Les hedge funds sont des fonds d'investissement non cotés à vocation spéculative qui recherchent des rentabilités élevées et utilisent abondamment les produits dérivés, en particulier les options. Trois quarts d'entre eux sont américains ou britanniques.
Une directive adoptée le 11 novembre 2010 par le Parlement européen, va faciliter l'accès des hedge funds au marché européen et, pour Jean-Luc Mélenchon, il s'agit avant tout d'une directive à leur service. En effet, elle va permettre à leurs gestionnaires de "fournir des services et de commercialiser leurs fonds dans l'ensemble du marché intérieur".
Jusqu'ici, chaque État pouvait réglementer à sa guise l'activité des fonds spéculatifs sur son territoire. On aurait pu attendre, à entendre tant d'envolées lyriques sur la «moralisation du capitalisme», que la directive soit rédigée pour améliorer la règlementatio,n étant donné la responsabilité des hedge fund dans la crise financière et l'opacité de leur construction.
Mais, bizarrement, elle ne crée pas de cadre européen contraignant. Elle institue seulement, pour Jean-Luc Mélenchon un "passeport européen", une sorte de «permis de circuler sans entrave et sans conditions». Les fonds devront seulement s'enregistrer auprès d'un État membre de leur choix.
Une fois les démarches faites, ils pourront alors intervenir sur l'ensemble du territoire des 27 autres États membres. De leur côté, ces États ne seront "pas autorisés à imposer des exigences supplémentaires aux gestionnaires domiciliés dans un autre État membre".
Cela signifie que les fonds auront intérêt à se faire enregistrer dans le pays le plus laxiste dans l'application de la directive et bienveillant à leur égard pour ensuite exercer dans toute l'Europe. Concrètement, 80 % des «hedge funds» européens étant aujourd'hui domiciliés à Londres et seulement 5 % en France, cette directive leur ouvre les marchés financiers des 26 autres États membres qui ne les recevaient pas jusque là . Et ceux-ci viennent d'être complètement désarmés face à eux.
Pour Mélenchon, cette directive va aggraver l'emprise des fonds spéculatifs sur l'économie. Les socialistes européens ont voté pour. Seuls le groupe GUE (Gauche unitaire européenne) et les Verts ont voté contre.