales trouvait une place médiatique et l’implication d’un intérêt judiciaire. Les affaires de rapts parentaux (internationaux), d’exécutions forcées, d’arrestations / emprisonnements, de contributions alimentaires non payées ou de violence conjugale … sont médiatisées, dans le sens de l’émotionnel où, souvent, l’injustice des femmes est mieux entendue. Les difficultés d’ordre privé donne une résonnance aux anxiétés et renforcent les préjugés. Elles finissent le plus souvent par dénoncer les hommes, ces pères de familles.
Du « traumat de l’inceste » au « traumat de la peur » se banalise la rumeur utilisée comme outil de faire-valoir devant un juge, visant à évincer un parent. Les accusations, même fantaisistes ou imaginaires, procurent l’avantage de préjuger en justifiant les mesures sécuritaires et les prononcés discriminatoires. Au nom du Roi sont légalisées des conditions inconstitutionnelles: interdisant à un citoyen le droit de se rapprocher d’un domicile, de téléphoner ou de quitter les environs d’un domicile; obligeant un tel autre à se défaire de son passeport personnel pour exercer son droit de visite … Que de patrouilles policières se trouvèrent confrontées aux dilemmes de l’exécution judiciaire pour savoir: si le trottoir fait-il partie de la plaine de jeu; si la maison de grand-mère fait partie des environs d‘un domicile; s‘il faut d’abord récupérer les passeports ou les enfants; s‘il faut procéder à l‘arrestation musclée d‘un parent énervé…
La Belgique se remet peu à peu de ses traumatismes. Les services publics ont nettement mieux conscience des fausses accusations. Des excès et des abus se constitua une expérience, un code de conduite policier et judiciaire, mieux cohérent avec la personne humaine, et une méthodologie qui mérite à être vulgarisée.
INTERPELLATION MEDIATIQUE
Les obstructions à la parenté appelaient à une contestation des règles, qui passe par une revendication de la rue. Les associations - Centre des droits Parentaux (CDP) - Collectif des pères - SOS Papa - ne manquent pas d’exprimer leur mécontentement à chaque occasion. Ils manifestent leur déception citoyenne à l’occasion de la fête nationale du 21 juillet ; leur sortie de pères à l’occasion de la rentrée des classes de septembre; leurs créances affectives pour la St-Nicolas ; leur noël de familles désunies pour le 26 décembre ; le martyr des pères suicidés pour la Daddy’s pride du 25 mars ; leur journée internationale de l’aliénation parentale pour le 25 avril; leur « fête des pères » pour le deuxième dimanche de juin.
La fête des pères est tout un symbole. Depuis 2002, face au théâtre de la Monnaie à Bruxelles, un mouvement hétéroclite de parents porte un thème de manifestation : « jamais-sans-papa » pour évoquer les atteintes psychiques sur la construction de l’enfant. En 2003, le rassemblement des « pères oubliés » eu un retentissant écho grâce à un reportage de la RTBF et un article de presse les « papas tiroirs caisses ».  Ce passage fit entendre la problématique auprès des belges. La diffusion télévisée sur le réseau de la francophonie renforça l’écho international, avec des appels solidaires d’Afrique du Nord, d’Afrique de l’Ouest, de la Réunion. L’importance des appels montre l’intense complexité des douleurs familiales. En 2004, le rassemblement « maisons sans pères » devait sensibiliser sur l’absence de référence masculine dans l’identité citoyenne. Elle impliquait les comportements de violence et de mal être chez les jeunes adolescents. La question de la rupture parentale est une constante des observations, évoquée dans l’action 2005 « 20% d’enfants privés d’un parent ». En 2006 les slogans « capotes citoyennes » ou «berceaux vides » soulevaient la question du renouvellement démographique. Les élections de 2007 donnèrent l’occasion de porter une revendication publique pour un « Ministère de la famille et de la jeunesse ».
Les médias n’ont pas souvent été présents à ces manifestations. Les évènements de l’actualité - élections ou libération de Florence Haubenas - prenaient toujours la priorité sur les actions. Cependant, le pouvoir reste manipulateur. Il donne échos aux revendications de pères, dans la mesure où leurs demandes vont vers le sens souhaité. Le rassemblement de 2009 exprime par dérision la non reconnaissance des « nez rouges » pour dire que les « pères ne seraient que des clowns » !
