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LA RELIGION DE L’ISLAM

Banc Public n° 219 , Mai 2013 , Kerim Maamer



Les enjeux nouveaux de géostratégie mondiale et la montée en puissance des dynasties pétrolières ont donné à la religion musulmane un poids et une ambition … une présence et une lecture nouvelles, qui pourraient heurter les valeurs et le mode de vie des hommes au quotidien. Les directives  prétendues « musulmanes » sont médiatisées à l’extrême. Et la société belge n’y échappe pas.

L’Islam a pris une place imposante dans les médias, les débats, la vie civile, les services publics... avec le risque de nourrir des préjugés inquiétants, dont les citoyens musulmans sont les premières victimes. Pourtant, il serait difficile de croire qu’un système millénaire de philosophie religieuse puisse aller à l’encontre du mode actuel de vie civile d’un pays accueillant!  La religion de l’Islam est probablement très incomprise, des musulmans eux-mêmes, ou interprétée par des codes inadéquats.

L’assimilation passe  par une compréhension des valeurs, dans le but de protéger le « vivre ensemble », prévenir les excès et s’accorder sur un pacte civique. Ces éléments de réflexion sur l’Islam pourraient aider à  comprendre et mieux prévenir les excès.

CONTEXTE GEOGRAPHIQUE

 

La religion musulmane est née au VIIè siècle à La Mecque, dans une péninsule désertique du Proche- Orient, entre les continents de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe. Ce contexte géographique étonnant aura une influence considérable. Ce grand désert inhospitalier, faiblement peuplé, habité par des bédouins qui pratiquent l’échange et le commerce, est situé entre des civilisations à traditions monothéiste, bouddhiste et animiste.

 

LA PIERRE NOIRE DE LA MECQUE

 

La Mecque préislamique est un centre religieux, comptant 360 divinités. Elle n’est pas une ville mais un lieu de pèlerinage et d’échanges  d’une multitude de peuplades qui viennent et reviennent!  Elle est un des principaux centres commerciaux d’Arabie, dominé par la tribu de Quoraich. L’influence des marchands y est grande, notamment celle de Khadija, riche épouse du prophète qui lui assure place et protection dans l’aristocratie mecquoise. Les habitants de l’Arabie pratiquent une économie de l’échange et du commerce... Cette fonction de liaison est essentielle entre les mondes de l’Orient et de l’Occident et de l’Inde. Elle durera jusqu’à la découverte du cap de Bonne Espérance.

 

Au centre du pèlerinage de La Mecque,  le monument de la Kaaba ou Temple d’Abraham, autour duquel tournent les musulmans sept fois de suite. Le monument est  attribué à Abraham qui se soumit à Dieu pour avoir sauvé son fils Ismael... A l’époque pré-islamique, il renfermait des idoles païennes. La construction d’aujourd’hui est en bloc, dépourvue de tout artifice, recouverte d’un velours noir,  brodé d’une calligraphie en fil d’or pour symboliser la simplicité et la non-représentation de la croyance. Dans un coin de l’édifice, la « Pierre noire » de La Mecque. Elle est l’objet de fascination pour les pèlerins qui tentent de la toucher à chacun de leurs passages. Cette Pierre noire dont on ignorait les mesures originelles, était déjà vénérée dans l’Arabie pré-islamique. Avec l’avènement de l’Islam , Mahomet fit retirer toutes les idoles (632 ap. J.-C.), à l’exception de la « Pierre noire » de La Mecque. La fascination» est d’ordre quasi-divin.

 

La « Pierre noire »  de La Mecque serait fragment de « paradis » arrivé avec l’ange Gabriel, au temps d’Adam . D’un composite original, d’origine extraterrestre ou météoritique, la « Pierre noire » de La Mecque émettrait continuellement une énergie, des ondes  ou radiations ,  aurait une odeur, des effets magiques, un pouvoir de purification, une force régénératrice ... Les hommes viennent de loin pour essayer de la toucher, la sentir, l’embrasser.

Elle détiendrait des pouvoirs de Dieu ! La « Pierre noire » fut donc objet de convoitise. En 930, elle est volée. Après 23 ans, elle sera restituée par les Quarmates contre une forte rançon, brisée en plusieurs morceaux. A l’époque des croisades, malgré les guerres contre les musulmans pour protéger les lieux saints, les récits de l’Islam sont mêlés aux traditions chrétiennes

La « Pierre noire » pourrait être la quête du Graal des chevaliers de la Table ronde. Ils sont envoyés en Palestine par le Roi Arthur en quête de cet objet qui a des pouvoirs de Dieu et qui pourrait ramener la paix. Ce n’est que de la littérature féodale qui aurait pu être inspirée de La Mecque... Une autre histoire plus ou moins vraisemblable, celle d’un espion anglais envoyé en mission à La Mecque, pour voler un échantillon de la « Pierre noire ». D’autres analyses tentent de s’appuyer de pseudo-science pour prouver des propriétés exceptionnelles. Actuellement, les morceaux cassés sont encastrés dans un cadre.

