?> MANIFESTE DES UNIVERSALISTES
MANIFESTE DES UNIVERSALISTES

Banc Public n° 303 , Mars 2024 ,



Nous publions ci-dessous un extrait du manifeste qui nous parait important pour le fonctionnement du service public (voir les- universalistes.be).


 

Ouvrir le débat sur ces sujets est indispensable. Le pluralisme des idées est constitutif de la démocratie d’où l’importance tel que l’a souligné Hannah Arendt de créer les conditions d’une délibération féconde. Malheureusement cette volonté se heurte à des stratégies de blocage et des réflexes d’excommunication. En réaction à ceux qui développent une pensée qui ne relève pas de l’idéologie identitaire, des manoeuvres d’« effacement » (cancel culture) se mettent en place. Il est plus facile de tirer sur le messager, le diaboliser, le museler et l’exclure de l’arène publique que d’entendre son message qui interroge, voire de lui opposer des contre-arguments. L’arme fatale est devenue l’accusation notamment de racisme, d’islamophobie ou d’extrême droite. Ce rejet systématique sur ce qui établit le fondement de nos sociétés pluralistes abime notre démocratie ainsi que l’ensemble du corps social. Comment ne pas être sensible à la solitude et à l’isolement de ces lanceurs d’alerte qui choisissent courageusement de briser le silence, dépasser la peur et rompre avec une forme de conformisme ? A-t-on bien conscience du gouffre qui se creuse, jour après jour, entre différents groupes humains, entre les politiques eux-mêmes et entre le politique et une large partie de la population ?

 

CONSTATS (non exhaustifs)

 

Neutralité de l’État et égalité

 

● Sur le plan scolaire, cela se traduit par la contestation de certains enseignements, un recul de la mixité, le refus de participer à des cours d’éducation physique ou des activités parascolaires (refus qui ne concerne que certaines jeunes filles alors que les garçons issus des mêmes familles y échappent). Ces entorses, qui sont de nature à entraver la transmission des savoirs et des valeurs démocratiques par l’école, installent un climat de défiance, de suspicion et de confrontation.

● Ce renoncement qui conduit à remettre en cause la neutralité de l’autorité publique et à permettre à ses agents, quand rien ne le justifie, d’affirmer vis-à-vis des usagers une altérité religieuse, philosophique ou politique qui privilégie le singulier au détriment du pluriel, la conviction intime de l’agent par rapport à la neutralité nécessaire du service public.

● Le modèle belge de neutralité de l’État est menacé par des revendications de nature religieuse, identitaire et communautariste toujours plus fortes. La neutralité est considérée par certains comme un principe générant des discriminations visant particulièrement les minorités. Ainsi est mis en cause le modèle démocratique qui permet de faire société et de vivre ensemble. Ces revendications qui provoquent des inégalités territoriales, mettent en péril des principes fondamentaux de l’État de droit, notamment la séparation des Églises et de l’Etat, l’égalité entre les femmes et les hommes.

● Le système actuel de financement des cultes conduit chaque citoyen à financer des cultes dans lesquels il ne se reconnait pas forcément et dont certains violent le principe d’égalité entre les femmes et les hommes.

 

Liberté d’expression

 

● La liberté d’expression est une liberté fondamentale qui contribue à la pluralité, à la richesse et à la circulation des idées, dans les limites de la loi. Or, plusieurs y renoncent de plus en plus, du fait qu’ils s’exposent à des risques, voire des menaces. L’exercer ne devrait conduire ni à l’intimidation ni à l’insécurité. Par ailleurs, y renoncer constitue un appauvrissement de notre champ démocratique puisque la liberté d’expression est rattachée à la liberté de la presse, à la liberté de création et à la liberté académique.

 

  • Certains estiment que la liberté d’expression ne peut autoriser la critique des différentes religions et entendent sous une forme ou une autre rétablir le « délit de blasphème ».

  • Le débat public s’est sensiblement radicalisé sous l’effet des réseaux sociaux et des algorithmes, sans pour autant générer de réels progrès quant à la qualité des échanges. Sur la toile, le pire et le meilleur se côtoient dans un relativisme généralisé et souvent dans une grande impunité où la diffamation, les menaces et les messages de haine sont devenues monnaie courante.

 

Rapport à la raison, au savoir et à l’Histoire

 

  • Les sociétés démocratiques sont de plus en plus fragilisées par le relativisme culturel, le complotisme, le négationnisme, la propagande pilotée par des États autoritaires, des mouvements fondamentalistes, le refus de la science et du savoir. Pourtant nous devons à la raison et à la quête des connaissances, les progrès de notre civilisation et les avancées de nos droits et libertés. Sur les réseaux sociaux, des acteurs influents ciblent des individus pour les isoler et les affaiblir, fracturer la société, remettre en cause le savoir, les connaissances et répandre la haine.

  • Revisiter l’histoire de la colonisation à travers un travail de mémoire constitue un impératif. Cela questionne notre rapport au passé et peut ouvrir la voie à une forme d’éducation à la citoyenneté. La manière dont a été occultée cette histoire conduit des courants décoloniaux à revendiquer l’effacement de certains pans de notre passé, la mise à l’index ou la réécriture d’oeuvres littéraires ou d’oeuvres d’art, le bannissement de monuments de l’espace public. Cette démarche fausse l’Histoire plutôt qu’elle ne la raconte, ravive les tensions, nourrit le ressentiment et cultive les haines perpétuelles.

     
 

Biblio, sources...

 
     

     
   
   


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