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Il a développé fin des années ‘90 un concept d'agriculture qui utilise l'espace en hauteur, où sont cultivées diverses plantes, avec des animaux de ferme, utilisation de fourrage, recyclage des déchets, récupération des eaux, production d'énergie... Au final, il développait un écosystème autonome, capable de fournir une production de fruits et légumes pour nourrir une importante population locale.
L'AGRONOMIE URBAINE
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La municipalité de New-York encouragea les projets de jardins potagers, qui exploitaient l'espace au sol ou en hauteur afin de produire des végétaux. A l'honneur d'un nouveau genre de production, l'agriculture s'immisçait dans la ville, où le citadin entremêlait volontiers son habitat à la végétation. Des coins d'agriculture s'établissaient dans les lieux ensoleillés, au sol et sur les toits d'immeubles, en balcons et en terrasses suspendues, sur les murs et en gouttières, pour finalement faire rayonner la ville d'une luxuriance nouvelle. Les citoyens renouaient avec les anciennes racines agraires, pour s'approprier l'alimentation et l'appréciation des goûts, pour produire, au rythme des saisons, des plantes aromatiques, des fruits et des légumes.
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Quelques professionnels et associations avaient contribué à la promotion d'un état d'esprit agricole, pour cultiver dans tous les espaces, en mettant à disposition une riche documentation sur les méthodes et les soins des plantations - pour prohiber les pesticides en faveur des cycles de cultures -, les techniques de récupération des eaux et de leur traitement biologique (phyto-épuration),  le recyclage et la production de compost,  l'énergie solaire et le biogaz, la contribution des insectes volants et la production de fruits,  l'intérêt de ruches d'abeilles et la pollinisation des fleurs,  les récoltes de miel et de légumes...
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COHÉRENCE ECONOMIQUE
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L'idée américaine était de produire sur les lieux d'habitation, pour amener l'exploitation agricole au cœur des villes. Elle contribuerait aux besoins alimentaires d'une humanité en croissance, pour répondre aux défis agricole et écologique. L'idée de production locale n'est pas nouvelle. De tout temps, la survie de l'homme fut liée aux potentialités de son espace. Néanmoins, cette règle économique nous est rappelée paradoxalement, par une riche puissance agricole, qui ne craint pas le spectre de la famine!
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L'intérêt de l'agriculture urbaine s'est concrétisé dans la conscience publique de certaines grandes villes : Chicago, Montréal ou Singapour, avec le soutien de la technologie et l'argumentation des sciences, pour emprunter des connaissances à la physique et aux sciences humaines et sociales. Une maximalisation d'usage de l'espace citadin, pour produire en hauteur et sur les toits, contribuer à l'alimentation et satisfaire les besoins, au plus près des lieux de vie et de consommation. L'usage de ressources locales et le recyclage organique, la récupération de chaleur et la production d'énergie, la gestion de l'eau et le renouvellement des ressources... favoriseront l'autonomie et le développement durable. La production urbaine et la consommation locale contribueraient à réduire l'empreinte écologique  et à sauvegarder la planète, en freinant les besoins d'extension des surfaces agricoles et la déforestation.
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La réduction du nombre des intermédiaires économiques diminuerait les obligations d'usage de la distribution, du transport et de la réfrigération, des technologies polluantes et de leurs émissions en CO2.
Elle améliorerait encore le cadre social et les rapports humains, par un contact direct de la production à la consommation, de citadins qui redécouvrent l'enthousiasme de l'espace végétal  et de l'environnement, et qui témoignent de la satisfaction et du bien-être d'un retour aux sources.
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PROJETS EN DEVENIR
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Après les plantations verdoyantes des toits de New-York, de grandes métropoles industrielles d'Amérique ou d'Asie ont développé des projets de fermes verticales, avec des méthodes intensives. En Europe, les "tours jardins" n'ont fait qu'une timide apparition. Nos cités européennes ont de vieilles traditions agricoles. Elles ont longtemps été parsemées de champs, de pâturages, vivant une proximité de l'agriculture pour nourrir la ville. Cependant, la ceinture agricole a constamment reculé sous la pression urbaine. La tertiarisation des activités économiques, l'urbanisation croissante, la facilité des transports, les technologies de conservation... ont sans cesse repoussé l'agriculture loin des villes, parfois, à l'autre bout du pays, du continent, ou du monde. Les villes ont développé une expérience de jardins à fleurs, tandis que l'agriculture urbaine était  cantonnée à quelques potagers privés.
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Notre région de Bruxelles a longtemps gardé ses racines agricoles. Il existe encore à Ganshoren une ancienne et dernière ferme, qui résiste exceptionnellement à la pression urbaine. Cette symbolique de la culture agricole et du patrimoine végétal ne tiendra pas face aux intérêts du m2, à la pression du logement, des défis économiques pour la ville. L'ancien bourgmestre avait fait installer quelques vignes, des ruches, un enclos d'animaux de ferme. L'expérience a probablement séduit le voisinage, mais elle nous a aussi fait prendre en pitié ces animaux exposés en permanence à la pollution des automobiles. L'aménagement de fermes urbaines ou de bâtiments agricoles dans la ville aux iris ne présente pas encore de rationalité opportune face aux ambitions fédérales de capitale européenne.
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QUELS APPORTS?
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La production agricole est un fondement nourricier de l'humanité, qui porte un mode culturel. Pourtant, le monde de l'agriculture demeure assimilé à un méprisable mythe, à déconstruire, sur la pauvreté et la faiblesse de l'éducation. Les citadins les plus pauvres, particulièrement dans les pays africains, sont des ruraux qui ont gardé leurs habitudes d'entretenir une autoproductionde légumes et d'animaux, en vue de satisfaire leur propre consommation. Les fragments d'une culture agricole sont visibles dans les lopins de Darou-Salam à Dakar, ou sur les toits de grandes villes comme le centre du Caire. Les familles les plus démunies entretiennent des enclos d'animaux et des bacs de plantes pour l'autoconsommation.
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L'agriculture urbaine a l'avantage d'offrir des légumes frais, qui évitent les emballages, mais elle ne peut certainement pas produire toutes les espèces végétales. Certains aliments n'ont pas intérêt à être cultivés en ville. Les carottes, les pommes de terre, le riz ou le blé sont des produits solides, de bonne conservation, qui ne perdent pas facilement leur qualité nutritive, et requièrent des surfaces au sol et une biomasse importante. Il en va de même pour l'élevage, qui nécessite des pâturages et des soins hygiéniques dont la proximité perturberait la santé des citadins. La crise asiatique de la grippe aviaire fut un exemple des risques à courir. Imaginerait-on des citadins élever leurs animaux d'étable comme chiens et chats? Ceci est parfaitement possible, car tous les animaux sont dotés d'une intelligence affective. Cependant, les esprits seraient-ils disposés à consommer leurs animaux domestiques? Ceci est moins certain, avec une forte préoccupation de déshumanisation.
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Les produits de l'agriculture urbaine apportent une contribution économique, mais ils ne disposent pas de l'argument maître de la compétitivité commerciale. La réduction des coûts du transport, de l'emballage, du stockage ou de la qualité nutritive ne permet pas de croire à une rentabilité économique du produit. Il n'est ni moins cher, ni même meilleur. Cependant, la production de l'agriculture urbaine a une fonction humaine et un intérêt collectif non négligeables. Elle permet d'identifier plusieurs vocations d'intérêt général en lien avec l'amélioration du cadre de vie, la contribution à l'intégration sociale et au bien-être mental.
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