 

EXPANSION ISLAMIQUE

 

Une poignée de caravaniers contribuant à l’unité de l’Arabie, portera  un message universel de soumission au Dieu unique. La religion de l’Islam soufflera comme un vent sur de vastes espaces et s’imposera en peu de temps, sur les lieux de vieilles civilisations … Depuis l’Arabie, l’Islam s’étend vers le Nord jusqu’en Europe orientale, de la Méditerranée occidentale jusqu’en Afrique de l’Ouest. Il étend encore son influence vers l’Asie, malgré les monts, de l’Iran à l’Afghanistan, du Pakistan à l’Indonésie... Une fulgurante conquête se propage sur la Méditerranée chrétienne, l’Orient monothéiste, l’Afrique animiste et l’Asie bouddhiste. Une nouvelle forme de puissance s’est mise en marche sur les ruines de l’Empire romain. Et ce n’est pas seulement avec la force militaire qu’elle s’impose, mais avec une étonnante puissance spirituelle qu’elle progresse. Tout comme les brigands de Rome avaient constitué le vaste Empire romain, quelques caravaniers mecquois allaient s’imposer sur les religions anciennes et islamiser le monde ! Comment cet expansionnisme s’est-il imposé sur les religions du judaïsme, du christianisme, du bouddhisme  et de l‘animisme? Comment  s’est inscrite la conquête des esprits ?

 

RÉVOLUTION STRATÈGE

 

Mahomet ne prétend pas apporter une religion nouvelle… Il s’inscrit dans la tradition et la continuité religieuse. Faisant cependant part d’esprit critique, la religion de l’Islam reformule les idéaux religieux dans une synthèse nouvelle. Elle rejette la personnification de Dieu du monothéisme chrétien, les attitudes du judaïsme de Médine et l’idolâtrie du bouddhisme, mais elle réintègre ces deux conceptions religieuses dans une philosophie réinventée. L’Islam s’inscrit donc dans la continuité du monothéisme et la reformulation du bouddhisme, légitimant son autorité spirituelle au nom d’une révélation qui était annoncée !

 

Les influences du judaïsme et du christianisme sont notoires. Le Coran évoque « Ahl el kitab », signifiant  « gens du Livre », ou plus exactement « parents du Livre ». L’Islam se justifie des prophètes et des livres saints. Les pratiques musulmanes sont fondamentalement puisées dans les livres anciens et les traditions sémitiques: calendrier lunaire, orientation de prière, méthode d’abattage, carême, circoncision, voile, interdits alimentaires, péché, licite-illicite… Le prophète Mahomet fut imprégné de christianisme par sa formation dans le commerce avec les Syriens et la forte influence de son épouse Khadija qui aurait été de culture chrétienne. Il est l’allié des Juifs dans son combat contre l’idolâtrie et le paganisme. Il adopte le patrimoine religieux monothéiste qu’il intègre dans une langue arabe officialisée. Les sources religieuses sont récupérées, codifiées, actualisées à une lecture progressiste, parce que l’Islam fut progressiste, et ceci le mènera au conflit puis à la rupture avec les juifs de Médine qui accusent Mahomet de modifier le sens des textes bibliques.

 

L’INFLUENCE BOUDDHISTE

 

Les influences du bouddhisme sont moins connues mais néanmoins détectables ! Celles de l’animisme méritent encore des lectures…

L’Islam s’est fortement opposé à « l’idolâtrie ». Il a détruit le patrimoine bouddhiste de la période pré-islamique, mais il ne s’est pas complètement défait de la pensée bouddhiste ! En Islam, le prophète est présenté comme un modèle d’homme admirable, qu’il faudrait imiter pour parvenir à «l’Islam», soit «l’état de paix », par un ensemble de comportements et pratiques : prière, hygiène, méditation, alimentation … Cette lecture serait quasi bouddhiste ! Bouddha est le prince qui s’est éveillé pour rejoindre le monde des hommes, vivre avec eux, accéder à la sagesse et atteindre un état de bien-être : le « nirvana ». Cet état de bonheur, de satisfaction, de plénitude, de bienfaisance,  de paix … est courant dans la philosophie classique. Cependant, cette réflexion se retrouve déjà dans l’hindouisme, le bouddhisme et les écoles de philosophie grecques. Elle laisse encore des traces en religion Islamique.

 

La prosternation du musulman est une autre influence du bouddhisme. La prière cinq fois par jour est un des cinq piliers de l’Islam. Ce geste quotidien, d’une douce gymnastique, pourrait être inspiré de l’héritage bouddhiste. Les pratiquants reconnaissent les bienfaits de la prière et de son pouvoir d’apaisement, qui mêle le corps à l’esprit pour une harmonie physique et psychique. N’est-ce pas là un lointain cousin du yoga dont l’exercice et la méditation visent à mener à un état de… sérénité, de non-violence, de paix intérieure ! Les populations de pays de l’Islam asiatique pratiquent avec ferveur l’exercice physique de la prière musulmane. Cela pourrait s’expliquer par une vieille tradition intégrée à l’islam.

 

L’Islam ne s’est pas défait du mot « Bouddha »… En langue arabe, « Bouddha » signifie « adoration/soumission ». Le Coran dit à ses fidèles « la tâboudou» , dont la traduction textuelle est « ne bouddhez pas », c’est-à-dire « ne suivez pas bouddha », mais au sens de : « n’adorez pas» ou  « ne vous soumettez pas aux idoles ». Réduire la croyance du bouddhisme à  l’adoration des idoles est une façon de le préjuger et…  de le dénigrer. L’Islam y ajoute un sens intelligent de philosophie humaine : « n’adorez ni même le prophète », « qui n’est qu’un messager de Dieu » ! « Ne reproduisez ni son visage, ni ses traits ». « Seul compte le message de Dieu pour les hommes». « Ne rendez pas culte aux personnages ». « Dieu est partout présent ». « Priez Dieu cinq fois par jour, il exaucera vos voeux »…

 

La réflexion étant posée, je propose un prochain article sur le sens des mots, le sens des valeurs en Islam et dans le Coran.

Kerim Maamer

     
 

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