Elle estime que l'Europe est un peu KO. En 2009, quand elle était à Londres pour le contre-G20, les médias étaient avec les associations; même Gordon Brown, alors premier ministre britannique, s'empressait de dire qu'il était de leur côté.
Le monde était alors à un cheveu de la catastrophe. Pour Susan George, «le G20 a parlé des paradis fiscaux, de l'emprise des marchés financiers, de l'emploi, de l'environnement, etc. Et puis une fois que les banques ont été sauvées, tout cela a complètement disparu. Le G20 et le G8 bricolent des solutions pour sauver les banques une deuxième fois. Et puis rien. Les gens pensent peut-être que leurs dirigeants sont en train de sauver la Grèce ou l'Espagne. C'est complètement faux, ils sont en train de sauver les banques qui ont acheté de la dette grecque ou de la dette espagnole. Il ne s'agit pas de faire quoi que ce soit pour les peuples. Non seulement on sauve les banques une seconde fois, mais qui le fait? Ce sont les peuples, par l'amputation de leur retraite, la baisse de leur salaire, la mise à pied de fonctionnaires. Pourquoi les gens aujourd'hui n'arrivent-ils pas à se regrouper? Les gens ont vu que cela ne marchait pas, que le néolibéralisme ne fonctionnait pas. Mais ils continuent comme si cela fonctionnait… La mayonnaise de la contestation ne prend pas».
Pour que cela prenne, « il faudrait que les gens fassent des alliances, comme essaye de le faire Attac: par exemple des partenariats sur les taxes financières avec des syndicats et diverses organisations – Secours catholique, Comité catholique contre la faim et pour le développement, Oxfam, Les Amis de la Terre… des essais de fédérer le monde syndical, caritatif, associatif, écologique. C'est la bonne piste, personne n'est en mesure de gagner seul. »
Pour elle, la première décision à prendre par un pouvoir politique, devrait être de prendre le contrôle des marchés financiers, des banques qui font la pluie et le beau temps: il faut les mettre sous tutelle. Elle laisserait les banques échanger des devises, mais elles seraient taxées sur les transactions. Elle interdirait l'accès à la plus grande partie des dérivés, particulièrement aux dérivés «nus», qui permettent de s'assurer pour quelque chose qu'on ne possède pas. Ce marché est colossal. C'est 600.000 milliards par an. L'investissement va dans les produits financiers sans passer par l'économie réelle. Il faut selon elle réinstaurer une loi Glass-Steagall, adoptée aux Etats-Unis après la crise de 1929, puis annulée sous l’ère Clinton, pour séparer les activités de crédit et d'investissement.
Elle estime aussi qu'il faut du protectionnisme mais au niveau européen, pas au niveau français. Cette doctrine, le libre-échange, a été lancée à une époque où le marché, le territoire, le droit et le capital avaient les mêmes limites. Mais un système dans un monde où le capital va à sa propre vitesse et où le droit est inexistant met tous les travailleurs en concurrence. Elle est donc favorable à un protectionnisme raisonné.
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