Au Proche-Orient, les révoltes de ces derniers mois peuvent être considérées comme les premières révolutions  menées par le précariat, par une jeunesse insatisfaite qui exige un avenir plus sûr et plus gratifiant professionnellement. La Grèce a suivi elle aussi, avec son mouvement Den plirono  -‘’Je ne paierai pas’’- et ses manifestations géantes.
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Le précariat mondial, traversé par des divisions internes et rassemblé uniquement par la même peur et le même sentiment d’insécurité, est-il une classe en devenir, où se forme la conscience d’une vulnérabilité partagée ? Il ne rassemble pas seulement tous les travailleurs précaires, même si beaucoup de ses membres sont intérimaires ou à temps partiel dans des centres d’appels ou d’autres sociétés de sous-traitance. Le précariat réunit tous ceux qui ont le sentiment que leur vie et leur identité ne sont qu’un assemblage de morceaux épars, sur  lequel ils ne peuvent bâtir un récit séduisant ni construire une carrière en combinant de manière durable différentes formes de travail et de labeur, de loisirs et d’oisiveté.
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Le précariat ne se compose pas seulement de victimes, puisqu’ils sont nombreux en son sein à remettre en cause l’éthique du travail de leurs parents. L’expansion du mouvement se trouve toutefois accélérée  par la mondialisation néolibérale, qui a consacré la flexibilité du marché du travail, la marchandisation de toute chose et la restructuration des systèmes de protection sociale.