Masques, lettres et petits ecrets

Banc Public n° 78 , Mars 1999 , Catherine VAN NYPELSEER



Banc Public remercie le personnel de la société des transports intercommunaux bruxellois qui véhicule depuis de nombreuses années déjà son rédacteur en chef, la plupart de ses journalistes et collaborateurs “extérieurs”, et beaucoup de ses lecteurs même wallons en toute sécurité et avec une qualité (confort, fréquences, temps de trajet) en constante augmentation depuis bientôt huit ans qu’il existe.

Il félicite également son ministre de tutelle à la Région de Bruxelles-capitale, M. Hervé Hasquin, qui a réussi à obtenir l’union du personnel et de la direction de cette société semi-publique pour mener une action qui a ravi la clientèle ainsi que les provinciaux et les rapiats qui n’avaient jamais pris le tram à Bruxelles (si, il en existe!).

Comment passer au sujet suivant sans citer M. Jean-Louis Thys dit JLT ou Jef le Tram, actuellement bourgmestre de la commune de Jette mais ancien ministre PSC de la Région bruxelloise qui avait la STIB dans ses compétences, et qui s’est fait jeter comme un malpropre par Gérard Deprez afin d’équilibrer l’éviction bien méritée de Demaret dit Demaret (avec t et pas D)(l’ex bourgmestre ff de la commune de Bruxelles-ville) qui avait entrepris de faire arracher les Bancs Publics du centre de la ville sous prétexte que les petits vieux et les clochards qui s’y reposaient parfois nuisaient au commerce !

Parce que si vous passez par la commune de Jette en tram, bus, prémétro, métro, train, à pied, à cheval ou en voiture, ou encore en fauteuil roulant ou dans votre voiture d'enfant, vous verrez ce qu’il y a moyen de faire à Bruxelles en matière de qualité d’aménagement de l’espace public.
Erasme

Si vous souhaitez plutôt voir un contre-exemple, pourquoi ne pas prendre une fois le Ring pour aller faire soigner vos cors aux pieds à l’hopital universitaire Erasme ? A condition que vous soyez valide et en pleine possession de vos moyens matériels et intellectuels, vous verrez comment les aménagements anarchiques qui entourent cet établissement mettent en danger votre santé physique (si vous êtes piéton), votre vie (si vous avez entrepris de déposer un piéton pas trop loin de l’entrée à l’heure où il ne fait plus nuit ni tout à fait jour), vos pneus (si vous êtes un taxi pressé), votre santé mentale (si vous êtes un brave petit vieux venu pour la première fois en voiture qui se perd dans les sens uniques et les poternes rentrantes pour bus mal réparées), ou encore votre sacrée bagnole si vous avez l’outrecuidance de vouloir la garer sans payer. Heureusement, en cas de malheur, le personnel est parfois gentil et souvent compétent.
Par contre, le directeur qui Centrale), s’il en reste encore des vivants ayant survécu aux blocages du Ring pendant les travaux et/ou les soldes du Cora dans leur ambulance, à moins que tout ceci n’accélère l’achat d’hélicoptères par les organes chargés de l’aide médicale urgente ?

Fonctionnaires ?

Comme vous le voyez, Banc Public participe au grand complot contre les Libéraux à Bruxelles, Deprez s’étant chargé du “suicide” du PSC dans la région. Nous sommes soutenus par le Cercle des étudiants Libéraux de l’Université libre de Bruxelles, puisque son “organe” intitulé L’étudiant Libéral (dont nous reproduisons le beau titre ci-contre) milite pour dissuader tous les fonctionnaires de la Région et des 19 communes bruxelloises de voter pour M. Hasquin: en effet, en page 4 de son numéro de janvier 1999 (distribué gratuitement à la ...banque CGER sur le campus), deuxième colonne, “Un peu d’humour...” , il propose:

Que fait ton Papa ?
Il est fonctionnaire.

Et ta maman ?
Rien non plus.

