Vingt ans après la privatisation de British Rail : hausse incontrôlée du prix des billets, trains supprimés et réduction du personnel conduisent près de deux Britanniques sur trois à souhaiter une renationalisation complète.
Selon des estimations du Labour, le prix des billets annuels a augmenté de 27% depuis 2010.
En dépit des prix exorbitants, force est de constater que la qualité du service laisse à désirer. Usagers et conducteurs constatent les mêmes dysfonctionnements : retards à répétition, suppressions de trains et réduction des effectifs en gare. Dans le sud du pays, la situation est particulièrement catastrophique. Entre avril 2015 et mars 2016, quatre trains sur cinq du réseau Southern Rail, qui permet à 300.000 personnes de se rendre à Londres chaque jour depuis Eastbourne, Brighton & Hove ou encore Crawley, étaient en retard.
S'ajoutent à cela, depuis plusieurs mois, les grèves quasi hebdomadaires de cheminots, qui en sont à leur 33e jour de mouvement. En cause, la volonté de l'opérateur de laisser la responsabilité de l'ouverture et de la fermeture des portes au seul conducteur, tâches jusque-là effectuées par un second agent, le chef de train.
Réduire les coûts pour faire toujours plus de profits, dénoncent en substance les syndicats du secteur. L'exaspération est telle outre-Manche que la question de la renationalisation des chemins de fer britanniques, fragmentés et cédés sous forme de franchises renouvelables au privé entre 1994 et 1997, gagne du terrain dans l'opinion publique. Un sondage récent évalue à 58% la proportion de Britanniques qui qualifient d'échec la privatisation du rail. En 2015, 58% des répondants à un sondage Yougov souhaitaient déjà la renationalisation complète des chemins de fer.
Actuellement, seuls la gestion et l'entretien des réseaux sont publics (depuis 2014), tandis que les horaires, les gares et les trains sont opérés par les différentes franchises, qui reçoivent en parallèle d'importantes subventions de l’État. L'argent gaspillé (en subventions) aujourd'hui pourrait être mieux utilisé et servir à améliorer le service et réduire le prix des billets dans le futur.
Sous la direction de son leader, Jeremy Corbyn, l’opposition travailliste appelle désormais à renationaliser les compagnies d’eau, d’électricité, de gaz et de trains. Une promesse qui trouve un écho dans la population : les trois-quarts des Britanniques y sont favorables.