Le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, a fourni mardi des explications sur cette situation. Il met en avant plusieurs facteurs contribuant à cette dépréciation. D'abord, il pointe du doigt un contexte où le prix du dollar est élevé, conjugué à une augmentation de l'inflation nationale. Le relèvement du taux directeur de la banque centrale à 25% fait partie des mesures nationales entreprises pour contrôler les liquidités.
Le fait que le prix du dollar est élevé (en fait, il s’est apprécié de quelques pourcents au cours de l’année) n’explique en rien la chute abyssale du franc, d’autant que d’autres devises, y compris de pays émergents, n’ont pas souffert. Par contre, l’argument sur le taux d’inflation est pertinent mais renvoie à la gestion du pays.
Le ministre évoque également des éléments externes. Il souligne qu'au pic de la pandémie de COVID-19, une quantité significative de liquidités en dollars a été injectée dans l'économie mondiale, entrainant une augmentation des taux d'intérêt dans les pays développés. Cette hausse a suscité une forte demande de dollars à l'étranger, impactant les pays en développement comme la RDC.
Ce deuxième argument n’est guère sérieux puisque les taux en dollars sont restés très maitrisés et les taux en euros sont restés très faibles, proches de zéro au cours des deux dernières années avant une remontée limitée en 2023 (4,5%. et 4,75% en novembre).
Nicolas Kazadi insiste sur l'extraversion économique de la RDC, soulignant que cette dépendance accrue au dollar américain expose davantage le pays aux fluctuations du marché international. Il préconise une production et une réflexion en francs congolais pour limiter la dépendance au marché des changes.
Que les prix des matières premières soient en dollars avantage à première vue un pays qui en est exportateur. Par ailleurs, les fluctuations de certaines matières, à la hausse comme à la baisse, n’explique pas pourquoi le franc congolais a chuté dans ces proportions.
En fait, tous ces arguments ne sont pas sérieux et montrent une fois de plus l’incapacité des gestionnaires d’un pays qui pourrait être riche et équilibré mais qui galvaude tout son potentiel depuis des années. Les ministres congolais sont passés maitres dans l’art du déni alors qu’ils ont les premiers responsables de l’état délabré du pays.
La dollarisation de l’économie congolaise n’est pas nouvelle et entraine bien entendu une perte de souveraineté et la chute de la monnaie nationale qui est chassée par la monnaie forte. Par ailleurs, la volonté de percevoir l’impôt dans la devise nationale n’a aucun sens quand celle-ci se déprécie à toute vitesse.
Pour rétablir une monnaie nationale crédible, il faut d’abord rééquilibrer les finances publiques, développer des instruments d’investissement et de crédit solides et se donner les moyens de percevoir l’impôt. Bref, il faut restaurer la confiance. Pas sûr que le pari puisse être gagné avec une classe politique peu compétente et très velléitaire!