(sic avec les majuscules respectées NDLR). Convenez qu’il fallait l’oser courageusement et participer ainsi au combat tutélaire en faveur de la liberté d’expression. Juste à côté (colonnes 3 et 4) on a la liste des “membres d’honneur du cercle” qui comprend notamment “Alain Zenner”, ainsi que le Baron André JAUMOTTE que l’on a connu mieux inspiré 3.

ULB

Mais trève de plaisanteries: une petite histoire “facultaire” de la même ULB pourrait nous aider à comprendre ce qui se passe dans les cerveaux bruxellois (PS et PRL). Elle a déjà été publiée par Les Novelles, journal étudiant de la Faculté de Droit de l’ULB dans son numéro de février 1999 (p.12):

« Récemment, il a été découvert, après le désamiantage des couloirs du bâtiment H, un miroir magique donnant accès à une autre dimension. Ses vertus sont merveilleuses: il a le pouvoir de désintégrer celui qui, devant lui, ose proférer un mensonge.
Un beau jour, notre toujours présent doyen, M. Dieux 4, se présente devant le miroir et, soignant sa cravate, dit:
“Je pense que je suis un homme modeste”
BRRRRROOOUUUMMMFFF!!!!
Et M. Dieux de se désintégrer instantanément.
Quelques matins plus tard, c’est au tour de notre philosophe adoré, M. Haarscher, de se contempler dans le miroir pervers; ajustant ses lunettes, il prononça ces mots:
“Je pense que je suis un intellectuel” BRRRRROOOUUUMMMFFF!!!!
Et Haarscher de finir définitivement de tergiverser.
Ensuite, vient le jour où c’est au tour de notre publiciste adulé, M. Uyttendaele, de comparaître devant le miroir fatal:
“Je pense que je suis un homme vertueux”
BRRRRROOOUUUMMMFFF!!!! Et notre cher professeur de disparaître à jamais.
Et puis un soir, par hasard plus qu’autre chose, un étudiant (devinez lequèèèèeuuu...) vient à se frotter à l’objet maléfique:
“Je pense...”
BRRRRROOOUUUMMMFFF!!!! »

Cette histoire est assez géniale. La seule chose que les étudiants de Droit ont omis de faire remarquer, c’est qu’elle est transposable à d’autres facultés de l’ULB, où beaucoup d’(anciens) étudiants ont vécu la situation d’être considérés comme des imbéciles par les étudiants de l’année d’au-dessus, eux mêmes snobés par ceux de licence qui parfois s’étalent comme des paillassons devant le moindre assistant, ces derniers contraints (ou se croyant tels) de baiser les souliers du moindre Professeur qu’ils croisent, s’ils veulent que leur contrat soit renouvelé.

Les psychanalystes (exclus de l’ULB) appellent ce mécanisme “l’identification à l’agresseur”, dont un cas particulier (prise d’otages) est appelé “syndrome de Stockolm” par les sociologues: l’étudiant rédigeant le journal facultaire fait inconsciemment siennes les valeurs des dominants qui décideront de son avenir professionnel.
Femmes

Il faut toutefois faire remarquer que ce mécanisme bien rôdé présente des failles intéressantes. En particulier, les femmes y sont constitutionnellement moins sensibles. Elles y sont également sujettes depuis moins longtemps (au siècle passé il n’y en avait pas)(voir titre de l’Etudiant libéral reproduit page 6) et sont moins bien représentées (en nombre) au sein du corps professoral que les Messieurs, ce qui complique l’identification projective des étudiantes au modèle standard en veston cravate et petit doigt sur la couture du pantalon (particulièrement facile à observer en “meutes” 5 à la faculté polytechnique ou à l’école de commerce Solvay, par exemple).
Le libre examen, pour ceux qui ont compris ce que c’est, permet également de lutter contre ces tendances grégaires à vouloir être et penser “comme tout le monde” 6, ce qui constitue en sus un moyen efficace de lutter contre la tentation totalitaire.

