Les données du programme Copernicus de surveillance de l’atmosphère montrent qu’au cours de la saison estivale, la vitesse du vent a été à plusieurs reprises la plus basse jamais recensée depuis le début des archives en 1980.
La variabilité propre au fluide atmosphérique * explique l’essentiel des anomalies constatées à cette échelle de temps (quelques mois), le changement climatique semble également y contribuer pour partie. En effet, la tendance de long terme révèle une décroissance significative des vents de surface à l’échelle mondiale, dont l’Europe.
« Les tendances de la vitesse du vent près de la surface à travers le monde ont révélé que les vents se sont généralement affaiblis au-dessus des terres au cours des dernières décennies », note Paul Williams, professeur et chercheur en sciences atmosphériques à l’Université de Reading (Angleterre). « Cela suggère que le phénomène fait partie d’une véritable tendance à long terme, plutôt que d’une variabilité cyclique ».
Selon le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat), dont le dernier rapport sur les bases physiques est sorti le 9 août dernier, la vitesse du vent en Europe devrait décroître de 10 % supplémentaires d’ici à 2100 les mois d’été dans un scénario optimiste où le réchauffement est limité à 1,5 °C. On doit cette évolution au reflux vers le nord du courant-jet polaire et à la diminution du contraste thermique entre le pôle et les tropiques.
Avec une élévation plus importante des températures, l’anomalie de vitesse du vent serait encore un peu plus marquée. Or, de tels déficits en mouvement se concrétisent par une production d’électricité éolienne anormalement basse. En mars dernier, la Grande-Bretagne a ainsi connu sa production la plus faible depuis plus d’une décennie. En septembre, le pays a même dû remettre en route certaines centrales à charbon pour pallier une trop faible production.