Le groupement « jaime-papa-j’aime-maman » est l’initiative de jeunes enfants qui revendiquent leur droit de garder leurs deux parents. C’est l’expérience individuelle d’un enfant qui ne pouvait pas rencontrer son papa. Malgré ses demandes, à chaque fois, il était confié à sa mère considérée mieux apte. Plusieurs fois l’enfant fugua pour retrouver son papa, mis en famille d’accueil, fuyant la police alors que le juge confirmait un hébergement chez la mère, avec l’obligation de paiement d’une pension alimentaire. Le journal d’enfant indique les souffrances de l’adolescent, qui a 18 ans, créa l’association pour rassembler les enfants victimes des conflits parentaux.
D’autre parents déchirés par l’injustice des situations familiales mènent leurs revendications individuelles, gèrent des sites, tentent d’interpeller les médias, les institutions le Roi, le Ministre... Outre la grande pauvreté, certains parents sont tombés dans la démence, se sont suicidés ou se laissent mourir.
D’autres agissements de parents désespérés font l’actualité des faits divers de chaque semaine… L’un d’entre-eux s’appelait Farid Bamouhamad, que les média ont retenu comme « farid le fou ». La collectivité n’a pas eu de compréhension pour ce père qui ne pouvait plus rencontrer sa fille. Cette privation est une violence à laquelle Farid répondit par la violence selon son code de pensée constitué par les années d’emprisonnement. A ce jeu de violence, l’Etat se plait à faire valoir qu’il est le plus fort. Il est probable qu’avec moins de virilité et d’autorité judiciaire, l’affaire aurait été résolue dans un meilleur intérêt pour le père et l‘enfant. A ce jour, l’idéal démocratique n’entend pas soutenir la solidarité des mouvements de parents.
PARTICIPATION PUBLIQUE
Prises au piège de ne pas avoir les moyens de répondre aux demandes, les associations de pères n’ont pas la reconnaissance publique malgré leur expérience civile de parents secondarisés et la pertinence de leurs appréciations des difficultés familiales. La mise en place d’un fonds de recouvrement des pensions alimentaires est un bon exemple. La loi fut adoptée à l’unanimité en 2003. L’antenne bruxelloise du « Mouvement pour l’Egalité Parentale » fut la seule structure à s’opposer à ce projet de loi. Une plate-forme « créalim » revendiquait le droit de récupérer les pensions alimentaires, tandis que les membres du MEP appelaient à une « justalim ». Après de multiples difficultés et pressions, sous l’autorité du Ministère des finances, fut mis en place le fonds du SECAL, chargé de récupérer les pensions alimentaires, dont les sommes varient de 10 à 500.000 ¤. Sont le plus souvent concernés, les gens à petits revenus (cpas – mutuelle – chômage - emploi précaire), menacés dans leur survie. Certains en sont décédés, d‘autres dans la démence. Les conditions de récupération et les montants récupérés ne sont pas connues tandis que le SECAL fait sa promotion dans le but d’augmenter le nombre de dossiers et obtenir un budget conséquent de la collectivité. Un généreux projet de relever le montant des interventions et un budget d’étude sont en cours de réalisation par les secaliens tandis que l‘avis des sécalotes, victimes du SECAL, n’est pas considéré. Même les CPAS sont rangés du coté des sécaliens et sans obligation à l’égard des sécalotes. Une étude et un audit extérieur donnerait une meilleure vérité sur ce fonds.
L’échec qui conduisit à la mise en place d’un fonds de créance enseigna aux associations de pères, l’intérêt de participer aux débats en commission de la chambre. Pour la première fois en 2004, le député Guy Swennen invita les associations de pères à débattre sur le projet de loi d’hébergement partagé. Malgré de puissantes oppositions, la loi sur le principe de l’hébergement partagé fut adoptée en juillet 2006 avec une grande satisfaction internationale. Les opposants à cette loi ne désarment pas, puisque l’actuel secrétaire d’Etat aux familles est guidé pour solliciter une étude d’évaluation sur l’application de la loi.
