Côté européen, l’objectif est d’ouvrir les marchés publics étasuniens à ses transnationales. En face, les Etats-Unis tentent, eux, de profiter du marasme conjoncturel européen, pour imposer leurs standards et faire table rase des régulations locales contre quelques ouvertures bien calculées. Le social-démocrate allemand Sigmar Gabriel, déclarait il y a peu : le TTIP c’est: «Achetez américain!» et « Privatisez européen!»
Rien sur les consommateurs, les travailleurs et l’environnement dans cette bataille transnationale ; les protections sont, pour Perez, systématiquement calées sur le plus bas niveau et les choix démocratiques, subordonnés à l’expertise des grandes entreprises et aux impératifs de la concurrence.
Le principe constitutionnel de précaution, que la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström affirmait défendre face aux négociateurs étasuniens, n’apparaît même sur aucun document officiel : c’est plutôt son interdiction qui est en gestation, puisque le TTIP prévoit d’imposer au candidat régulateur de prouver scientifiquement ses craintes avant de pouvoir légiférer.
«Protection» des investissements, tribunaux d’exception, OGM libéralisés, géants d’Internet tout-puissants... la Süddeutsche Zeitung, qui a pu consulter les documents en primeur, résume ses analyses de ce froid constat: «La réalité des négociations surpasse les pires pressentiments».
Les textes actuels donnent surtout un pouvoir d’ingérence interpellant aux grandes entreprises sous couvert de ce chantage à la croissance et à l’emploi. On peut entendre ces craintes, de ne pas être naïf sur la nécessité de mieux appréhender la mondialisation, et comprendre l’intérêt de ne pas arriver en ordre dispersé face à la toute-puissance asiatique, mais de là à ce que les grandes entreprises puissent s’opposer à des décisions qui nuisent trop ostensiblement à leurs intérêts, il y a un pas que nos politiques ne peuvent pas franchir sans en référer aux populations.
Le TTIP tourne le dos au débat démocratique par manque de transparence des discussions. Et donne l'’impression que l’intérêt particulier prime l’intérêt général.
Pour l’eurodéputé PS Marc Tarabella, le secteur agricole européen serait le grand perdant de cet échange et les Européens pourraient même subir des effets négatifs en cas d’accord et les Européens n’auraient pas grand-chose à y gagner.
Les gains financiers pour les USA seraient incroyablement plus grands que pour les Européens. Ainsi, l’abolition des droits de douane, rapporterait 5,5 milliards de dollars aux Etats-Unis, là où l’Union européenne ne gagnerait que 800 millions. Concernant la suppression des mesures non tarifaires, les USA gagneraient 10 milliards de dollars, l’Union européenne seulement 2 milliards.
L'ex-Premier ministre français et candidat à la primaire de la droite en vue de 2017, François Fillon, estime qu'il faut arrêter de discuter ; les Etats-Unis exerceraient sur l'Europe une tutelle économique et financière qui deviendrait insupportable.