Pour Eric Toussaint, président du CADTM Belgique (Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde) cette décision est inacceptable: alors que tous les dogmes néolibéraux ont été battus en brèche et la supercherie qu'ils représentaient a été mise à jour, et que la situation économique se détériore rapidement, les grands argentiers du monde s'efforcent de garder la main et de donner à un FMI délégitimé le rôle du chevalier blanc qui va aider les pauvres à faire face aux ravages de cette crise. Or, remarque Eric Toussaint, c'est tout le contraire qui se passe. Les principes défendus par le FMI depuis les années 1980 et combattus par le CADTM depuis sa création sont toujours de mise. Les gouvernements qui signent un accord avec le FMI pour se voir prêter des fonds, doivent appliquer toujours les mêmes recettes frelatées qui aggravent la dégradation des conditions de vie des populations.
Sous la pression du FMI, la Lettonie a imposé une baisse de 15% des revenus des fonctionnaires, la Hongrie leur a supprimé le 13e mois (après avoir réduit les retraites dans le cadre d’un accord antérieur) et la Roumanie est sur le point de s’engager aussi dans cette voie. La potion est tellement amère que certains gouvernements hésitent. L'Ukraine a récemment jugé «inacceptables» les conditions imposées par le FMI, notamment le relèvement progressif de l'âge de mise à la retraite et la hausse des prix du logement.
Pour le CADTM, après avoir dilapidé les caisses de l’Etat pour venir en aide aux banques faillies, nous renforçons les moyens du FMI qui préconise au gouvernement belge de s’attaquer à l’indexation des salaires et des allocations sociales par rapport à l’évolution du coût de la vie.
Pour le CADTM, il faut tourner le dos aux choix néolibéraux et mettre en ½uvre un vaste plan de création d’emplois: rénovation et construction de logements, transports publics, enseignement, sant… Il faut nationaliser Fortis (voire Dexia également) et récupérer le coût du sauvetage effectué en 2008 sur le patrimoine des grands actionnaires et des administrateurs.
L’Etat doit aussi entamer des poursuites légales notamment contre les grands actionnaires et les administrateurs responsables du désastre financier, afin d’obtenir à la fois des réparations financières (qui vont au-delà du coût immédiat du sauvetage) et des condamnations à des peines de prison si la culpabilité est démontrée. Il faut une nouvelle discipline financière, ouvrir les livres de comptes des entreprises à des audits externes (notamment aux délégations syndicales) et lever le secret bancaire.
Il faut règlementer tous les produits financiers. Il faut interdire aux particuliers et aux entreprises d’avoir quelque actif ou transaction que ce soit avec ou dans un paradis fiscal. Il est nécessaire de lever un impôt de crise sur les grandes fortunes. Alors que le capital s’est taillé la part du lion dans le revenu national au cours des 25 dernières années, il faut augmenter fortement la part qui revient aux salaires. Il faut arrêter les privatisations et la déréglementation pour, au contraire, promouvoir les biens et services publics, transférer la production et la distribution de l’énergie du secteur privé vers le secteur public, ce qui permettrait de favoriser les énergies renouvelables et de sortir du nucléaire.
Enfin, il faut aller dans le sens de la réduction radicale du temps de travail avec maintien du salaire et embauche compensatoire. Ce qui permettrait d’améliorer les conditions de travail, de créer de l’emploi de qualité et d’assurer le financement des retraites en augmentant le nombre de cotisants sans allonger l’âge du départ à la retraite.
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