Il n'est pas anormal que ces entreprises fassent entendre leur point de vue et discutent régulièrement avec les législateurs. Pour ces députés, l'asymétrie entre la puissance de ces pressions et l'absence de contre-expertise semble être un danger pour la démocratie. Le lobbying des uns devrait, pour eux, être contrebalancé par celui des autres. Mais en matière financière, ce n'est pas le cas. Ni les syndicats de salariés, ni les ONG n'ont développé d'expertise capable de rivaliser avec celle des banques. Il n'existe donc pas aujourd'hui de contre-pouvoir suffisant dans la société civile. Cette asymétrie s'inscrit, pour les députés, dans un contexte de forte proximité des élites politiques et financières. Si aux Etats-Unis, les liens entre Goldman Sachs et l'administration fédérale sont connus, remarquent les signataires de l'appel, elle n'est pas moindre en Europe. Elle contribue à renforcer la prise en compte des arguments de l'industrie financière de manière unilatérale et constitue un frein certain à la capacité du personnel politique de prendre des décisions en toute indépendance.
Cette absence de réponse politique adéquate à la crise du système financier peut nourrir toute forme de populisme, basé davantage sur l'émotion que sur la raison.
Les signataires appellent donc la société civile (ONG, syndicats, universitaires, cercles de réflexion…) à s'organiser pour créer une ou plusieurs organisations non gouvernementales capables de développer une contre-expertise sur les activités menées sur les marchés financiers par les principaux opérateurs (banques, compagnies d'assurances, hedge funds, etc.) et de faire connaître de manière efficace cette analyse aux médias. Même si des divergences sur les mesures à prendre pourraient advenir, alerter l'opinion sur ce risque pour la qualité de la démocratie est, pour les signataires, primordial.