$startRow_categb = $pageNum_categb * $maxRows_categb; ?> MALI : Le Nord mis au pas ?
MALI : Le Nord mis au pas ?

Banc Public n° 300 , Décembre 2023 ,



Le 31 octobre, la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali) a évacué son camp de Kidal, au nord, dans la zone séparatiste touarègue.


 

 

En effet, le gouvernement de Bamako a décidé de reprendre pied au nord en envoyant une colonne militaire. Craignant d’être prise entre les séparatistes et l’armée régulière, l’ONU a décidé de se retirer de la zone. De toute manière, les forces de l’ONU (15.000 militaires et policiers) doivent quitter le territoire malien pour le 31 décembre. Entretemps, le camp abandonné et la ville de Kidal avaient été repris par les séparatistes.

 

L’affaire n’a pas trainé puisque, après de brefs combats à une centaine de kilomètres de Kidal, la colonne, appuyée par des éléments de la milice russe Wagner et des hélicoptères russes et disposant de drones turcs, a fait son entrée le 14 novembre dans Kidal, ville-symbole des séparatistes de l’Azawap. Les séparatistes, par ailleurs désunis, se sont retirés dans le désert, n’étant pas en mesure de faire face à la puissance de feu de leurs adversaires qui avaient reçu l’appui du Burkina et du Niger, ce qui confirme l’alliance militaire entre les gouvernements issus de coups d’état. Une partie des habitants a également fui vers les camps proches de la frontière algérienne.

 

Contrairement à ce que nous écrivions dans notre livraison de novembre, il n’y a donc pas eu de confrontation importante entre les séparatistes et l’armée malienne.

Cette victoire rapide contre les séparatistes prouve qu’une armée africaine peut marquer des points sans nécessairement disposer de tous les moyens technologiques et logistiques d’une armée européenne. Victoire à relativiser néanmoins puisque les séparatistes comptent tout au plus deux à trois mille combattants. Evidemment, les dirigeants maliens ne se priveront pas de comparer cette action avec celle de l’armée française à ceci près que cette dernière avait pour mission de lutter contre les djihadistes et non contre les séparatistes avec lesquels elle entretenait d’ailleurs des rapports de collaboration pour le contrôle du territoire et le partage d’ informations, ce qui n’était guère du gout du pouvoir malien.  Il apparait également que la réussite de l’offensive est due surtout à la milice Wagner (plusieurs centaines de combattants) qui structurait les éléments de l’armée malienne.

 

Cela étant, cette victoire n’a été possible qu’avec la « neutralité » des djihadistes qui ne voyaient pas d’un mauvais œil la mise au pas de leur concurrent direct sur le territoire du nord du Mali. N’oublions pas que Tombouctou sur le fleuve Niger (au centre) est encerclée et que les djihadistes font la loi dans le nord-ouest du pays.

 

On verra maintenant si le gouvernement en place à Bamako est capable de préserver sa victoire contre les séparatistes, qui passe nécessairement par un dialogue devant aboutir à une certaine autonomie du nord. Pari difficile puisque les accords d’Alger, signés par le gouvernement malien et les séparatistes, visant un processus de réconciliation, sont maintenant dénoncés de facto. A défaut d’un nouvel accord, les opérations de guérilla risquent de reprendre et d’épuiser une armée malienne qui ne sera guère capable de contrôler un territoire plus grand que la France. En effet, la prise de la seule ville de Kidal, à 1.500 km de Bamako, n’est surement pas suffisante pour mettre au pas les séparatistes. On verra si l’armée malienne et la milice Wagner seront capables de sortir et de sécuriser la zone aux alentours, ce qui semble assez problématique.

 

Le bilan politique est cependant favorable pour le gouvernement malien qui a misé sur les Russes et qui a donc gagné son pari, du moins provisoirement.

 

On verra aussi si les autorités de Bamako seront capables de remporter le même succès contre les groupes djihadistes qui étaient aux portes de Bamako en 2012. 

     
 

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