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Un peu d'histoire
Banc Public n° 205 , Décembre 2011 , Frank FURET
Dans l'Europe des années 1930, la Grèce a déjà été la victime des agences de notation. En 1930, le Trésor américain reprochait à ces agences de n'avoir pas vu venir les faillites en chaîne des banques et la crise boursière de l'automne 1929. Celles-ci entreprennent de ce fait d'élargir leur champ d'action des entreprises aux Etats. Moody's repère l'homme malade de l'Europe: la Grèce. A Athènes, le premier ministre Elefthérios Vénizélos, leader du centre gauche, redevenu premier ministre en 1928 dans une Grèce républicaine depuis 1923, mène une politique de réformes économiques fondée en particulier sur la réduction du nombre de fonctionnaires et l'augmentation des investissements publics. A l'opposition monarchiste qui l'accuse de ruiner l'Etat, il répond par la distinction entre la «bonne dette qui prépare l'avenir» et la mauvaise qui sert à payer des fonctionnaires, qu'il a su écarter.
Moody's dégrade la Grèce. Le résultat ne se fait pas attendre: les taux d'intérêt grimpent, les capitaux fuient, la Société des Nations refuse son concours. Le 25 avril 1931, Vénizélos impose un strict contrôle des changes. Il se résout à dévaluer et laisse la drachme suivre à l'automne 1931 la livre sterling dans sa chute par rapport au dollar. Le 1er mars 1932, la Grèce, dont la dette en dollars a explosé du fait de la dévaluation, fait défaut. Les victimes de ce défaut sont d'abord les banques françaises et italiennes. Puis la population grecque: gangrenée par l'inflation due à la dévaluation, l'économie fragile du pays part à vau-l'eau, les émeutes se multiplient, et Vénizélos perd les élections fin 1932.
La monarchie est restaurée en 1935 et, en 1936, le général Metaxas s'empare du pouvoir par un coup d'Etat débouchant sur une répression brutale des syndicats et de l'extrême gauche. Les dirigeants de Moody's, en 1936, expriment leur regret sur ce qui se passe et annoncent qu'ils arrêtent de noter les dettes publiques. Fitch suit en annonçant qu'elle cesse de noter… la dette allemande.
En 1940, quand Mussolini lance ultimatum sur ultimatum à Athènes, il réclame entre autres le remboursement des sommes annulées, avant d'attaquer la Grèce le 28 octobre.
Frank FURET |
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Biblio, sources...
"En 1931, Mood'y's dégradait déjà la Grèce et exprimait des regrets 5 ans plus tard", Jean-Marc Daniel, professeur à l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris, Le Monde, 5 avril 2011
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