En attendant, nous espérons, cher lecteur, que, malgré les publicités de José Happart dans les médias pour le boeuf Wallon "certifié conforme à vos envies", vous n'en mangerez pas : nous tenons à garder nos supporters le plus longtemps possible en bon état physique et mental, et ne souhaitons pas à nos détracteurs la mort atroce qui a déjà détruit plusieurs dizaines d'êtres humains en Angleterre (maladie de la vache folle). Cette campagne sournoise fait penser à une pub pour une marque de cigarettes qui avait fait scandale jadis en montrant sur des panneaux de 20 mètres carrés un adolescent à mobylette qui ne fumait pas et à qui on demandait "il ne te manque pas quelque chose ?".
Peut-être devrions-nous redéfinir la relation que nous entretenons avec le règne animal? A côté des animaux de compagnie super-gâtés qui nous sont proches, nous laissons d'autres bêtes se faire exploiter à mort, le dernier avatar de cet absurde jeu d'apprentis-sorciers qu'est devenue l'agriculture industrielle étant qu'elles ne sont même plus bonnes à être mangées et qu'on les détruit (à grands frais) comme de vulgaires déchets toxiques, à cause d'une maladie qui n'est même pas dangereuse pour
l'homme (fièvre aphteuse).
Il est assez extraordinaire de constater la rapidité avec laquelle le progrès technique qui avait amélioré de façon spectaculaire l'agriculture et l'alimentation humaine s'est transformé en un outil nuisible conduisant à la fourniture de nourriture frelatée. L'erreur est peut-être de considérer les animaux producteurs et les humains consommateurs - les clients- comme des objets et non des personnes dignes de respect, le minimum étant de ne pas mettre leur vie en danger lorsque c'est évitable.
Si nous savons tous qu'un animal n'est pas une chose (contrairement à ce que prétendait notre Code civil édicté par Napoléon), certains se laissent embobiner par des systèmes de pensée imprégnés de hiérarchisation entre les êtres, tel ce lecteur de "La Libre Belgique" qui se vantait le mois passé dans son journal de ce que les animaux n'ont pas une "âme immortelle"comme les humains...
D'autres religions pourtant nous auraient empêché de commettre l'erreur (fatale peut-être à la vache) de nourrir celle-ci de cadavres de ses congénères réduits en farine: les personnes qui pratiquent la religion juive s'abstiennent notamment de "cuire l'agneau dans le lait de sa mère", ceci débouchant sur des préceptes qui intègrent peut-être des observations séculaires de gestion des troupeaux ?
Certains politiciens eux semblent ne rien apprendre de l'observation de leurs congénères: avec l'affaire du sang contaminé en France, on avait analysé de quelle manière un processus de production industrielle peut multiplier les risques pour la santé humaine, et combien la pression économique - là , il fallait "liquider les stocks", ici il faut "soutenir les agriculteurs"- peut fausser le jugement des décideurs.
D'autres situations que l'on ferait bien d'observer pour essayer d'éviter de les reproduire chez nous, c'est par exemple la guerre suite à la dislocation de l'ex-Yougoslavie. Le fait de larguer la périphérie bruxelloise à un moment où la Flandre comporte un parti fasciste puissant bénéficiant de pourcentages électoraux importants, ainsi que de se laisser imposer une division des Bruxellois en "Francophones" et "Flamands" comme si l'on était tous soit l'un, soit l'autre rappelle des mécanismes ayant conduit à de terribles violences dans d'autres pays. Il n'y a aucune raison de penser que cela ne puisse pas nous arriver un jour.
Tout n'est pas négatif cependant dans l'actualité politique belge puisqu'on en arrive à vouloir analyser comprendre et débattre du passé de la période 1940-1945 qui a profondément orienté la vie politique de notre pays. Les zones d'ombre et les sujets tabous favorisent surement ceux qui veulent dresser les uns contre les autres. la démarche amorcée nous paraît donc particulièrement utile et constructive.
Sur ce, nous vous souhaitons le meilleur mois de mai possible et remercions particulièrement les fidèles lecteurs qui nous suivent depuis dix ans et ceux qui nous font de temps à autres parvenir des commentaires ou des appréciations.
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