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L'eau, les malins et les sots
Banc Public n° 180 , Mai 2009 , Frank FURET
Pourquoi l’eau en bouteilles est-elle mille fois plus chère que l’eau du robinet ? se demande Jacques Neyrinck, chercheur, enseignant et politicien Suisse qui a demandé la promulgation d’une loi visant à l’abandon de la production, de l’importation, de l’exportation, de la distribution et de la vente d’eau potable en bouteilles.
Son argumentation tient en trois scandales: scandale écologique d’abord, puisque, du fait de son emballage et de son transport, sa consommation suppose une dépense d’énergie mille fois plus importante que celle de l’eau du robinet. Et ce sans présenter le moindre avantage comparatif, ni en termes gustatifs, ni en termes sanitaires. Un scandale publicitaire ensuite, puisque les mensonges les plus grossiers sont émis pour vendre ce produit. Un scandale politique enfin, parce que les pouvoirs publics restent totalement inertes devant le problème et ne prennent même pas la peine de répondre aux attaques proférées contre l’eau du robinet qu’ils gèrent eux-mêmes. L’eau en bouteilles est le symbole d’une société folle où les malins exploitent les sots.
Aux USA, minérale ou pas, l'eau en bouteille coûte cher. Le New York Times estime qu'une année de consommation peut revenir jusqu'à 1.400 dollars, contre 49 cents seulement pour l'eau du robinet. Pourtant "l'eau en bouteille n'est pas nécessairement plus propre ou plus sûre que l'eau du robinet", affirme, étude scientifique à l'appui, le Conseil de défense des ressources naturelles (NRDC), selon qui la réglementation ne suffit pas à assurer la pureté de l'eau en bouteille. Autre angle d'attaque, le gaspillage des emballages: selon l'Earth Policy Institute, il faut 1,5 million de barils de pétrole par an pour fabriquer les bouteilles consommées par les Américains. Si l'on ajoute à cela l'énergie nécessaire au transport - les eaux les plus prisées venant de France, d'Italie ou des îles Fidji - l'empreinte écologique grimpe très vite.
Le jour même où une commission parlementaire rejetait à une large majorité l’initiative du député suisse, l'industrie de l'eau en bouteilles publiait le communiqué suivant: "Interdire la vente d’eau en bouteille de PET serait très dommageable à l’économie et irait à l’encontre du principe de la liberté de choix des consommateurs".
Frank FURET |
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Biblio, sources...
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