Francs maçons et Calotins

Au contraire, la représentation massive du Grand Orient, loge maçonnique restée exclusivement masculine, dans les organes dirigeants de l’ULB joue un rôle négatif analogue à celui des structures de l’église catholique à l’UCL.
Pour ne citer que quelques exemples (que nous ne connaissons absolument pas personnellement, et il ne s’agit donc que de pures supputations) Guy Spitaels paraît un spécimen intéressant dont l’éducation et le parcours personnel empêchent de se représenter une femme qui ne soit pas une bobonne (souvenez-vous sur quel ton il répondait “Madame” lorsque par "erreur" -de la nature?- c’était une journaliste-femme qui l’interviewait à la télé). Ce n’est évidemment pas de sa faute et il ne le fait pas exprès, mais le fait d’avoir fait ses études dans le gratin des écoles catholiques non-mixtes à l’époque ne vous forme pas, et vous déforme, à croire que les Hommes pensent et agissent tandis que les femmes font les Enfants, la cuisine si elles n’ont pas de femme de ménage, et le reste de ce qui réjouit un homme si vous les payez suffisamment (sinon “elles” vous le feront payer très cher quand vous serez vieux ou envisagerez de divorcer).

Maintenant le “pauvre” Spit se défoule en engueulant les caissières du Nopri, ce qui est une triste fin pour cet homme politique, moins toutefois que celle que ses médecins prédisent à M. Jean-Louis Thys qui serait atteint d’un cancer.

Jacques Cox

Aurait toujours cent ans exactement ce mois-ci, et donc on va encore vous bassiner un peu à son sujet (puisque son Université n’y songe pas):

« Le rectorat de Jacques Cox reste l’un de ceux qui ont marqué dans l’histoire de l’Université: (...) il sut rapidement remettre en marche l’Université qui avait été fermée pendant trois ans.
De nombreux vides s’étaient faits dans les rangs du corps professoral; il fallut pourvoir au remplacement des collègues disparus mais, bientôt, l’Université prit un nouvel essor.
Le Recteur développa diverses créations telles que le Service social. Il fut aussi le promoteur d’enseignements postgradués et contribua pour une bonne part à la création d’un Centre de physique nucléaire.
Son activité tant à l’intérieur de l’Université qu’à l’extérieur, le souvenir du rôle éminent qu’il avait joué durant la guerre, ne firent qu’accroître le prestige de l’Université. Son extrême courtoisie et sa gentillesse lui valurent l’amitié et l’estime des instances gouvernementales et académiques et, en particulier, celle des recteurs des autres universités. (...)
Mais ce qui demeure le point le plus marquant du rectorat de Cox, ce fut l’intérêt constant qu’il porta aux étudiants. Il avait gardé vivace le souvenir de l’attitude si digne, si courageuse, du corps estudiantin au cours des événements de 1941.
Aussi s’efforça-t-il d’assurer la participation des étudiants à la direction de divers organismes (...) » 7

Nous nous permettons d’ajouter que Jacques Cox aurait sûrement encouragé vivement ceux qui à l’ULB et à l’UCL hébergent actuellement des Sans-papiers, ainsi que les membres des divers Collectifs comme le Collectif contre les expulsions par exemple qui pacifiquement à la violence “légale”, c’est-à-dire aux violations flagrantes des droits de l’homme et, accessoirement, de tous les traités internationaux -sauf peut-être Schengen?- dont se rend coupable notre pays sur son propre sol et dans ses avions, notamment.

Par ailleurs, Jacques Cox, qui avait étudié tout seul les trois dernières années du secondaire pour pouvoir présenter l’examen d’entrée en Polytechnique sans avoir le diplôme requis (son père voulait le voir reprendre ses affaires a.s.a.p.8, et certains membres de sa famille qui l’aimaient craignaient que trop étudier puisse “rendre fou”), avait donc échappé à toute une série de mécanismes de lavage de cerveau et de conditionnement tels qu’en ont connu et en connaissent encore maintenant beaucoup d’ex-petits garçons qui tiennent d’une main de fer certains des leviers de commandes essentiels de notre pays.

Conclusion

Bien sûr, Banc Public se veut “objectif” et reconnait volontiers qu’il y a également des dames de fer, ainsi que de pauvres femmes comme les mamans Turques qui ont perdu un ou plusieurs fils au cours de la lutte contre les Kurdes menée par les responsables au plus haut niveau de leur pays, et à qui leur simplicité et leur peu d’éducation permet de faire croire que les responsables de cette boucherie sont les “méchants” Kurdes qu’il suffirait d’éliminer tous jusqu’au dernier pour que tout rentre dans “l’ordre” et pour apaiser leur peine...

