Pour le LEAP (Laboratoire européen d'anticipation politique), le bruit fait autour de la Grèce par les médias, anglais et américains en particulier, constitue une tentative de cacher à la plupart des acteurs économiques, financiers et politiques le fait que le problème grec n'était pas le signe d'une prochaine crise de la zone euro, mais en fait un indice avancé du prochain grand choc de la crise systémique globale.
Depuis février 2006, le LEAP rappelle que "la crise actuelle trouve son origine dans le démantèlement de l'ordre mondial créé après 1945, dont les États-Unis ont été le pilier, secondé par le Royaume-Uni. Le «doigt grec» ne montre pas tant l'Eurozone que les dangers explosifs des besoins exponentiels de financement du Royaume-Uni et des États-Unis".
La récession sociale sans précédent imposée aux grecs par le FMI et l'Union européenne pour accorder ce prêt risque de provoquer «un véritable désastre social» dans les secteurs public comme privé: baisse de 15% des salaires, relèvement de l'âge de la retraite à 67 ans, baisse des pensions, abolition des conventions collectives, remise en cause de toute restriction légale aux licenciements dans le secteur privé, réductions de la dépense publique, des milliers d'emplois supprimés dans la fonction publique…
“FMI et UE nous volent un siècle d'acquis sociaux” exprimait récemment une banderole dans les manifestations. Pour Yannis Almpanis, un militant altermondialiste grec, il s'agit «du pire plan possible de la part du FMI. Bien des Grecs comparent les faits à ce qui s'est passé en Argentine entre 1998 et 2002. Il y a une vague de retraits bancaires. Les riches et la classe moyenne ont peur que les Allemands fassent sortir la Grèce de la zone euro. Du coup, ils essaient de préserver leurs euros en les transférant à Chypre ou en réalisant des investissements immobiliers à Londres ». Les banques et les assureurs, «les marchés», encouragés par l'impunité dont ils ont joui quand ils ont agressé la Grèce, et emballés par leur propre dynamique mortifère, font suffoquer le pays et engagent à présent leur ballet mortel en Espagne et au Portugal.
Les taux pour la dette grecque ont franchi les 11% à 10 ans et les 18% à 2 ans. Les banques et les assureurs vont donc pomper maintenant le jus de la déroute. Pendant ce temps le FMI de Strauss Kahn et «l'Europe qui protège» de la Commission européenÂne exigent des coupes salariales. Le Premier ministre grec, le Socialiste Papandréou, a été incapable de résister aux banques et aux prédateurs de «l'Europe qui protège», il a trouvé plus simple d'insulter son peuple et de le mettre au pain sec. Pour complaire aux Allemands, il a affirmé que l'argent public et européen n'avait pas été utilisé pour le développement du pays mais pour «acheter des maisons, des voitures et vivre dans le farniente» et que «l'heure de vérité est arrivée».Â
Pourtant, à Athènes, le ministre grec du travail a affirmé que le gouverneÂment refusait la demande de coupes salariales du FMI et de la Commission européenne.
Ces derniers auraient demandé au gouvernement de s'engager à supprimer les 13ème et 14ème mois qui existent dans les conventions collectives du privé, et du secteur public où le 14ème mois a déjà été supprimé par Papandréou, bien qu'il ne pèse rien.
Pour Jean-Luc Mélenchon, l'affaire grecque est une totale hypocrisie, ceux qui ont conduit à la crise actuelle sont les mêmes qui aujourd'hui prétendent vouloir sauver le pays. Les vrais coupables du chaos ne sont pas les Grecs, mais ceux qui mènent des politiques libérales. Ceux qui, depuis des années et à l'échelle du monde, multiplient les cadeaux fiscaux et les aides publiques aux plus riches. Résultat, les déficits grimpent, l'Etat s'endette et se retrouve pris à la gorge par une poignée de spéculateurs qui imposent des taux d'intérêt exorbitants. Il faut des remèdes de choc pour en sortir: un service public financier qui ait le monopole du crédit, et qui serait capable de mettre au pas les banquiers et les spéculateurs.
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