Selon une étude du parti Ecolo, la région wallonne avait déjà investi 1,9 milliards à Bierset depuis 1989, et l’Europe 440 millions, alors que les redevances aéronautiques perçues depuis 1990 ont représenté... 11 millions.
L’administrateur-directeur de la S.A.B.1, société dépendant du holding public Meusinvest, un certain Luc Partoune, a alors prospecté en vue de trouver des firmes intéressées par son aéroport flambant neuf. Pour obtenir le contrat avec les deux sociétés, il a évidemment fallu leur proposer des conditions meilleures que celles dont elles jouissaient à l’aéroport de Cologne, distant d’à peine plus de cent kilomètres.
Alors qu’elle y disposait d’une autorisation pour vols de nuit jusqu’en 2002 et craignait sa révision, parce que la population tentait d’obtenir une plage horaire de nuit de deux heures libre de tout vol, TNT aurait obtenu à Bierset, selon des déclarations faites à la presse allemande, une autorisation de vols de nuit jusqu’en 2015!
La région wallonne va encore investir 2,7 milliards d’investissements complémentaires (aménagement de la deuxième pistes aux normes CAT III, nouvelle tour de contrôle) d’ici juin 1998, pour deux milliards d’investissements privés (centre de tri de TNT, qui sera bien sûr robotisé)
Pour le comité d’habitants Net Sky qui vient de se constituer et compte déjà 250 membres, et qui a calculé le nombre de mouvements d’avions sur base des estimations de la SAB en matière de fret, il y aura en moyenne 8.000 décollages et atterissages par an soit 60 mouvements par nuit, un vol toutes les huit minutes. Selon TNT elle-même, il y aura, à partir de 1998, 32 vols par nuit.
Les maisons vont perdre de leur valeur. Il y aurait 10.000 habitations et 54.000 habitants concernés environ, si l’on tient compte d’un rayon de huit kilomètres, prolongé dans l’axe des pistes. Certaines personnes envisagent déjà de déménager, mais les communes avoisinantes continueraient à délivrer des permis de bâtir comme si de rien n’était, alors qu’elles connaissaient, d’après l’étude d’Ecolo, les projets de développement de l’aéroport depuis 1992.
Net sky va organiser plusieurs actions : elle projette notamment le dépôt d’une plainte en justice, basée sur le non repect de la procédure européenne d’étude d’incidences et l’absence d’autorisation d’exploitation. Elle va également organiser une visite à l’aéroport de Cologne, pour que les habitants puissent constater par eux-mêmes les nuisances provoquées par TNT.
A part cela, les contre pouvoirs sont difficiles à trouver.Les organisations syndicales (FGTB et CSC) ont également travaillé depuis deux ans au projet d’installation de TNT à Bierset, et un véritable chantage à l'emploi est réalisé. Le président des Métallos liégeois, René Piron, parle de 2.000 emplois à moyen terme, dont un minimum de 350 emplois directs, pour le terminal. Mais pour le comité d’habitants, une partie de ces emplois - les plus intéressants - seront occupés par des employés déplacés de Cologne (TNT a déjà demandé des formations en français pour ses cadres... au FOREM!), et il ne restera que 200 emplois pour TNT, plus 50 à durée déterminée pour la CAL, dont les activités sont semestrielles. D’après Ecolo, les emplois de nuit à TNT sont des emplois “irréguliers et à temps partiel, de 3 à 4 heures par nuit, pour des étudiants, jobistes et intérimaires, pour un salaire brut de 22.000 F/mois”.
Pour un investissement qui atteindra finalement 7,5 milliards, le rendement paraît assez faible. Sauf peut-être pour ceux qui pouront placer leurs affidés comme manutentionnaires? En tous cas, le milieu politique rivalise d’efforts actuellement pour revendiquer la paternité de ce mirobolant contrat (L’hebdomadaire Dimanche matin prétend que Jean-Pierre Grafé, vice-président du conseil d’administration de Bierset, “n’était pas au courant des tractations que ses deux collègues, Collignon et Lebrun, menaient avec TNT”, à quoi l’hebdomadaire Père Ubu répond, preuves à l’appui, dans son numéro du 7 mars, qu’il y a bien participé).
Lorsque les habitants auront pris conscience des nuisances, et que le bilan en termes d’emplois réellement créés sera établi, l’émulation ne sera sans doute plus la même!
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