Un ordre Nouveau, en quelque sorte.

Désordre

Le (re)lecteur attentif se demande peut-être ce que venait faire la STIB dans cet "éditorial", et quel est le lien avec les autres sujets.
En fait, Jacques Cox qui habitait Bruxelles (mais était né à Anvers) se déplaçait très souvent en tram.
Quand il prenait sa voiture, c'était avec la plus grande prudence, particulièrement si sa fille puis ses petits enfants étaient à bord. A tel point que Cox eut deux accidents avec des cyclistes qui lui avaient foncé dedans par derrière, surpris par sa lenteur.

C'était un spectacle impressionnant que de le voir remonter l'avenue Louise ou Legrand suivi par un concert de klaxons furieux, avec un compteur qui indiquait 30 km/h environ !
Et tout humaniste qu'il fut et respectueux des Lois, il avait certaines priorités et des mouvements de colère impulsifs qui le firent un jour pousser violemment un motocycliste casqué en Vespa qui roulait sur le trottoir du Jardin du Roi alors qu'il s'y promenait avec l'une de ses petites filles 9.

Jacques Cox ne pratiquait pas la distinction entre "classes" qui s'imagine qu'intellectuels et ouvriers sont deux catégories imperméables (comme si un ouvrier ne pensait pas et un intellectuel -par exemple un professeur d'université- n'agissait pas), alors que les bons scientifiques savent que la plus belle théorie ne vaut rien si les faits qu'elle prétend représenter ne sont pas mesurés par une expérimentation soignée soumise à une critique répétée, dont le contrôle relève de la responsabilité du Chercheur et non de vagues exécutants.

C'est pourquoi chez ATRA où on ne l'avait pas oublié les ouvriers se jettaient sur sa vieille voiture pour l'entretenir alors que le patron expliquait à ses petits enfants ébahis que lorsque M. Cox venait au garage de son vivant, il soulevait son chapeau en s'adressant à l'ouvrier chargé de ce travail !

C'est cette faculté qui a permis aux Belges par exemple qui ont résisté pendant la guerre de s'entraider face à l'occupant: universitaires, cheminots des trains et des trams notamment (pour parler de ceux qui étaient restés au pays) unirent leurs efforts pour ridiculiser les Nazis et leurs collaborateurs ainsi que pour tenter d'assurer la (sur)vie de chacun dans les meilleures conditions possibles.
Et voilà sans doute pourquoi nous sommes tous ici, sur ce banc public, pour en débattre...


Catherine VAN NYPELSEER

     
 

Biblio, sources...

3) Voir Banc Public précédent n° 77 de février 1999.
4) Voir Banc Public n°70 de mai 1998, l’article concernant le “Test de Pâques” à la Faculté de Droit de l’ULB.
5) Sans allusion aucune au problème des chiens dangereux qui à trois ont dévoré vivante une petite fille confiée à son Père par nos autorités constituées pour qu’il exerce son “droit” de visite, il y a deux semaines (question pour laquelle les experts en comportement animal consultés ont parlé de “l’effet de meute”).
6) et comme le Professeur jusqu’au lendemain de l’examen... délai après lequel on a tout oublié puisqu’on n’a rien compris!
7) “Annuaire 1985” de l’Académie royale de Belgique -Extrait- Notice sur Jacques Cox par A.L. Jaumotte, Bruxelles, Palais des Académies, pp.16, 17.
8) As soon as possible, en anglais “aussi vite que possible”.
9) Au grand étonnement de cette dernière la moto poursuivit sa route sans chuter (mais sur la chaussée cette fois).

 
     

     
 
Influences

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LES BELGES,VUS PAR DIDIER PAVY
Edito, mai 1999
INFORMATISATION DES ELECTIONS:UN COUP D'ETAT VIRTUEL
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LETTRE DE LUCIENNE COX
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