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EFFICASSE
Banc Public n° 60 , Mai 1997 , Catherine VAN NYPELSEER
Difficile de terminer Banc Public en ce dimanche de Pentecôte sans parler de la victoire des rebelles zaïrois qui sont arrivés à Kinshassa. Le régime Mobutu semble s’être vraiment effondré comme un chateau de cartes. Evidemment, si l’on nomme des incompétents (famille, tribu, amis et autres pistonnés qui vous font des ronds de jambe) partout, on finit par en subir les conséquences. Mais c’est le peuple qui les subit le premier. Les “autorités”, elles vont se faire soigner dans des cliniques luxueuses en Suisse, etc.
Donc, de temps en temps, des choses qui nous paraissaient immuables changent. En mieux ou en pire, on ne le sait pas encore vraiment (mais manifestement en plus efficace ). N’avait-on pas vu une grande victoire de la démocratie et de l’identité nationale lorsqu’un certain Khomeini réussit (de France) à renverser le Shah d’Iran? La “démocratie”, parlons-en. Certains croient qu’il suffit de payer des taxes et d’aller voter en trainant les pieds tous les quatre ans (maximum! quelle corvée, n’est-ce-pas?) pour vivre en démocratie. En quelque sorte on achète ainsi les équipements collectifs dont on a besoin et la sécurité nécessaire pour pouvoir vaquer en paix à ses petites affaires. Mais manque de pot (de vin), ceux qui ne paient pas d’impôts votent aussi. On a glosé sur la dualisation de la société entre ceux que le complexe administrativo-industriel accepte d’employer parce qu’ils se coulent suffisamment dans le moule, et les autres: prépensionnés, pensionnés, jeunes, chômeurs, artistes, minimexés, femmes, enfants, grands-parents, clochards. Mais quelqu’un a-t-il déjà fait remarquer que de plus en plus d’exclus pour manque (supposé) de productivité ont du temps pour papoter, lire le journal, aller aux réunions des comités de quartier, suivre des dossiers? Comme parmi eux il y a un nombre croissant de personnes qui ont été employées par le système un certain laps de temps, et qui y ont appris l’une ou l’autre technique, les contre-pouvoirs pourraient devenir de plus en plus efficaces. Certains individus feraient bien de l’être un peu moins. On conseillerait bien à certains gendarmes et magistrats bien dressés de trainer un peu au lit en lisant une pile de bons romans policiers plutôt que d’aller se défouler à creuser des trous ou inventer des tueurs machiavéliques cherchant à les défier. Franchement, à qui viendrait l’idée de défier les forces de l’ordre dans notre pays? (non, ne me répondez pas finement qu’il s’agit justement d’un tueur fou ). La démocratie, c’est l’idée qu’il y a plus d’idées dans plusieurs têtes que dans une, et moins de folie aussi (ou plutôt les différentes folies se compensent un peu lorsque le système fonctionne bien). Si on veut améliorer notre démocratie, on ferait bien d’essayer de cesser de former des petits moutons qui exécuteront les ordres des “chefs” aussi idiots soient-ils, mais plutôt des personnes capables de penser par elles-mêmes, et surtout plus jamais des parlementaires presse-bouton qui votent comme le chef (de groupe) a dit sinon... (ce qui implique une réforme de notre système électoral). Soit dit en passant, les commissions parlementaires, pour pouvoir y siéger il faut faire partie d’un groupe ! Apparemment, en Belgique, c’est difficile d’avoir des opinions à titre personnel. Ceux qui s’y essayent se font peut-être écraser entre deux portes, et végètent tristement (dans l’administration par exemple, alors que c’est si facile de prendre une carte de parti et de solliciter à des postes pour lesquels on n’a aucune compétence). Il n’y a aucune honte à avoir: tout le monde fait comme ça.
Catherine VAN NYPELSEER |
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Biblio, sources...
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