|
|
|
|
LETTRE DE LUCIENNE COX
Banc Public n° 79 , Avril 1999 , LUCIENNE COX
Il aurait à présent 100 ans. Il était né à la fin de l'autre siècle, dans une famille bourgeoise de réussite financière récente et sans grandes traditions culturelles. Lui s'était construit ses propres valeurs: il avait le goût profond de la recherche scientifique désintéressée, il avait foi dans la vérité, laissant parfois à l'arrière-plan les nuances et les complexités.
Il était courageux, passionné, ardent, parfois colérique - il savait aimer profondément: ses petits enfants, ses amis... il était amoureux de la nature.
Ses grands-parents, de simples paysans, avaient été les seuls de leur village (flamand) à refuser de s'incliner devant la procession religieuse.
Il avait hérité de cette fierté, de ce refus de plier le genou devant une autorité imposée arbitrairement ou de soumettre sa pensée à une vérité soi-disant révélée.
C'est ce qu'il fit à partir de novembre 1941 devant les Nazis, s'identifiant à l'Université: il refusa les compromis que pouvait entraîner la nomination d'un commissaire allemand et de professeurs nazis.
Je me souviens comment il se démena pour provoquer cette fermeture et décider les tièdes et les hésitants.
Après la fermeture de l'Université, il franchit les lignes ennemies en direction de l'Angleterre. Arrivé au Portugal, il demanda à rejoindre le gouvernement belge à Londres, mais celui-ci lui fit savoir qu'il n'avait que faire d'un astronome, soi-disant inutilisable en temps de guerre.
Mon père parvint néanmoins à Londres, où il fut immédiatement engagé comme "senior scientific officer" dans l'armée anglaise, promu à la recherche sur la navigation aérienne en temps de guerre à la R.A.F. C'est au cours d'un vol expérimental qu'il se cassa la jambe en sautant en parachute, par une nuit sans lune, d'un avion en détresse.
A son retour en Belgique, il fut élu recteur de l'ULB à l'unanimité.
Sa carrière scientifique fut importante et variée, pluridisciplinaire. Son rôle humain le fut tout autant.
C'est avec tristesse que je me suis aperçue qu'on ne se souvenait pas beaucoup de lui lors des cérémonies anniversaires de la libération.
A quoi cela était-il dû ? Etait-ce au fait que l'évocation des épisodes courageux de son histoire pouvait révéler les manquements de certains?
Ou simplement était-ce une conséquence lointaine et inévitable de ce qu'il s'occupa plus de réaliser ses idéaux que d'attirer l'attention sur sa personne
LUCIENNE COX |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Biblio, sources...
Untitled document
|
|
|
|
|
|