La participation publique des associations de parents divorcés s’est poursuivi, avec les Etats-généraux de la famille, sous l’autorité d’Isabelle Simonis en 2004 et de Gisèle Mandela en 2005. Les travaux ont été suspendus en 2007 et les associations de pères furent écartées, malgré leur cumul d’expérience de justiciables, la pertinence de leurs connaissances sur l’éclatement familial, la gestion des conflits… Les associations de pères pouvaient apporter leur précieuse contribution sur les projets d’un tribunal des familles, l’appréciation des tribunaux (paix – première instance - référés – jeunesse), le SECAL etc.
AIDE AUX DIVORCES
Le divorce et la rupture avec les enfants sont une des plus fortes peines psychologiques. Plus élevées que le deuil ou le chômage. Elle s’apparente à un deuil impossibles et se conjugue parfois, au chômage, à la faillite, à la rupture, à l’isolement… Les hommes en instance de divorce réfléchissent seul… Aucune structure publique n’a la compétence d’aider ces parents en crise. Dans un sens plus large, la nécessité de soutenir des individualités devient un intérêt de santé publique. Dans une société de plus en plus atomisée, les groupements d’aide sont une ébauche que l‘autorité devra soutenir.
L’antenne Bruxelles du « Mouvement pour l’Egalité Parentale » fut une expérience unique. Initiative de fonds propres, active de 2001 à 2006, elle organisait un accueil pour parents divorcés; réunions hebdomadaires; conférences/débats mensuelles; travail de recherches thématiques; thérapies (de couples et de groupes). i) En recevant les parents en difficultés conjugales ou en procédures judiciaires, la structure saisissait le degré de satisfaction parentale vis-à -vis des décisions judiciaires. ii) Les réunions/soirées de parents divorcés leur permettaient de se retrouver dans un cadre convivial pour échanger avis/ conseils sur les questions familiales et les procédures judiciaires. La diversité des expériences, parfois contradictoires, stimulait une originale dynamique du débat, dans un esprit d’amitié, de solidarité et de partage. iii) Les conférences/débats - groupes d’études posaient des réflexions thématiques dont la question de « l’aliénation parentale » a fini par être la mieux connue. iv) Les thérapies de groupes dévoilaient de profonds traumatismes et contribuaient à diminuer les sentiments de souffrance et de violence intérieure qui affectaient ces parents.
Le « Centre des Droits Parentaux » succéda à l’antenne de Bruxelles, continuant à apporter une assistance individuelle aux parents en crise mais sans disponibilité d’un local. La contribution passe par l’écoute et les recommandations ; puis, l’accompagnement dans la définition d’une stratégie, la rédaction d’une synthèse, la collaboration avec des experts et des avocats… La démarche est toujours défensive. La structure refuse de se prêter au jeu des dénonciations et des calomnies qu’elle condamne. Parmi les outils, le CDP propose des processus de médiations –négociations - réunions (programmées et minutées) - consultations psychologiques –thérapies (couple, individuelle, groupe) … qui permettent d’aboutir à des solutions. L’expérience est fort utile mais la performance ne saurait se réaliser sans une délégation d’autorité par le juge.
GESTION DES CONFLITS
Concernant la gestion des conflits, l’expérience recommande la conceptualisation d’une « Théorie de décision », qui passe par une identification de l’intensité conflictuelle… La décision judiciaire devenant l’essentiel de l’enjeu conflictuel, le décisionnaire s’appuie-t-il sur un travail de fonds et de prospection ? A-t’il une connaissance réelle des difficultés du couple et de leur encadrement? L’intensité conflictuelle est-elle établie et quels risques de dérapage?… Le meilleur des accords provenant de l’approbation des parties, le décisionnaire construit-il ou délègue-t’il les moyens de parvenir à des accords ? Le travail des avocats collabore-t’il dans cette logique? Les experts disposent-ils de moyens pour parvenir à ces accords? Actuellement, la responsabilité des experts est déléguée pour « avis ». Ils utilisent des méthodes inadéquates, voire contestables, n’assument ni la responsabilité, ni le poids, ni les implications de leur avis. Ce qui est intolérable. L’autorité et la responsabilité de l’expert pour dégager une solution font défaut. Il paraît nécessaire d’associer les experts dans le processus de décisions qui passe par une autorité et une responsabilité. Cette logique de responsabilisation est positive car elle nourrit les aptitudes des meilleurs experts pour résoudre les difficultés familiales, contribuer à définir une méthodologie cohérente et efficiente.