?> IN MEMORIAM Jean-Louis VAN NYPELSEER* 1921-2019
IN MEMORIAM Jean-Louis VAN NYPELSEER* 1921-2019

Banc Public n° 276 , Avril 2019 , Catherine VAN NYPELSEER



Cette fois-ci, toi qui a été présent tant de fois pour nous, tu n'es plus là.

La brièveté de l'intervalle de temps qui nous sépare de ton décès, au soir du samedi 30 mars 2019, me permet toutefois de m'adresser à toi une dernière fois comme si tu pouvais m'entendre.


 

 

Je le fais en pensant à ceux que tu aimais, dont beaucoup sont présents aujourd'hui, ceux qui comme moi t'ont perdu à jamais.

Comme un chêne que l'on finissait par croire indestructible, tu as traversé les ans et fini par dominer la forêt dont tu étais entouré. J'étais si fière de pouvoir dire autour de moi que mon papa travaillait encore à 94 ans !

Pourtant, tu avais perdu tout jeune ton père, médecin comme toi, et tu avais dû tracer ton sillon dans la vie sans beaucoup de moyens, notamment pendant la période terrible de la deuxième guerre mondiale. A rebours de beaucoup d'imbéciles –criminels-, toi qui adorais l'intelligence, tu étais judéophile…

Tu n'as pas pu réaliser dans ta vie tout ce que tu avais espéré, notamment la thèse universitaire qui t'aurait permis de demeurer dans ce qui était à l'époque un temple du savoir vivant. Ton éjection, consécutive à cette incapacité, par un recteur qui ne croyait pas à la psychanalyse (ni à la psychologie) fut une terrible blessure pour toi qui avais été président du Cercle du Libre examen.

Tu as parfois reporté tes ambitions sur tes enfants dont tu surévaluais les qualités, ce qui pour ma part m'a quelque peu compliqué la vie. Je me souviens qu'à l'enterrement de ton meilleur ami, le professeur Georges Goriely, tu m'avais présentée à des "frères" Francs-maçons comme "ma fille Catherine, elle est… la compagne de Michel Legrand !" (le président du Gerfa), ne trouvant malheureusement, et à juste titre, rien d'autre de valorisant à dire sur moi, qui traversais à l'époque la vie en sous-marin, de dépression en dépression…

Ces derniers mois, après que tu aies attrapé cette foutue pneumonie qui a sournoisement dissimulé ses symptômes et ne t'a fait ni tousser ni éprouver de la fièvre - ce qui lui a permis de te fragiliser trop longtemps avant d'être éradiquée - je me suis investie de plus en plus auprès de toi et j'ai ressenti un grand bonheur à cette intimité retrouvée.

Je croyais naïvement pouvoir contribuer à te tirer d'affaire, comme je l'avais fait avec Maman, Lucienne Cox, dans des circonstances médicales proches.

Hélas, je n'ai pas réussi cette fois-ci. La vie est fragile…

Profitons de ceux que nous aimons et qui nous aiment, tant que nous le pouvons. Mon compagnon, qui t'appréciait beaucoup, a failli périr avant-hier, écrasé par sa voiture qui a dévalé seule la pente du garage derrière lui, alors qu'il rentrait de son travail vers minuit, comme d'habitude. Heureusement, c'est un muret de la copropriété qui a tout pris.

Papa, je t'aime ! Je t'aimais.

CVN **

*Jean-Louis VAN NYPELSEER était membre du GERFA depuis 29 ans.

**Catherine VAN NYPELSEER est la rédactrice en chef de Banc Public, qui ne parait exceptionnellement pas ce mois-ci pour un motif que nos lecteurs imagineront aisément.

Catherine VAN NYPELSEER

     
 

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