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Couleurs de voiture

Banc Public n° 279 , Septembre 2019 , Catherine VAN NYPELSEER



Bloquée dans un embouteillage ou slalomant dans le dangereux flux du ring de Bruxelles, je réfléchis aux couleurs des voitures. Conductrice depuis 43 ans, j'ai eu le temps d'y penser ! Au départ, ma préoccupation était sécuritaire: j'avais lu que selon des statistiques, la couleur de la voiture influençait le risque d'accident.


 

Dans cette optique, les couleurs claires étaient préférables; elles le sont également en cas de panne lorsqu'il fait nuit, ou depuis la généralisation des climatiseurs, parce que les couleurs claires chauffent moins, l'énergie solaire étant renvoyée vers l'extérieur; enfin, le blanc est la couleur la moins chère, la seule disponible sans supplément de prix, confer la camionnette de Dutroux ou les voitures de location en Espagne...

Ce qui m'énerve, outre toutes ces voitures, camions et camionnettes qui empruntent simultanément en les compliquant et les obstruant mes itinéraires, c'est la mode du noir depuis 4-5 ans, pour les voitures de toute taille.

Dans le stress de la circulation, comme dans un western, j'analyse rapidement à qui j'ai affaire. Les voitures noires, ce sont dans mon esprit des 'corbillards', des 'cafards' ou des 'scarabées' - comme ceux qui s'agglutinent au crottin de cheval dans la forêt (et que j'essaie de ne pas piétiner).

Leurs conducteurs sont donc selon moi des dépressifs ou des suicidaires, animés d'un intense mimétisme social qui les fait choisir ou accepter la couleur préférée de la majorité.

Au commencement de cette mode, j'avais cru que ces gens étaient fiers de pouvoir posséder une voiture de la couleur des véhicules officiels, une couleur si difficile à garder propre quand on n'a pas un chauffeur pour la lustrer. Comme ça, on sait enfin quoi faire de son week-end, et de ses soirées !

Après mes lectures sur le réchauffement climatique et le risque d'effondrement de notre civilisation bureaucratico-industrielle, où certains auteurs prétendent que nous, les humains occidentaux, connaissons l'évolution dramatique prévue pour le climat depuis les premiers rapports du GIEC, et y réagissons consciemment ou inconsciemment, j'ai pensé que ces chauffeurs voulaient peut-être montrer qu'outre le gaspillage de carburant et de l'avenir de l'humanité qu'ils pouvaient s'offrir en roulant en voiture, ils en 'rajoutaient encore une couche' en appréciant cette couleur surchauffante pour pouvoir 'faire aller' le climatiseur et augmenter la consommation, une ostentation comparable au plaisir de s'exhiber dans une couleur jadis réservée aux gens importants ?

Chez nous, le noir est la couleur du deuil. Anticipent-ils un accident et le fait d'être inhumés dans leur voiture comme on enterrait un char ou des chevaux au décès de leur propriétaire? Touring avait suscité un tollé en proposant que les véhicules accidentés soient dégagés avec leurs occupants inclus pour rétablir la circulation plus vite, la désincarcération étant une opération délicate qui prend du temps...

Dépressifs (vu le risque supérieur de ne pas être aperçu quand il fait sombre, et donc de subir un accident), moutonniers (choisissant la couleur de la majorité pour ne pas se singulariser) et suicidaires (ils sont déjà en corbillard), ces conducteurs ne sont pas nerveux ou susceptibles. Un bon point (noir) !



 

Catherine VAN NYPELSEER

     
 

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